LE LOUP DE WALL STREET : DiCaprio sort les crocs

LE LOUP DE WALL STREET - afficheCinquième collaboration entre Martin Scorsese et son acteur fétiche des années 2000 Leonardo DiCaprio, LE LOUP DE WALL DE STREET est un projet totalement né sous l’impulsion du comédien, qui prend également ici la casquette de co-producteur. Leonardo DiCaprio a en effet déposé sur le bureau du réalisateur le roman écrit par Jordan Belfort, le personnage principal du film, à sa sortie de prison en 2005.

Au milieu des années 80, Jordan Belfort est un jeune courtier américain qui rêve, au début de sa carrière professionnelle, d’accéder aux hautes sphères de Wall Street. Après un premier poste dans une grande société de courtage financier qui tourne au vinaigre, il redémarre de zéro. Son ascension est ensuite fulgurante, car Jordan Belfort en veut toujours plus, et tel un loup au milieu de la meute, il est vorace. Avec son associé et ami Donnie Azoff, il crée alors sa propre société. Tandis que l’argent coule à flots, Belfort et Azoff se laissent aussi très vite tenter par des opérations de blanchiment d’argent. Dollars, drogues à gogo et filles sublimes, la vie de Jordan Belfort semble idyllique et le jeune loup se sent intouchable.

Biopic fulgurant dopé à toutes les drogues possibles et imaginables que le personnage de Jordan Belfort s’envoie dans le nez à longueur de temps, LE LOUP DE WALL STREET est un film fleuve de trois heures, ambitieux, gargantuesque, qui dévore petit à petit ses propres personnages. Le long-métrage aurait d’ailleurs très bien pu s’intituler The Rise and Fall of Jordan Belfort.
Récit finalement assez classique de l’ascension professionnelle d’un doux dingue jamais rassasié, prêt à tout pour accumuler toujours plus d’argent, et son inévitable descente aux enfers lorsqu’il atteint le point de non retour, LE LOUP DE WALL STREET se distingue de tous les autres films qui nous ont déjà raconté la même histoire par la virtuosité de sa mise en scène.

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Ce n’est pas aux vieux loups que l’on apprend à montrer les crocs, et ce n’est pas à Martin Scorsese que l’on va apprendre l’art de donner du rythme à des séquences pourtant longues. LE LOUP DE WALL STREET multiplie en effet les scènes étirées, denses, et pourtant tout cela se déroule sous nos yeux dans une frénésie délirante ! On n’avait peut-être pas vu des scènes de défonce aussi réussies depuis TRAINSPOTTING ; quant aux orgies interminables où les filles nues sont à chaque fois plus nombreuses, elles osent tout, et restituent la boulimie incontrôlée de Jordan Belfort, tant dans sa consommation de substances et que dans son appétit pour le sexe.

Et au centre de ce capharnaüm financier et orgiaque, il y a Leonardo DiCaprio. On ne va pas redire à quel point l’acteur est exceptionnel, comme on l’a déjà dit film après film, et à quel point il parvient à nous surprendre et nous étonner chaque fois un peu plus. Ici, il interprète un Jordan Belfort dans toute sa démesure, son arrogance, sa folie. Il faut dire que DiCaprio, il y a déjà de nombreuses années maintenant, nous avait montré sa capacité à jouer un toxicomane avec un réalisme glaçant dans le culte BASKETBALL DIARIES sorti en 1995 (il avait alors tout juste 21 ans).
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Cependant le loup ne se déplace jamais vraiment sans sa meute, et ici DiCaprio n’est pas seul à livrer une performance exemplaire et follement passionnante. LE LOUP DE WALL STREET donne en effet de l’espace à des seconds rôles épatants, à commencer par Jonah Hill qui incarne au mieux la définition du « Supporting Actor« , comme disent les américains dans les remises de prix. Omniprésent aux côtés du personnage de Jordan Belfort aussi bien dans la défonce, les partouzes, ou dans les expéditions européennes pour blanchir de l’argent, le personnage de Donnie Azoff fait voler en éclats les règles de la bienséance, et Jonah Hill (dans son meilleur rôle jusqu’à présent !) se montre tout bonnement génial dans cette posture de meilleur ami de Satan (à moins qu’il ne soit lui-même le diable, on hésite).

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Et puis il faut absolument s’arrêter un instant sur Matthew McConaughey qui, s’il n’est présent que dans deux scènes, signe d’ores et déjà une scène culte du film !
Vieux loup de la finance, il interprète Mark Hanna, trader superstar dans la société dans laquelle il exerce. Au cours d’un déjeuner, c’est lui qui enseigne les règles de la meute au jeune Jordan Belfort, fraîchement débarqué à Wall Street. McConaughey, très aminci, le brushing impeccable et archi laqué, impressionne autant qu’il fait flipper, et à travers le regard hagard de DiCaprio, qui hésite entre trouver ce type formidable ou s’enfuir en courant, c’est le spectateur lui-même qui s’interroge : est-ce que McConaughey est devenu fou, ou bien est-ce qu’il est simplement génial ?

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Si LE LOUP DE WALL STREET dresse avec maestria le portrait hallucinant et halluciné d’un courtier de Wall Street au cynisme sans fond, le long-métrage de Martin Scorsese dévoile tout de même quelques failles qui nous ont un peu gênés.
On regrette ainsi l’absence du monde réel autour des personnages, dans le sens où tout le récit reste totalement centré sur la seule dérive de Jordan Belfort. La narration ne prend jamais de hauteur ni de recul pour essayer de dessiner aussi la singularité de l’époque (la fin des années 80 et le début des années 90), notamment dans le monde financier. Seule l’arrivée de l’inspecteur du FBI (Kyle Chandler) au moment où s’amorce l’inexorable chute de Jordan Belfort, vient connecter cette histoire avec l’environnement extérieur.

Enfin, LE LOUP DE WALL STREET dans son ensemble, nous donne peut-être pour la première fois cette étrange impression que le duo Scorsese / DiCaprio tente de repousser ici encore un peu plus les limites pour prouver à ceux qui se risqueraient à en douter encore, que Leonardo DiCaprio est un acteur exceptionnel.
En effet, maintes fois nommé aux Oscars, le comédien n’a encore jamais tenu entre ses mains la statuette qu’il a pourtant méritée de nombreuses fois. On ne peut imaginer que cette position inconfortable et cette non officialisation hollywoodienne de son talent, ne le travaillent pas par moments. Et DiCaprio sait que s’il y a bien un réalisateur pour le porter au sommet, c’est Martin Scorsese. Alors sur ces trois heures gargantuesques offertes par LE LOUP DE WALL DE STREET, il arrive qu’à certains moments la performance d’acteur vire à la démonstration un peu forcée.

Il reste finalement une solution assez simple pour effacer nos quelques réserves sur le film : que l’Académie des Oscars se décide enfin à libérer Leonardo DiCaprio de ce purgatoire aberrant dans lequel il semble être condamné. La meute hollywoodienne finit toujours par reconnaître les siens, il n’y a pas de raison !

LE LOUP DE WALL STREET, sortie en France le 25 décembre 2013.

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Article rédigé par Elle.

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