Faut-il encore présenter Rocky Balboa ?! Devenu une figure mythique du cinéma, un personnage culte, le boxeur de Philadelphia imaginé par Sylvester Stallone, a traversé les décennies avec pas moins de six films, le dernier datant de 2006.
Mais cette année en 2016 et pour la première fois, Rocky Balboa quitte le centre du récit et laisse place à un film dit spin-off (= une histoire dérivée de l’univers de Rocky) avec CREED. Alors que la boxe est désormais très loin des préoccupations de Rocky, retiré des rings depuis longtemps, il voit débarqué un jour, dans son modeste restaurant italien de Philadelphia, un jeune garçon qui lui demande de l’entraîner. Rapidement, Rocky comprend qu’il s’agit d’un des fils d’Apollo Creed, ce boxeur champion du monde qui fut le meilleur ennemi de Rocky au début de sa carrière. Mort d’un arrêt cardiaque sur le ring en 1985, Apollo Creed n’a jamais connu ce fils né d’une liaison avec sa maîtresse.
Le jeune garçon, prénommé Adonis, a bien du mal à gérer et à assumer cet héritage paternel ; il propose alors à Rocky de l’aider à devenir un boxeur, mais sans que le public et les medias ne sachent qu’il est le fils du célèbre Apollo Creed.
Lorsque Sylvester Stallone écrit et réalise ROCKY BALBOA en 2006, il affirme que c’est vraiment la dernière fois qu’il incarne ce personnage si cher à son cœur au cinéma. Ainsi, le projet CREED n’est pas du tout son idée au départ. Pire, quand on vient lui présenter le scénario de ce spin-off, Sylvester Stallone n’est guère emballé. Mais le jeune réalisateur originaire de Californie Ryan Coogler manifeste alors tout son attachement au personnage de Rocky, et toute sa volonté sincère à mettre en scène ce nouveau film. C’est lui qui convainc Stallone.
Avec CREED, c’est la première fois que Sylvester Stallone ne signe pas le scénario d’un film avec Rocky Balboa, et c’est aussi la première fois qu’il ne mène aucun combat sur le ring. Et si Rocky n’est pas ici le personnage central de l’histoire, CREED réussit le vrai bel exploit de s’inscrire merveilleusement dans la continuité de la saga, avec beaucoup de respect, d’intelligence, et surtout de sensibilité.
Le réalisateur Ryan Coogler nous montre à chaque plan l’affection réelle qu’il porte à Sylvester Stallone et à son personnage culte, son quasi double fictionnel. Après son premier long-métrage FRUITVALE STATION sorti en 2013 et qui avait beaucoup marqué le public, Ryan Coogler confirme ici son sens de la mise en scène de rues, son goût pour les histoires fortes et chargées en émotion, et pour une Amérique des gens simples et modestes.
Il filme avec beaucoup de réalisme la ville de Philadelphia, saisissant toute la singularité de cette ville où s’entrechoque un Downtown moderne et dynamique avec des banlieues plutôt délaissées, où la population joue souvent la carte de la débrouille.
Mais surtout, CREED est une histoire d’héritage et de filiation : à la fois pour le personnage d’Adonis Creed qui doit dépasser l’image d’un père qu’il n’a pas connu, pour réussir à s’affirmer lui-même ; mais aussi pour Rocky Balboa (et Sylvester Stallone lui-même), pour qui le deuil de sa femme Adrienne et de ses amis proches comme Paulie (tous décédés), reste encore à faire.
Sur ces différents sujets, le film est passionnant, particulièrement bien écrit, très subtil, mais surtout très émouvant. Car au-delà de Rocky Balboa, il y a inévitablement la propre histoire de Sylvester Stallone qui n’a de cesse de faire écho et de s’entrecroiser avec celle du boxeur. Dans CREED, l’acteur accepte sans doute pour la toute première fois de se montrer vieillissant, très loin de l’image qu’il s’est obstiné à véhiculer récemment dans la série de films EXPENDABLES.
La mise en scène se révèle ici impeccable, ultra maîtrisée, en parfaite adéquation avec l’esprit de la saga Rocky. Surtout, Ryan Coogler nous offre de pures séquences de boxe, autant pendant les entraînements que pendant les combats du film, où il fait preuve d’une maestria de tous les instants !
On retrouve totalement l’esprit de tous les films ROCKY, qui ont été et restent incontestablement les meilleurs films de boxe. Même certains longs-métrages récents qui ont voulu mettre en scène ce sport (on pense par exemple à LA RAGE AU VENTRE avec Jake Gyllenhaal), n’ont jamais su égaler le réalisme, la fluidité et l’énergie des ROCKY. Là encore, c’est donc encore une histoire d’héritage cinématographique que Ryan Coogler assume avec classe et brio, et notamment dans le combat final de CREED qui vaut à lui seul d’aller voir le film sur grand écran pour vibrer et entrer en communion avec les personnages du film. Le final est exceptionnel !
Et puis il y a également la prestation sans failles du jeune Michael B. Jordan (découvert dans CHRONICLE en 2012), qui retrouve ici le réalisateur qui l’avait dirigé dans FRUITVALE STATION. Au-delà de sa transformation musculaire pour le rôle, l’acteur impose surtout une conviction indiscutable, et porte le film avec une énergie bouillonnante qui emporte tout sur son passage !
Lorsqu’il se retrouve sur le ring, Michael B. Jordan est comme possédé, et il retranscrit à ce moment avec une extrême justesse la détermination inébranlable et inhérente à tous les boxeurs.
Vrai grand film de boxe, CREED est surtout la plus belle descendance dont pouvait rêver la saga ROCKY. Non seulement le film assume son héritage, mais il lui rend aussi hommage, et nous rappelle à quel point la saga de ce boxeur parti de rien, est une légende absolue du cinéma !
Mais au-delà de ces considérations cinématographiques (certes importantes), CREED porte en lui beaucoup d’émotion car comme souvent, Sylvester Stallone y livre des bribes de sa propre existence, à travers ce personnage de Rocky Balboa qui compte tant dans sa vie. À l’orée de ses 70 ans, Sylvester Stallone nous offre ici une de ses prestations au cinéma les plus sensibles et sans doute les plus intimes, acceptant peut-être pour la première fois de fendre sa carapace.
NB : Sylvester Stallone a reçu le tout premier Golden Globe de sa carrière en tant que Meilleur Acteur dans un Second Rôle pour CREED, à l’occasion de la 73ème cérémonie des Golden Globes ! Résumé, photos & vidéo à retrouver dans notre article.
CREED, sortie en France le 13 janvier 2016.
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Article rédigé par Elle.
7 réponses sur « CREED : Apollo, je suis ton fils ! »
en lala il donne vraiment envie, et ce qui me plait le plus c’est que cela reste dans l’esprit Rocky 🙂
Bonjour AdamSch,
Tu ne seras pas déçu alors, car CREED respecte énormément l’esprit des films ROCKY, tant dans l’histoire que dans la mise en scène.
Bon film par avance ! 🙂
joli commentaire de film 🙂 j’attends sa sortie depuis longtemps, je vais au cinéma ce week end, je suis une grande fan des Rocky, et je pense que je ne serai pas déçue de cette suite !
Bonjour doudoute,
Merci beaucoup d’avoir lu notre article, nous sommes ravis qu’il te plaise et te donne envie d’aller voir le film !
On est aussi de grands fans de ROCKY qui est un personnage passionnant, et aussi touchant.
Bonne séance alors, on espère que le film te plaira ! 🙂
À bientôt sur Go with the Blog. 😉
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bonjour, je retransmet l avis de mon fiston qui a vu le film hier soir, il a adoré !!! du début à la fin pour ma part j’ai vu hier soir les saisons , émerveillée émue par ce film
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