Jake Gyllenhaal est-il en train de devenir l’acteur le plus passionnant à suivre actuellement à Hollywood ?! Ça se pourrait bien ! … Après des rôles intenses et sublimes dans les récents PRISONERS et NIGHT CALL, le comédien de 35 ans récidive avec DEMOLITION réalisé par Jean-Marc Vallée, qui avait signé DALLAS BUYERS CLUB en 2013.
Dans DEMOLITION, on fait la connaissance de Davis Mitchell, un banquier d’affaires qui a tout réussi dans sa vie, y compris son mariage. Mais sa vie bascule en quelques secondes quand sa femme meurt dans un accident de voiture juste à ses côtés. Sa belle -famille et ses amis sont effondrés, mais Davis lui, n’arrive pas à entrer dans cette phase de deuil. Incapable de vivre ni même d’exprimer le chagrin de cette perte tragique, Davis perd pied et commence alors à mettre sa vie en pièces, pour peut-être réussir à mieux la reconstruire …
Le scénario de DEMOLITION, écrit par Bryan Sipe, faisait partie en 2007 de la fameuse Black List d’Hollywood, qui recense annuellement les scénarios que les professionnels du cinéma aiment le plus parmi ceux qui circulent aux États-Unis, mais qui n’ont pas encore trouvé de producteurs.
Il aura donc fallu attendre presque dix ans pour voir arriver DEMOLITION sur nos écrans. Très différent en terme de mise en scène et de structure narrative des précédents films de Jean-Marc Vallée, DEMOLITION est particulièrement surprenant.
Sur un sujet délicat (le deuil de l’être aimé) et en même temps relativement classique au cinéma, DEMOLITION bâtit une narration très singulière, qui déroute un peu par moments, mais qui au fil du déroulé du film, montre toute sa grandeur et son intelligence.
Le personnage de Davis Mitchell qu’interprète Jake Gyllenhaal, fait partie de ces hommes à la vie soigneusement rangée, parfaitement établi dans la société, et au destin tout tracé. Un mariage parfait, une vie professionnelle brillante, une belle et grande maison … Mais lorsque cet homme aux costumes impeccables se retrouve seul, face à lui-même, il regarde alors différemment les détails du monde qui l’entoure.
Au-delà de son incapacité à ressentir son chagrin et à entamer son deuil, ce personnage cherche surtout à comprendre qui il est vraiment. Et c’est là que le récit de DEMOLITION métaphorise cette quête identitaire à travers cette soudaine obsession de son personnage principal, qui est de tout désosser, de tout démonter, de tout décortiquer … Et tout y passe ! Son ordinateur, son frigidaire, sa cuisine toute entière, les lumières aux murs de ses beaux-parents, … jusqu’à sa propre maison, et finalement toute son existence !
Le film emporte ainsi son spectateur dans cette déconstruction toute à la fois complétement dingue et assez jouissive à regarder ! Qui n’a jamais rêvé un jour de tout démolir à coups de pioches – ou mieux avec une pelleteuse -, pour se sentir ensuite plus léger, soulager du poids de la vie et des émotions parfois trop lourdes à porter ?
Très clairement, DEMOLITION est totalement porté par la prestation exceptionnelle et grandiose de Jake Gyllenhaal !! Sans lui, le film aurait été tout autre, et il était indispensable d’avoir un acteur capable d’offrir cette subtilité et cette intelligence dans son jeu pour donner à voir toutes les nuances émotionnelles de ce récit. Gyllenhaal impressionne une fois encore par sa grande justesse et sa capacité à transcender ces rôles de désaxés qu’il semble tant affectionner.
Il faut également mentionner la présence de Naomi Watts dans la deuxième moitié du film, solaire et étonnante elle aussi dans un rôle moins glamour qu’à l’accoutumée. DEMOLITION nous fait aussi découvrir pour la première fois dans un film le jeune Judah Lewis, véritable révélation, qui interprète le fils de Naomi Watts, bouleversant et touchant.
Jamais linéaire et refusant de céder à la facilité, DEMOLITION risque de dérouter quelques spectateurs. Singulier et certes un peu déstabilisant par moments, ce film propose en tout cas une approche de son sujet vraiment originale et pertinente, pour finir par nous bouleverser totalement.
DEMOLITION, sortie en France le 06 avril 2016.
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Article rédigé par Elle.
5 réponses sur « DEMOLITION : De vague à l’âme en lame de fond … »
Citer du Luna Parker en titre, fallait oser! En tous cas, ça donne très envie de voir le film!
Bonjour Girlie Cinéphile,
ça me fait très plaisir que quelqu’un relève cette citation, c’est cool ! 😉
Merci beaucoup d’avoir lu l’article, et je suis ravie qu’il t’ait donné envie de découvrir le film.
Merci encore, à bientôt sur Go with the Blog. 🙂
Je suis totalement d’accord avec cette analyse, et ai bien du mal à comprendre les critiques assassines. Je l’ai trouvé intelligent. Pour ma part j’ai retrouvé la patte du réalisateur, qu’il avait perdu dans Wild. Bref, une bonne surprise !
Bonjour Aurore,
Merci pour ton avis sur DEMOLITION, c’est chouette que tu aies vu le fil met que tu nous fasses partager ton ressenti ! 🙂
Je te rejoins sur ta remarque au sujet de la mise en scène de J.-M. Vallée, comme toi j’avais pas vraiment accroché à WILD.
C’est vrai qu’ici avec DEMOLITION, on retrouve son identité et sa capacité à prendre des risques, à oser des choses.
Merci encore pour ton avis. 🙂
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