BATTLE OF THE SEXES : Billie Jean is the one

À mi-chemin entre le biopic, le récit d’un fait sportif historique, la comédie, et aussi le film sociétal, BATTLE OF  THE SEXES raconte l’histoire vraie de la tenniswoman Billie Jean King, Numéro Une mondiale incontestée dans les années 70 et le début des années 80.
Mais à cette époque, le tennis féminin est très peu reconnu, peu médiatisé, les matches des tournois féminins ne sont quasiment pas retransmis à la télé, et les joueuses sont très mal rémunérées.

Billie Jean King veut absolument faire reconnaître la valeur du tennis féminin, et participe ainsi avec d’autres joueuses à la création de la Women’s Tennis Association. Mais en 1973, l’ancien tennisman Bobby Riggs, âgé d’une cinquante d’années, personnage fantasque, machiste et cynique, met au défi Billie Jean King de réussir à le battre sur un court de tennis. Le match est alors organisé à Houston ; il est retransmis à la télé dans de nombreux pays et prend alors une importance hautement symbolique. Les médias le surnomment d’ailleurs ‘La bataille des sexes’.

BATTLE OF THE SEXES est réalisé par le duo (et couple à la ville) Valerie Faris & Jonathan Dayton, qui se sont déjà fait remarquer avec leurs deux premiers longs-métrages, l’éblouissant LITTLE MISS SUNSHINE en 2006, et le touchant ELLE S’APPELLE RUBY en 2012.
Ils s’emparent donc ici d’une histoire vraie, qui fait involontairement écho avec certains faits et sujets d’actualité (tout le débat sur le harcèlement et l’égalité entre hommes et femmes). Évidemment, BATTLE OF THE SEXES est un film qui porte fièrement les couleurs du combat pour les droits des femmes, mais il le fait sans gravité, avec même plutôt une certaine légèreté.

BATTLE OF THE SEXES ne cherche pas la revendication ni le message social et/ou politique à tout prix. La première volonté affichée ici, c’est de raconter fidèlement cet épisode marquant de l’histoire du tennis féminin, et du tennis tout court. La reconstitution des années 70 est méticuleuse, soignée, et surtout, toute la mise en scène (le choix des caméras, du grain de l’image, des couleurs, de la lumière) participe à nous immerger dans ces seventies.

Dans les deux rôles principaux, Emma Stone tout d’abord se montre franchement parfaite dans son interprétation de Billie Jean King. L’actrice récemment oscarisée pour LA LA LAND, s’est transformée physiquement pour tenir ce rôle, et elle lui apporte une candeur, une force et une émotion indiscutables.
Mais face à elle, il y a Steve Carell dans le rôle de Bobby Riggs, et l’acteur éclabousse tout le monde sur son passage ! Il surclasse tout le casting dans son incarnation de ce type un brin cinglé, extraverti et grande gueule, que la décence ne semble jamais étouffer.

Steve Carell avait déjà tourné pour Valerie Faris & Jonathan Dayton dans LITTLE MISS SUNSHINE où il interprétait l’oncle dépressif. Ici dans BATTLE OF THE SEXES, il retrouve un rôle qui rappelle un peu par moments celui qu’il tenait dans FOXCATCHER (en moins grave et dramatique, quand même). On n’en finit plus de se demander pourquoi Steve Carell n’a pas déjà été couronné d’un paquet d’Oscars tant il est fabuleux dans des rôles complexes …

Autour d’eux, il faut aussi dire un mot des différents seconds rôles, car il y a là des actrices et des acteurs qui dynamisent réellement certains moments du film. On adore par exemple Sarah Silverman dans le rôle de la manageuse extravagante de Billie Jean King. De même, Elisabeth Shue, Bill Pullman ou encore Fred Armisen (le comédien de la série PORTLANDIA) sont absolument formidables.

Pour en revenir plus précisément à BATTLE OF THE SEXES, le film se regarde avec un réel intérêt, mais il faut reconnaître qu’il souffre terriblement de son classicisme et de son manque d’envergure.
En dépit de la valeur symbolique et historique de son récit, ce film ne parvient jamais vraiment à nous transcender, ni à nous embarquer totalement, et encore moins à nous émouvoir.

On suit cette histoire avec plaisir, mais sans passion, et c’est bien là un peu dommage. Faute d’un parti-pris ou de la moindre prise de position, et faute aussi à une mise en scène certes en tout point respectable mais sans aucune prise de risques ni engagement, BATTLE OF THE SEXES en finit même par devenir prévisible : les séquences du film sont bien trop balisées, et on en arrive à deviner ce qui va suivre, parce que le cahier des charges est ici respecté à la lettre.

BATTLE OF THE SEXES n’est ni vraiment un biopic de Billie Jean King (car il ne raconte qu’un moment bien précis de la vie de cette joueuse de tennis), ni un film sportif (le tennis en tant que sport – et tous les enjeux qui lui sont inhérents -, passent totalement à la trappe) : on a plutôt affaire à une comédie fort plaisante sur un fait sportif historique que beaucoup ignoraient sans doute ou avaient oublié, mais cruellement dépourvue de relief.

BATTLE OF THE SEXES, sortie en France le 22 novembre 2017.

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Article rédigé par Elle.

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