Réalisé par Léa Fehner, LES OGRES est sa troisième réalisation, dont elle signe également le scénario. La française s’était faite remarquer en 2009 avec QU’UN SEUL TIENNE ET LES AUTRES SUIVRONT, pour lequel elle avait reçu le Prix Michel d’Ornano au Festival de Deauville en 2009, ainsi que le Prix Louis Delluc la même année.
LES OGRES raconte la vie trépidante et pleine d’imprévus d’une troupe de théâtre itinérant, nommée Davaï. Voyageant ensemble de ville en ville pour installer leur chapiteau et jouer leur spectacle, ils sont comme une famille. Les secrets ne restent pas gardés bien longtemps, et l’arrivé d’un bébé ou le retour d’un amant vont faire couler beaucoup d’encre … et de larmes.
Avec ce film, Léa Fehner veut rendre hommage à ses parents qui, dans les années 90, ont également sillonné les routes de France pour se produire avec leur troupe de théâtre. Elle connaît donc bien ce milieu dans lequel elle a grandi, et elle nous en montre toutes les facettes.
On peut ressentir une grande générosité de la part des acteurs, qui s’investissent pleinement dans leurs rôles avec beaucoup d’énergie. Peut-être même un peu trop d’énergie … Les dialogues fusent, mêlant crises de rires, de pleurs, et aussi des cris dans tous les sens. Les séquences s’enchaînent vite, et il y a alors rapidement un trop plein d’émotions dans cet excès non maîtrisé.
Ici, les personnages sont à l’état brut : entiers, vrais, tout simplement imparfaits, et certains d’entre eux ne parviennent d’ailleurs pas à gérer et à conjuguer vie privée et vie professionnelle.
Les problèmes d’égo (souvent surdimensionné) de cette troupe de comédiens itinérants rendent certes les personnages humains et réalistes, mais surtout détestables ; et l’on a alors envie de les secouer pour les faire revenir sur Terre ! Certains personnages sont néanmoins touchants, à l’image de Mireille jouée par Christelle Lehallier.
Les couleurs très chaudes et chatoyantes du film, ainsi que les guirlandes et autres sources de lumières rendent l’atmosphère générale festive et chaleureuse. En revanche, le plateau à 360 degrés permettant une meilleure fluidité dans le mouvement de caméra, peut vite donner une impression de tournis : les images s’enchaînent vite, on n’a pas le temps d’assimiler toutes les images, il a trop d’informations d’un coup.
Pour continuer sur cette ambiance festive, parlons de la bande originale des OGRES. Elle a été composée par le français Philippe Cataix, qui a également à son actif les musiques des spectacles des parents de la réalisatrice. Il est donc imprégné de l’ambiance du théâtre itinérant, ce qui rend le son très cohérent avec l’ensemble de l’œuvre.
Réalisée à partir des répétitions avec les comédiens, la musique évolue au même rythme que le récit, et se tourne au fur et à mesure vers le tango, au gré des relations hommes/femmes de l’histoire. Il est dommage que dans un certain nombre de scènes, cette musique soit brouillée par les sons de klaxons et de cris. Le spectateur a bien vite les oreilles en surchauffe …
LES OGRES raconte la vie de l’ensemble de la troupe de théâtre, mais le spectateur suit également les histoires de couple des personnages, qui sont intéressantes, et dans lesquelles le spectateur peut parfois se reconnaître tant elles sont empreintes de vérité.
Le couple formé par Adèle Haenel (que l’on avait adoré dans LES COMBATTANTS) et Marc Barbé est fusionnel, et nous offre deux scènes très drôles.
Il est dommage que les scènes pertinentes et essentielles à l’histoire soient noyées dans le flot de séquences beaucoup moins utiles, que la réalisatrice Léa Fehner aurait peut-être pu couper au montage. Le tout donne alors un film d’une durée de 2h30, ce qui est bien trop long. Au bout de deux heures devant l’écran, on s’attend à voir (enfin !) le générique dérouler … mais non, encore une scène supplémentaire !
LES OGRES aurait pu être un très bon film touchant grâce à son réalisme dans ce qu’il décrit du monde du théâtre itinérant. Mais malheureusement, toute l’énergie des acteurs ici ne suffit pas à supporter un récit bien trop long et souvent trop brouillon.
Page Facebook officielle du film LES OGRES.
LES OGRES, sortie en France le 16 mars 2016.
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Article rédigé par Julie.
2 réponses sur « LES OGRES : beaucoup (trop) de bruit pour rien »
J’ai lu qu’il était brouillon et long, mais récemment ce sont des critiques positives qui m’ont fait hésiter. Le fait que l’on s’attende au générique de fin qui ne vient » jamais », ça me convainc que j’ai bien fait de passer mon chemin. Je déteste ça !
Chère Aurore,
Merci pour votre commentaire ! J’ai lu également des critiques positives, mais comme on dit les goûts et les couleurs…
Oui je crois que la fin interminable était le coup de massue final ^^
Mais ne vous en faite pas, il y a plein d’autres bons films à aller voir. 🙂
Bonne soirée, et à bientôt sur Go with the Blog ! 🙂