Le cinéma d’animation japonais est presque devenu un genre en lui-même, livrant de plus en plus régulièrement dans nos pays européens des films originaux, étonnants, très souvent épatants, et furieusement dépaysants.
Réalisé par Mamoru Hosoda à qui l’on soit LES ENFANTS LOUPS sorti en France en 2012, LE GARÇON ET LA BÊTE s’inspire de différents contes ancestraux et de légendes japonaises, mais l’histoire est avant tout celle d’un scénario original écrit par Mamoru Hosoda lui-même.
Le film raconte l’histoire d’un tout jeune garçon qui décide d’échapper au destin auquel il est promis – celui d’enfant placé – en se soustrayant à ses tuteurs. Affamé, découragé, il est approché au détour d’une sombre ruelle par deux êtres étranges et effrayants qu’il finit par suivre. Il pénètre alors dans un monde parallèle et utopique, Jutengai, royaume aux mille lumières où les bêtes vivent dans l’harmonie et la concorde. Là, le garçon rencontre Kumatetsu, une créature assez rustre et peu accueillante, qui se résout à faire du jeune garçon son disciple. Mais lorsque le garçon devient adolescent, leur relation se complique …
LE GARÇON ET LA BÊTE est un film exigeant, très ambitieux, scénaristiquement très dense, et clairement plutôt destiné à un public adultes qu’à un public d’enfants. Mêlant le monde humain réaliste du Japon, et un monde parallèle où vivent des bêtes chimériques mi-hommes mi-animaux, ce long-métrage nous offre une grande richesse esthétique où les idées fourmillent à tous les niveaux.
Le film multiplie les va-et-vient entre les deux univers qu’il met en scène, mais cela en maintenant une cohérence permanente et une compréhension constante pour le spectateur, qui ne se sent jamais égaré.
LE GARÇON ET LA BÊTE nous donne à voir sur grand écran une animation particulière riche, très détaillée et précise, tant quand il s’agit de représenter la ville de Tokyo dans son effervescence, son ultra modernisme et son hyper surveillance, que dans dans la représentation du monde des bêtes de Jutengai, avec ses lumières très présentes, son onirisme, et sa poésie singulière.
On retrouve dans le travail de Mamoru Hosoda à la fois des inspirations traditionnelles japonaises (les bêtes, leurs apparences, leurs caractères), l’influence graphique des mangas, et aussi un style contemporain, plein de modernisme, notamment dans l’utilisation des ralentis par exemple.
Véritable récit d’apprentissage au sens le plus stricte du terme, LE GARÇON ET LA BÊTE se révèle évidemment aussi comme l’histoire d’une quête identitaire en ce qui concerne le personnage principal, le jeune garçon rebaptisé Kyuta par son maître, la Bête Kumatetsu.
Élevé dans le monde des bêtes, Kyuta veut renouer avec son identité humaine qu’il a fui et enfoui lorsqu’il était petit garçon. En revenant dans le monde humain, il se scolarise, rencontre une jeune fille prête à l’aider à préparer ses examens, et aussi à l’accepter tel qu’il est. Pour Kyuta, ce retour dans le monde humain est inévitablement une source d’interrogations sur lui-même et sur son destin.
La relation qui se noue entre la Bête Kumatetsu et Kyuta enfant puis adolescent, offre à la fois des moments très drôles et totalement décalés, mais aussi des passages assez touchants. Clairement ici, il s’agit d’apprendre à couper le cordon, à ‘tuer le père’ comme on dit, pour pouvoir s’émanciper et devenir adulte.
Si ce film d’animation est intéressant dans ce qu’il raconte et ce qu’il questionne, ainsi que visuellement très fascinant, il présente également quelques contraintes pour que le plaisir du spectateur soit vraiment total. D’abord, LE GARÇON ET LA BÊTE est particulièrement long, et la deuxième partie du film joue un peu la carte de la surenchère dans les nombreux combats auxquels on assiste. La répétition aussi de longues séquences de combat finit par amener une forme de lassitude.
Par ailleurs, le film de Mamoru Hosoda paie un peu par moments sa dimension protéiforme : là aussi, le spectateur européen que nous sommes, se perd par moments dans cette multiplicité d’influences visuelles et ce vaste mélange des genres.
NB : On a totalement craqué sur le petit animal tout blanc et muet qui accompagne en permanence le personnage de Kyuta sur son épaule ! 🙂
Page Facebook officielle LE GARÇON ET LA BÊTE.
LE GARÇON ET LA BÊTE, sortie en France le 13 janvier 2016.
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Article rédigé par Elle.