Précédé d’une réputation de film taillé pour ses acteurs, déjà auréolé de nombreuses récompenses (dont plusieurs Golden Globes) et d’une flopée de nominations aux Oscars 2014, AMERICAN BLUFF arrive dans les salles françaises avec une attente inévitablement grandissante.
S’inspirant d’une histoire vraie qui fit scandale aux États-Unis dans les années 70, AMERICAN BLUFF nous relate l’association amoureuse et scandaleuse entre Irving Rosenfeld (Christian Bale) et la sexy Sydney Prosser (Amy Adams). Ensemble, ils montent diverses arnaques mais finissent par se faire piéger par un agent du FBI. Pour leur éviter la prison, cet agent les contraint à organiser un guet-apens pour faire tomber Carmine Polito (Jeremy Renner), un homme politique soupçonné de corruption. Mais rien n’est jamais simple quand l’amour, la jalousie et la mafia interfèrent dans une opération aussi risquée et complexe.
Tape à l’œil et clinquant, AMERICAN BLUFF brille autant par ses costumes à paillettes que son casting glamour et totalement hollywoodien, réunissant la crème de la jeune génération Amy Adams, Jennifer Lawrence (qui a plus que jamais le vent en poupe depuis l’aventure HUNGER GAMES), Bradley Cooper, le plus chevronné Christian Bale, et Jeremy Renner. À l’exception de ce dernier, tous les comédiens ici sont des habitués du réalisateur David O. Russell, qui mêle le casting de FIGHTER (sorti en 2010) et d’HAPPINESS THERAPY (sorti en 2013).
Comme à son habitude, Christian Bale s’est totalement investi dans son personnage, n’hésitant pas à prendre jusqu’à vingt kilos pour ce rôle. D’entre tous, Jeremy Renner est celui qui convainc le plus, à la surprise générale. Très à l’aise dans son rôle de politicien véreux, le comédien se montre hyper crédible, même s’il est bien moins présent à l’écran que ses partenaires.
En revanche, Bradley Cooper livre une performance nettement moins marquante ; surtout, ses tenues et ses bouclettes nous donnent l’impression qu’il se rend à une soirée déguisée. On attend toujours le film qui nous confirmera le talent prétendu de Bradley Cooper, que l’on apprécie certainement mais qui n’a pas encore réussi jusqu’à maintenant à pleinement nous rallier à sa cause.
Parce qu’il se déroule dans les années 70, la grande force d’AMERICAN BLUFF est de nous en mettre plein la vue en mode « That’s 70 Show » : décors scintillants de mille feux, tenues exubérantes à grand renfort de perruques et de chemises col pelle à tarte, tout est permis !
La grande gagnante de ce jeu c’est Amy Adams, tout à la fois sexy et glamour, et qui n’avait encore jamais dévoilé autant de sex appeal. Elle tire véritablement son épingle du jeu et à chacune de ses scènes, elle éclipse ses partenaires avec cette sensualité folle qu’elle affiche avec panache.
Malgré l’investissement total de ses acteurs dans le projet, AMERICAN BLUFF ne nous emballe pourtant jamais vraiment. La majeure partie du film est consacrée à de longues scènes de dialogues qui finissent souvent en crêpage de chignons ou en violentes disputes. Et à l’instar d’un film comme CARTEL de Ridley Scott (dans un autre genre), ces scènes sont souvent trop longues et peu intéressantes. Comme les costumes, elles tentent de nous en jeter plein la vue, mais force est de constater qu’AMERICAN BLUFF est bien souvent inutilement bavard, et l’intrigue ne progresse guère.
Cela influe alors beaucoup sur le rythme du film qui a tendance à être un peu monotone. De plus, la première partie est très longue à se mettre en place. Les trois premiers quart d’heure pèsent terriblement sur la narration et sur la faculté du spectateur à s’immiscer dans cette intrigue.
Enfin l’autre souci du long-métrage, c’est de mêler une escroquerie financière et politicienne avec une forme de marivaudage amoureux dérivant parfois vers le comique. Ce mélange assez complexe ne trouve malheureusement pas son équilibre, et c’est un vrai point faible dans AMERICAN BLUFF. Bien souvent, les crises de jalousie viennent étouffer la progression de l’intrigue principale, plombant totalement la tension censée émaner de cette opération mafieuse qui navigue en eaux troubles.
En dépit d’un casting cinq étoiles, AMERICAN BLUFF échoue vraiment à être ce grand film seventies de complot mafieux qu’il se rêve d’être. On retrouve ici en condensé tous les défauts exaspérants du cinéma de David O. Russell : des scènes inutilement longues et terriblement bavardes jusqu’à plus soif, des comédiens qui surjouent parfois (en particulier Jennifer Lawrence), une intrigue faussement complexe, et un rythme qui ne s’emballe jamais et qui n’embarque pas le spectateur dans la frénésie attendue de l’histoire racontée.
Très probablement surestimé par Hollywood à nos yeux, David O. Russell cherche à nous raconter une grande escroquerie de l’histoire américaine, mais l’on finit surtout par s’interroger si ce n’est pas de lui-même dont il s’agit … ? La question est posée.
AMERICAN BLUFF, sortie en France le 05 février 2014.
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Page Facebook française d’AMERICAN BLUFF.
Article rédigé par Elle et Lui.
7 réponses sur « AMERICAN BLUFF : l’escroquerie selon David O. Russell »
C’est un peu le ressenti que j’avais en visionnant la bande-annonce… Un peu un méli-mélo d’escroquerie financière sur fonds de jalousies entre les deux belles qui se disputent l’attention du héros, bref, j’vais passer cette fois-ci.
Bonjour Lilie,
Tu résumes plutôt bien notre ressenti rien qu’en ayant vu la bande-annonce … Bon, par principe, on t’invite quand même à regarder le film à l’occasion, pour te faire ta propre idée 😉
Mais si tu veux le nôtre, on te dira qu’effectivement, le film est dispensable à nos yeux.
Merci d’avoir lu notre article, et à très bientôt sur Go with the Blog ! 🙂
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