Toutes les bonnes choses ont une fin.
La trilogie prequel X-MEN se conclut donc avec la sortie de ce troisième volet X-MEN : APOCALYPSE, réalisé à nouveau par Bryan Singer, le père des Mutants au cinéma (puisqu’il a produit quatre des six films X-MEN, et en a dirigé quatre également).
Saga passionnante à bien des égards, ces adaptations sur grand écran questionnent des thématiques très diverses, tout en offrant un vivier scénaristique particulièrement dense. Avec X-MEN : APOCALYPSE, on retrouve les Mutants dans les années 1980, à l’orée d’une nouvelle menace pour leur propre existence, mais aussi pour celle des humains. Le Mutant Apocalypse, le premier d’entre tous et dont l’apparition remonte à l’époque des Pharaons, se réveille dans les ruines enfouies d’une pyramide au Caire. Immortel et doté de pouvoirs cataclysmiques, Apocalypse a bien l’intention d’imposer son nouvel ordre mondial !
Remettons les choses dans leur contexte avec ce troisième et dernier volet de la trilogie prequel : X-MEN : FIRST CLASS sorti en 2011, puis X-MEN : DAYS OF FUTURE PAST sorti en 2014, avaient déjoué toutes nos craintes quant à l’idée de repartir dans une nouvelle trilogie après les X-MEN 1, 2 et 3 du début des années 2000, dont la qualité et la pertinence s’étaient révélées assez inégales.
Mais Matthew Vaughn avec FIRST CLASS, puis Bryan Singer avec le magistral DAYS OF FUTURE PAST, nous avaient fait la démonstration qu’une approche plus réaliste et moins super-héroïque de la saga X-MEN était possible.
Force est de constater que X-MEN : APOCALYPSE fait ici un tout autre choix, revenant à un schéma narratif binaire : les gentils super-héros contre un gros méchant très vilain et démoniaque. Exit donc un bon paquet des problématiques au centre de l’existence des Mutants, comme leur faculté à trouver leur place dans la société humaine, l’acceptation de soi et de ses différences, son rapport à l’autre, etc.
De même, X-MEN : APOCALYPSE laisse de côté la complexe relation entre Charles Xavier (Professeur X) et Erik/Magneto, ne l’abordant que très furtivement à l’occasion d’une scène ou deux, mais pas davantage. Pourtant, la relation conflictuelle et les visions opposées des deux leaders constituent justement la singularité passionnante de la saga X-MEN, par rapport à tous les autres films Marvel.
Bryan Singer opte donc ici pour un grand film catastrophe, une énième histoire de sauvetage de la Terre, et déroule alors un raz-de-marée apocalyptique, multipliant les explosions nucléaires, les batailles mythologiques, et les séquences fin du monde visuellement grandioses. Pendant près de 2h30, le spectateur ne peut qu’être rassasié par ce déluge qui s’abat sur la planète, piloté par le Mutant Apocalypse.
Mais en conséquence de cela, X-MEN : APOCALYPSE se gorge de numérique, et joue la carte de la démonstration spectaculaire. Très peu de scènes en décors réels dans ce troisième volet, qui auraient pourtant pu offrir des respirations au film, un dynamisme narratif, et plus de place aux personnages pour exister autrement que dans le déploiement de leurs pouvoirs.
Les habitués font leur travail proprement, de Nicholas Hoult (Hank McCoy/Fauve) à Jennifer Lawrence (Raven/Mystique), en passant par Rose Byrne dans le rôle de l’humaine Moira MacTaggert.
Du côté des nouvelles têtes, Tye Sheridan incarne la version jeune de Scott Summers/Cyclope avec candeur et une justesse bien trouvée (pas évident de passer après – ou plutôt avant – l’excellent James Marsden). Et Alexandra Shipp, qui est quant à elle Tornade jeune (dans les X-MEN 1, 2 et 3, le personnage adulte est interprété par Halle Berry), impose une personnalité plutôt intéressante, mais manque cruellement de scènes pour s’y exprimer pleinement.
En revanche, mauvais choix selon nous concernant Sophie Turner pour le rôle de Jean Grey (une figure majeure des X-Men), qui ne nous convainc pas vraiment, et présente un trop grand décalage avec l’incarnation qu’en a fait Famke Janssen ! Sophie Turner a beau bénéficier de la hype de la série télévisée GAME OF THRONES, cela ne se révèle pas suffisant ici, notamment pour ce personnage si fort de Jean Grey.
Mais celle qui a visiblement tout perdu à la courte-paille, c’est Olivia Munn, là aussi nouvelle venue dans la saga, à qui on a confié le personnage de Psylocke. La malheureuse doit avoir trois répliques tout au plus, et se retrouve la plupart du temps à tenir la pose en justaucorps échancré, au milieu du décor … Le personnage n’a ici aucun intérêt, ne nourrit en rien la dramaturgie, et fait vraiment figure de potiche.
Pour finir sur le casting, on décerne notre coup de cœur à Evan Peters, toujours aussi génial dans son costume de Quicksilver, à qui il apporte cette espièglerie et cet humour. Même si le réalisateur Bryan Singer s’est contenté de recycler la grande scène de ce personnage déjà vue dans DAYS OF FUTURE PAST (on en parlait largement ici), on ne boude pas notre plaisir de revoir Evan Peters aussi à l’aise dans ce rôle auquel il donne une vraie personnalité !
X-MEN : APOCALYPSE finit malheureusement par décevoir, même si, entendons-nous bien, ce n’est pas foncièrement un mauvais film. Mais vide de sens, pompeux, et délaissant la psychologie de ses personnages pour leur préférer un grand-tout apocalyptique nihiliste et assez ronflant, le film ne trouve jamais la force narrative de ses prédécesseurs, et encore moins leur intensité émotionnelle.
Et ce ne sont pas les scènes sur la vie compliquée de Erik/Magneto, au pathos franchement simpliste, qui suffisent à combler cette carence émotionnelle du récit.
Reste James McAvoy, indéniablement au-dessus de tout et de tous, qui tire son épingle du jeu sans aucune hésitation, apportant à son personnage de Charles Xavier une densité et un charisme particulièrement salutaires ici.
Trop long, trop binaire, trop numérique, X-MEN : APOCALYPSE risque fort d’être la note mineure de cette trilogie prequel des X-Men. Bryan Singer semble avoir voulu y jeter toutes ses forces et tout ce qu’il y pouvait, pour offrir aux spectateurs du monde entier un gargantuesque spectacle. Sur cet aspect, nul doute que les fans de la saga ne seront pas déçus.
Le principal grand mérite de X-MEN : APOCALYPSE, c’est de faire le liant de façon intelligente avec tous les films X-MEN, aussi bien les deux prequels précédents que la première trilogie. Il faut reconnaître que tout se tient, tout est cohérent, en étant bien amené dans le récit.
Dans X-MEN : APOCALYPSE, il y a cette brève scène où trois jeunes Mutants sortent d’un cinéma où ils viennent de voir LE RETOUR DU JEDI, et Jean Grey dit alors cette phrase bourrée d’ironie : « Finalement, c’est toujours le dernier film d’une trilogie le moins bon ! ». Ou bien serait-ce Bryan Singer, lucide, qui s’exprime à travers son personnage ? ………
On vous laisse sur ce refrain du morceau « The end is the beginning is the end » des Smashing Pumpkins, qui aurait pu être écrit pour nos Mutants préférés. 😉
« Is it bright where you are
Have the people changed
Does it make you happy you’re so strange
And in your darkest hour, I hold secrets flame
You can watch the world devoured in it’s pain
Strange Strange. »
X-MEN : APOCALYPSE, sortie en France le 18 mai 2016.
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Article rédigé par Elle.
2 réponses sur « X-MEN : APOCALYPSE : the end is the beginning is the end »
[…] choix cinématographiques particulièrement judicieux depuis plusieurs années (la seconde trilogie X-MEN, l’excellent KILL YOUR FRIENDS, ou encore MAD MAX : FURY ROAD), mais en plus ce thriller […]
[…] entre autres la saga HUNGER GAMES qui l’a propulsée au sommet, ou encore AMERICAN BLUFF et X-MEN : APOCALYPSE […]