À Palo Alto, petite ville de la Californie, comme partout ailleurs finalement, il n’est pas si facile quand on est adolescent de se trouver des repères, et surtout de trouver sa place dans un monde bien compliqué à comprendre. April, Teddy, Fred et Emily errent entre le lycée, leur chambre d’ados, les soirées débridées qui se terminent toujours un peu de la même façon, et les cours de sport. En quête de sensations extrêmes, ils repoussent bien souvent leurs limites, quitte à se brûler leurs ailes encore bien fragiles.
En 2010, l’acteur James Franco publie un recueil de nouvelles intitulé Palo Alto, du nom de la ville où il a lui-même grandi. La jeune réalisatrice Gia Coppola, séduite par ces histoires d’adolescents, s’empare de ces récits pour y puiser la matière de sa toute première réalisation au cinéma, PALO ALTO. Variation sur le thème de l’adolescence par la dernière de la lignée Coppola.
Avant toute chose, on a décidé d’éviter de retracer l’arbre généalogique de Gia Coppola, car ce qui nous intéresse en découvrant PALO ALTO ce n’est pas tant d’où vient la jeune femme, mais ce qu’elle nous donne à voir. Et puis nous vous invitons à en découvrir davantage sur Gia Coppola dans notre article consacré à notre rencontre avec la réalisatrice.
PALO ALTO se présente comme un premier film qui affirme une esthétique forte, et marque l’entrée dans le 7ème art d’une réalisatrice qui semble s’être fixée comme objectif d’imprimer sa signature formelle. Servi par une photographie incroyablement superbe, PALO ALTO retient d’abord notre attention par cette touche singulière, ce soin minutieux apporté aux couleurs, et ce sens du rythme particulièrement intéressant.
Tout concourt dans le film à décrire ce spleen adolescent moderne si compliqué à saisir et à faire ressentir. Et plutôt que de passer par de longs échanges, Gia Coppola préfère des dialogues courts, des séquences jamais trop longues, tout simplement parce qu’entre eux, les adolescents ne souhaitent pas voir s’éterniser des discussions qui les gênent et les mettent mal à l’aise.
Et même s’il se focalise essentiellement sur une caste sociale très upper class, PALO ALTO touche juste la plupart du temps. Bien évidemment, on peut se sentir un peu éloigné de cette jeunesse dorée californienne, livrée à elle-même, et beaucoup moins préoccupée par son avenir que par l’instant présent et cette perpétuelle quête de divertissement. Néanmoins, il y a dans ces personnages un petit quelque chose qui rappelle à chacun cette mélancolie de la jeunesse qui ne trouve jamais vraiment d’explication rationnelle.
Si le film n’est évidemment pas exempt de défauts inhérents à une première réalisation, on retient surtout de PALO ALTO un casting d’exception et particulièrement attachant ! Surprenante Emma Roberts au naturel déconcertant et réellement touchante, elle bénéficie à ses côtés de la présence folle de Jack Kilmer, LA révélation du film ! Le tout jeune acteur bouffe littéralement l’écran, irradie de sa présence chacune des scènes où il apparaît, et impose sa présence avec une nonchalance et un naturel bluffants !
À noter pour la petite anecdote que son père Val Kilmer, fait deux rapides apparitions ici dans le film, en forme de clin d’œil paternel à distance (ils n’ont pas de scène ensemble). Mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’il s’agit là du tout premier rôle au cinéma de Jack Kilmer, à peine 17 ans, et que l’on espère déjà le revoir très vite à l’écran car il est tout simplement bluffant.
Les seconds rôles sont tout aussi passionnants à suivre, et PALO ALTO nous entraîne ainsi dans le quotidien de ces jeunes gens modernes pour qui l’enfance est encore toute proche (on pense notamment à la séquence dans la bibliothèque pour enfants entre les personnages de Teddy et Fred), et à qui on demande pourtant d’agir en adultes.
Si PALO ALTO ne révolutionne en rien le cinéma adolescent, et s’il faut avouer que la façon d’aborder le sujet ici reste finalement dans la lignée de ce que l’on a déjà pu voir ailleurs, il faut absolument reconnaître à Gia Coppola un sens du casting que n’aurait pas renié Gus Van Sant ! Et pour sa première incursion dans le cinéma, la jeune réalisatrice réussit le tour de force de filmer avec une extrême bienveillance et une direction d’acteurs impeccable, des comédiens franchement exceptionnels, ultra attachants, et réellement touchants. Et c’est déjà beaucoup.
PALO ALTO, sortie en France le 11 juin 2014.
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Page Facebook officielle PALO ALTO.
Article rédigé par Elle.
5 réponses sur « PALO ALTO : le spleen adolescent selon Gia Coppola »
[…] sait rien, à part sa filiation. Gia Coppola est venue passer une journée à Paris pour présenter PALO ALTO, son tout premier long-métrage. Et elle a eu la très grande gentillesse de venir nous rencontrer […]
Des choses intéressantes dans la forme et le fond, de bonnes intentions, pas assez de nouveauté ou de fraicheur. Du déjà vu dans le cinéma de la famille Coppola ou ailleurs avec ces ados mal dans leur peau et qui font semblant. Trop cons pour choisir la facilité, le fun immédiat sans conséquences dans leur tête embuée, cette génération fait mal à voir à ne savoir qu’exprimer leur pulsion plutôt que leur cœur. Si on se trimballe du côté de Sophia C., le gros bon point c’est qu’ici le ton est plus cru, plus réaliste. A voir, a suivre sans emballement.
C’est essentiellement les critiques lues ça et là qui m’intriguent ! Le nom « Coppola » évidemment, le sujet… J’adore les films qui proposent un certain regard sur l’adolescence comme States of Grace, It felt like love…
[…] impériale de Willem Dafoe, on adore tout particulièrement Nat Wolff, découvert cette année dans PALO ALTO, qui est un jeune comédien qu’on a super envie de […]
[…] au passage pour souligner la présence, dans un petit rôle, de Jack Kilmer, découvert dans PALO ALTO en 2014 (le fils de Val Kilmer, que l’on a à cœur de suivre de […]