La souffrance dans une séparation, c’est d’imaginer son amour refaire sa vie. INSIDE prouve qu’il y a bien pire : c’est d’y assister, impuissante.
Belén et Adriàn emménagent dans une belle demeure dans la campagne proche de Bogota en Colombie. Ils sont heureux et amoureux, jusqu’au jour ou Belén découvre que son compagnon la trompe. Pour se venger, elle décide d’exploiter le secret de leur maison qu’elle seule connaît : une pièce secrète qui permet d’espionner l’autre à ses dépends. Toutefois, cette vengeance va se retourner contre elle …
Le cinéma hispanique se fait remarquer depuis plusieurs années pour ses réalisations aux ambiances fantastiques ou pour ses très bons thrillers. INSIDE est dans la même veine, le réalisateur Andrés Baiz joue avec les nombreux codes usuels des films d’angoisse (une grande maison isolée, l’orage, la traditionnelle scène sous la douche) afin de créer un climat malsain et inquiétant. Le spectateur ne sait pas si tout cela est tout à fait réel ou bien le fruit de l’imagination d’un des personnages, ou encore quelque chose de surnaturel. Cette ambiance sinistre et obscure est également mise en exergue par un très bon travail autour de la musique, très présente dans ce film.
Le spectateur se méfie, et est intrigué par ces personnages qui ont tous une part de mystère. Ce sentiment se ressent d’autant plus grâce à des acteurs qui incarnent très bien leur personnage (surtout les rôles féminins), avec une mention spéciale pour Martina García qui dévoile un rôle de plus en plus complexe.
Complexe, on peut également user de ce qualificatif en ce qui concerne l’écriture scénaristique. Peu à peu les secrets se délient, mais toujours à un moment opportun et spécifiquement choisi dans le déroulé de l’histoire. On peut donner en exemple la découverte de la véritable raison de l’existence de cette pièce secrète dans la maison.
Cette tension permanente dans le récit capte notre attention, et notamment dans la seconde partie du film qui gagne encore davantage en paranoïa et en noirceur. C’est aussi une grande qualité ici, ce refus d’une vision manichéenne des choses et de la psychologie des personnages. Tous ont une part d’ombre, aucun n’est parfaitement coupable, ni réellement innocent. Mensonges, manipulations, trahisons vont de paire avec déception, naïveté et amour sincère.
Au final, INSIDE est une très bonne surprise qui, grâce à une réalisation intelligente et une écriture inspirée, installe le spectateur au centre d’un machiavélique retournement de situation.
Pour finir, je me permettrais de déconseiller de regarder la bande-annonce qui révèle un peu trop d’éléments cruciaux du scénario.
INSIDE, sortie en France le 04 juillet 2012.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=IJyfsyGCNeU[/youtube]
Article rédigé par Lui.
3 réponses sur « INSIDE, réalisé par Andrés Baiz »
Excellent film, aux ressorts très puissants et au montage efficace, dans la veine des « Yeux de Julia » ou de « Malveillance ». Ne rien lire sur le film avant de le voir est une nécessité. Quant à la bande-annonce, elle est ridicule tellement elle révèle de choses.
C’est étrange comme le film m’a semblé déséquilibré. Une première partie très convenue, pas loin de la sitcom de luxe et puis une seconde moitié beaucoup plus incisive, qui pose finalement pas mal de questions intelligentes sur le fonctionnement du couple via des scènes assez joliment cruelles. Dommage, ça aurait fait un très bon moyen métrage mais en l’état je trouve que ce n’est qu’un film « correct », dont le pitch n’est pas suffisamment développé.
Entièrement d’accord sur la première partie. Elle est sans doute trop longue aussi. Mais je trouve que le « turning point » qui intervient au milieu du film la valorise finalement.