En 2154, la Terre est ravagée par la maladie, la pollution et la surpopulation. Les plus riches ont quitté la planète pour s’installer sur Elysium, une station spatiale en orbite qui leur permet de retrouver tout le confort de vie dont ils jouissaient avant sur Terre, dans un environnement vert, luxuriant et sain.
Max est un brave gars ordinaire, qui après avoir purgé une peine de prison pour vol de voitures, tente de reprendre le droit chemin en travaillant dans une usine sur Terre, où l’on fabrique des droïdes. Lorsqu’un accident dans l’usine entraîne une irradiation mortelle pour Max, celui-ci décide de tout faire pour ne pas mourir. Sa seule solution : aller sur Elysium pour utiliser une medbox, ces machines qui permettent de guérir toutes les maladies.
Le jeune réalisateur sud-africain Neill Blomkamp s’est fait connaître en 2009 en frappant un grand coup avec son premier long-métrage DISTRICT 9, produit par Peter Jackson lui-même, excusez du peu. Il en va donc sans dire que sa seconde réalisation était assez attendue. Avec ELYSIUM, le chemin est balisé et Neill Blomkamp reprend les codes auxquels il nous avait habitué : ambiance post-apocalyptique, territoires ravagés par la maladie, population pauvre et laissée-pour-compte, rivalités sociales … En résumé, nous retrouvons ici tous les ingrédients de base pour de la science-fiction.
ELYSIUM se veut moins une satire politique et un pamphlet dénonciateur que son prédécesseur ; le film s’oriente davantage (et de plus en plus clairement au fil que la narration avance) vers une chasse à l’homme somme toute assez classique, et dont le point central est la survie de l’individu, et non de la planète entière (même si de temps en temps, on tente de nous rappeler que des enjeux à l’échelle mondiale sont engagés, force est de constater que l’on se préoccupe essentiellement du sort de Max, interprété par le bodybuildé Matt Damon).
La principale force d’ELYSIUM réside dans le talent de mise en scène de son réalisateur, qui affiche clairement au bout de seulement deux films un don évident pour le stylisme visuel, avec une approche très rugueuse par moments, et à d’autres beaucoup plus esthétisée et géométrique. Neill Blomkamp maîtrise les codes de la science-fiction, il en connaît parfaitement les règles, et surtout on se rend bien compte qu’il a ingurgité à peu près tout ce dont le cinéma de SF nous a offert jusqu’à présent.
Et paradoxalement, c’est aussi là que se trouve une des très grosses faiblesses de ce second long-métrage, pour quiconque est amateur de science-fiction. Dans son récit, ses décors, son atmosphère générale, ELYSIUM se révèle scène après scène comme une compilation de tous les classiques du genre, dépassant la simple référence pour – à certains moments – être très proche du plagiat ou de la copie. En vrac, on est obligé de citer MAD MAX (et c’est pas de bol, ici le personnage principal s’appelle aussi Max), ROBOCOP, JASON BOURNE (ah bah tiens, un rôle tenu par … Matt Damon justement !), et surtout TOTAL RECALL, l’œuvre superbe de Paul Verhoeven (réalisée en 1990) et à mes yeux, restée inégalée en matière de chasse à l’homme.
ELYSIUM pêche aussi par un scénario foutraque qui hésite tout du long entre prendre une envergure interplanétaire, ou bien rester à l’échelle de l’individu. Par ailleurs, de nombreuses idées lancées à la va-vite, n’ont pas eu la chance d’être développées (la construction de l’Elysium pour commencer, comment a t-on reconstitué l’oxygène sur cette station spatiale à ciel ouvert, etc …). Dans la même lignée, les personnages secondaires – mais fondamentaux dans l’intrigue -, sont bâclés là où pourtant il aurait été pertinent de leur donner de la consistance et de l’épaisseur, et surtout d’éviter de les caricaturer à outrance. Ainsi, on regrette que le grand patron de l’usine, interprété par William Fichtner, ne soit pas davantage badass, et qu’il se limite à un type en costard qui écoute de la musique classique derrière la vitre de son bureau.
Jodie Foster, Ministre de la Défense qui pilote les interventions militaires depuis son bunker sur Elysium, et qui de temps à autre organise des réceptions mondaines où elle déploie sa maîtrise la langue de Molière auprès de ses convives, insuffle à son personnage la rigueur et la sévérité nécessaires pour en faire une garce hautaine, machiavélique et hautement détestable. Mais là aussi, on aurait apprécié davantage de background à son personnage.
Enfin et surtout, on déplore l’excès de manichéisme du film, où tout est blanc et noir, où les riches sont méchants et les pauvres des victimes sans défense. On oppose ici le ciel et la terre, le paradis et l’enfer, le bien et le mal, la langue française et la langue espagnole, j’en passe, sans aucune amorce de réflexion ou de discours un tant soit peu plus élaboré. Pourtant, la science-fiction est tout de même l’un des genres cinématographiques les plus passionnants, et qui offre un cadre idéal pour questionner nos sociétés modernes et nos modes de vie.
ELYSIUM évacue rapidement toute tentative de réflexion en focalisant finalement son récit sur la survie de Max. Et l’on a beau se raccrocher dans le dernier quart d’heure à l’idée que dans son effort pour s’en sortir, ce bon Max peut par la même occasion sauver la planète (sic), cette pirouette scénaristique arrive bien tardivement, et en devient finalement assez ridicule d’ailleurs.
ELYSIUM déçoit sur bien des plans car il faut l’avouer, non seulement on attendait beaucoup du réalisateur de DISTRICT 9, mais aussi le pitch de départ était assez séduisant sur le papier. Malheureusement, ELYSIUM rejoint le rang des déceptions pour cet été 2013, où les blockbusters et les films à gros budget ne se montrent pas tout à fait à la hauteur des promesses qu’ils nous avaient faites.
Quoi qu’il en soit, les grands maestros de la science-fiction au cinéma peuvent pour le moment dormir encore tranquilles : l’heure où leurs chefs-d’œuvre se verront bousculer dans leur suprématie, n’a pas encore sonné.
ELYSIUM, sortie en France le 14 août 2013.
[youtube]http://youtu.be/XERfUCVwKJM[/youtube]
http://www.facebook.com/Elysium.LeFilm
http://www.welcometoelysium.com
Article rédigé par Elle.
5 réponses sur « ELYSIUM, réalisé par Neill Blomkamp »
Voilà !
Après avoir eu un avis opposé sur Insaisissables, je vous rejoins sur Elysium.
J’aurai aimé en savoir plus sur cette superbe cité dans l’espace mais c’est raté…
J’ai soupiré et presque ri en voyant la fin arriver. Quel gâchis une fois de plus…
Heureusement, Canal plus rediffuse Stand by Me 🙂
Tu as tout à fait raison concernant le manque de temps passé sur Elysium, et c’est vraiment dommage car on a envie d’en savoir davantage sur cette cité !
Merci pour ton avis et ton commentaire 😉
À Bientôt.
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