LOIN DES HOMMES est une adaptation librement inspirée de « L’Hôte » d’Albert Camus, par le réalisateur David Oelhoffen dont c’est ici le premier film.
Ce long-métrage est la rencontre entre Daru, un instituteur des montagnes algériennes, et Mohamed, un fuyard accusé de meurtre. Ces deux hommes qui n’ont pas grand chose en commun, vont se croiser à l’aube de la guerre d’Algérie. Tous deux pourchassés et exclus par les autres, ils s’unissent et partent dans un exode à travers les montagnes de l’Atlas. De cette marche où va se jouer leur destin, les deux hommes en font l’occasion de se rapprocher pour mieux se comprendre, chacun cherchant à se libérer de son propre passé.
LOIN DES HOMMES est ce qu’on appelle un film d’acteurs, où tout repose en grande partie sur le jeu des comédiens. Un duo – ou un duel – entre deux hommes, deux acteurs qui par leur jeu exceptionnel nous font véritablement vivre une histoire. Et c’est à Viggo Mortensen (dans le rôle Daru) et Reda Kateb (qui interprète Mohamed) que revient ce challenge, et autant le dire aussi simplement que sincèrement, ils sont tous deux époustouflants !
L’alchimie entre les deux hommes est flagrante, et chacun cherche à mettre l’autre en valeur. Dans un jeu tout en justesse et en retenue, ils parviennent à être d’une émotion assez incroyable, et il est difficile de rester insensible à leur charisme respectif.
Que l’on se rassure, il ne s’agit pas non plus d’une simple démonstration du talent de ces comédiens, bien au contraire. On a affaire ici à un jeu humble et absolument au service du film et de l’histoire. Celle-ci évoque d’ailleurs des thèmes chers à l’écrivain Albert Camus, tels la liberté, la différence, et le rapport avec l’autre. Au-delà de ces deux acteurs qui crèvent l’écran, la mise en scène se révèle elle aussi un ravissement.
Pour un premier film, on peut même dire que la réalisation est plutôt bonne, et pour être plus exact, très juste. En effet, elle a parfaitement compris qu’elle se devait de rester sobre et en retrait. Jamais elle ne tombe dans la facilité d’être trop lourde ou insistante, comme par un usage trop appuyé de la musique. Absolument pas.
Il faut d’ailleurs noter que la bande originale est composée par Nick Cave et Warren Ellis. La musique est sobre et toute en finesse, à l’instar de la mise en scène qui a l’intelligence d’être là sans être vue.
LOIN DES HOMMES est aussi un agréable moment pour les yeux grâce à la photographie très soignée, et aux paysages de l’Atlas parfaitement mis en valeur. L’histoire se déroule dans le désert algérien (en réalité, pour des raisons de sécurité, le film a été tourné dans le désert marocain), et le réalisateur David Oelhoffen nous gratifie de très belles séquences dans les montagnes. Il a su parfaitement utiliser et exploiter ce décor naturel comme un personnage à part entière.
Traversée du désert exceptionnelle et profondément humaine, LOIN DES HOMMES nous offre un moment de cinéma magnifiquement interprété et intelligemment réalisé ! Un film qui parvient à nous émouvoir tout en restant plein de sobriété et d’humilité, pour en être finalement que plus sincère.
Page Facebook officielle du film LOIN DES HOMMES.
LOIN DES HOMMES, sortie en France le 14 janvier 2015.
[youtube]http://youtu.be/Z4XtbWIIni4[/youtube]
Article rédigé par Lui.
7 réponses sur « LOIN DES HOMMES : près du cœur »
Jolie film, un peu verbeux, un peu lent et parfois vieille France, comme celle de l’action, 1954. Pour en apprendre un peu (trop peu ?) sur le début de la guerre d’Algérie avec certaines de ces complexités. Mérite le détour pour ça, sa photographie et son côté western (low coast) mais qui fait relèvé bigrement la mise en scène. S’il faut aussi saluer la prestation de Mortensen, en fr et algérien svp, le jeu des acteurs, Kateb en tête, souffre un peu du partie pris général monotone de la réalisation.
Bonjour Widescreen,
Je te trouve un peu dur avec Reda Kateb que je trouve très bon, chacun son avis !
EN revanche, c’est tout à fait vrai que le film est très beau esthétiquement.
Merci pour ton avis, nous aimons beaucoup ce film, j’espère que d’autres auront envie de le voir.
Je trouve les acteurs très en retrait de leur perf habituelle. Comme dit, la faute au partie pris monotone et monocorde, plus dans l’intonation que dans le jeu à vrai dire.
Bonjour Widescreen,
Chacun sa sensibilité. Tout se joue dans le regard,c’est un jeu peu démonstratif, j’ai personnellement était très touché.
Merci beaucoup pour ton commentaire.
Bonjour,
Je trouve que le film est assez froid et distant vis à vis du spectateur : pas de musique extraordinaire dès le début, une histoire qu’on introduit très peu étant donné qu’on va apprendre à connaître les personnages au cours de leurs échanges entre eux, des scènes silencieuses qui pourraient rendre le film ennuyeux (voire par moment des dialogues difficilement compréhensible mais je ne sais si c’est un problème de son dans la salle de ciné dans laquelle j’ai vu le film ou tout simplement le film) mais ce n’est pas le cas du moins si on prend le temps de s’accrocher un peu pour ne pas flancher et j’avoue que les magnifiques décors ont eu ici leur rôle à jouer.
En clair je trouve que ce film maltraite son spectateur dès le début qui ne pourra se faire embarquer que s’il accepte cela. Et d’ailleurs cette aspect de dureté vis à vis du spectateur est le même que celui qu’avait développé Camus dans L’Etranger surtout de distance vis à vis du lecteur, même si le film s’éloigne de la nouvelle l’Hôte je trouve que le réalisateur manie les thèmes chers à Camus avec brio.
Il est cependant un léger point qui m’a fait soucis mais c’est de l’ordre du détail. Le jeu d’acteur est très bon mais on sentait l’accent anglais de Viggo Mortensen qu’on explique pas vraiment. Enfin personnellement ça m’a un peu gêné mais l’amie avec laquelle j’ai vu le film m’a dit que cela ne l’avait pas gêné je pense que c’est selon la sensibilité de chacun.
En résumé, un film à voir quoi qu’il en soit ne serait-ce que pour le thème de la tolérance abordée dans le film qui au vu de l’actualité est plus que jamais à l’ordre du jour !
Bonjour Josh_Castle
Merci pour ton avis complet et intéressant.
Je dirais pour ma part que le début du film est comme le lieu où il se déroule, aride et dur. On peut dire peu accueillant, je crois qu’il faut faire l’effort de se laisser porter par le charme des personnages. Ensuite, le film s’ouvre peu à peu comme les personnages, le tout étant dans une amitié virile qui se dévoile peu mais qui n’en n’est pas moins sincère. Un peu comme la quête d’une oasis, au début difficile mais le jeu en vaut la chandelle.
Quant à l’accent de Viggo Mortensen, au début c’est un peu déroutant ce léger accent c’et vrai qu’on a du mal à localiser par ailleurs. Ensuite, j’ai trouvé qu’on l’oublie.
Encore une fois, merci de ton opinion.
[…] Western en plein cœur de l’Argentine, JAUJA est aussi l’occasion pour nous de retrouver un acteur que nous apprécions beaucoup, le toujours impeccable VIGGO MORTENSEN, vu un peu plus tôt cette année dans le sublime LOIN DES HOMMES. […]