Film d’animation aux couleurs chaudes et avec une grande variété graphique, LE PROPHÈTE est un projet porté par Salma Hayek qui en est la productrice, et qui prête aussi sa voix à l’un des personnages.
LE PROPHÈTE s’inspire directement du livre du même nom du poète libanais Khalil Gibran, publié pour la première fois en 1923 et vendu depuis à plus de 100 millions d’exemplaires à travers le monde !
Pour porter cette œuvre sur grand écran, le réalisateur américain Roger Allers, spécialiste de l’animation, a sollicité la participation au projet de neuf artistes co-réalisateurs : Tomm Moore, Michal Socha, Joan Gratz, Nina Paley, Bill Plympton, Joann Sfar, Mohammed Harib, ainsi que Paul et Gaëtan Brizzi.
Sur l’île fictionnelle d’Orphalese, Almitra, une petite fille muette de huit ans, rencontre Mustafa, prisonnier politique assigné à résidence et poète. Contre toute attente, cette rencontre se transforme en amitié. Ce même jour, les autorités apprennent à Mustafa sa libération. Des gardes sont alors chargés de l’escorter immédiatement au bateau qui le ramènera vers son pays natal. Alors que la jeune Almitra suit Mustafa et les gardes en cachette, la petite fille réalise que les gardes ont en réalité un projet tout autre pour ce qui concerne le sort du poète Mustafa ! …
Projet complexe et ambitieux que de vouloir adapter au cinéma un recueil de poèmes, LE PROPHÈTE se révèle comme un film d’animation tout d’abord très réussi esthétiquement. En optant pour une animation en 2D et dans un univers graphique traditionnel, le réalisateur et ses co-réalisateurs nous livrent avant tout une jolie œuvre de cinéma. On aime tellement retrouver ce graphisme simple et loin du numérique, où l’on distingue les coups de crayons et toute la fluidité visuelle des personnages et des décors !
Les personnages ont une identité visuelle forte, un regard profond et très expressif, et l’on sent vraiment leur présence à l’écran, grâce à cette animation traditionnelle qui passe par le dessin.
Esthétiquement irréprochable, LE PROPHÈTE l’est en revanche un peu moins dans ce qu’il nous raconte et dans sa tonalité. Si l’on est baigné tout du long dans des décors colorés, chaleureux, dont le style aquarelle restitue merveilleusement toute la poésie, la douceur et l’invitation à l’évasion, on est également emporté dans un récit qui déborde de bons sentiments, presque jusqu’à l’excès …
Alors oui bien sûr, reprocher à un film de tenir un discours trop simpliste et excessivement humaniste, cela peut paraître étonnant, voire malvenu. Disons surtout que l’ensemble de ce que nous propose ce film d’un point de vue moral, manque un peu de nuance et de réalisme.
Bien évidemment, LE PROPHÈTE porte un message qui fait du bien à entendre, ultra positif, et dont on a plus que besoin, surtout ces temps-ci. Mais malheureusement, ce discours moralisant finit tout de même par lasser au bout d’un moment, presque englué dans trop de bons sentiments.
Pourtant, les différents personnages de cette histoire se révèlent très attachants, en particulier la petite Almitra, espiègle, malicieuse mais surtout fillette très intelligente. On aime aussi énormément le personnage central du récit, Mustafa, qui bénéficie en version française de la voix du chanteur Mika pour le doublage. Mika apporte une élocution particulièrement élégante, posée, calme et très douce à son personnage, et participe ainsi à la grandeur d’âme du personnage de Mustafa, dont on écoute les paroles et les poèmes avec beaucoup d’enchantement.
C’était assez compliqué de réaliser une adaptation cinéma du recueil de poèmes de Khalil Gibran ; ainsi, pour permettre de créer un fil conducteur dans le film, le réalisateur et aussi scénariste Roger Allers a choisi de placer au centre de son film l’histoire de Mustafa en utilisant des éléments narratifs divers issus du recueil. Puis à l’intérieur de cette histoire principale, il a inséré des séquences musicales sous forme de clips, avec des ruptures visuelles très marquées.
Pas évident d’adhérer à ce principe répétitif tout au long du film, qui peut avoir tendance à désarçonner un peu le spectateur, d’autant que certains de ces passages musicaux sont parfois un peu longs.
C’est difficile pour nous de dire du mal d’un film comme LE PROPHÈTE dont le message humaniste et positif est si nécessaire … Mais pourtant, d’un point de vue strictement cinématographique, le projet n’a pas réussi à emporter notre adhésion, en dépit d’un travail sur l’animation parfaitement réussi et visuellement merveilleux.
Reste que l’on ne se permettra pas de déconseiller ce film, accessible aux enfants dès 8 ans environ, et qui offre suffisamment de niveaux de lecture et de compréhension pour intéresser aussi bien le jeune public que les adultes.
LE PROPHÈTE, sortie en France le 02 décembre 2015.
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Article rédigé par Elle.
3 réponses sur « LE PROPHÈTE : liberté, je chanterai ton nom … »
On a vraiment besoin de ça pour le moment, il y a trop de haine dans le monde et beaucoup de violence
Ce film est simple et regorge de belle citation et d’un message d’espoir
Je connais le livre mais pas le film et j’espère que l’interprétation soit juste
Bonjour céline,
Merci pour ton commentaire. Si tu as lu le livre, alors tu devrais fortement aller voir le film pour voir comment il a été porté sur grand écran. Ça serait intéressant que tu nous dises ce que tu penses du travail d’adaptation. 🙂
À bientôt sur Go with the Blog !
Très content de ton retour, bien évidement j’irai voir la projection et je retournerai ici pour déposer 🙂 mon avis
A très vite