On n’est pas vraiment surpris de retrouver le réalisateur américain Antoine Fuqua (à qui l’on doit TRAINING DAY, SHOOTER TIREUR D’ÉLITE, ou encore récemment EQUALIZER) sur un projet de film de boxe : le metteur en scène a en effet toujours affectionné les univers violents, masculins, rugueux, où chacun doit souvent penser à sa propre survie.
Sur un scénario de Kurt Sutter (acteur et producteur de la série SONS OF ANARCHY), LA RAGE AU VENTRE s’inspire partiellement de la vie du rappeur Eminem.
Dans le film, le boxeur Billy Hope est au sommet de sa carrière à 43 ans : champion du monde dans sa catégorie, il n’a jamais perdu aucun combat. Mais son épouse aimerait le voir lever le pied, et songer doucement à arrêter la boxe.
Un soir, après un dîner de gala, un autre boxeur provoque Billy Hope dans le hall d’un palace. Les esprits s’échauffent, la tension monte, et dans l’agitation générale, un membre du service de protection de Billy Hope tire un coup de feu … et blesse mortellement la femme de Billy Hope. Déboussolé et s’enfonçant dans une spirale infernale, Billy doit, pour la première fois de sa vie, tout remettre en question.
Le cinéma américain a presque fait du film de boxe un genre à part entière. Évidemment, il est difficile de ne pas citer la saga culte ROCKY, autobiographie à peine masquée de la vie de Sylvester Stallone, ou encore le RAGING BULL de Martin Scorsese. Avec cet héritage (plutôt pesant) en ligne de mire, Antoine Fuqua s’attaque donc à un genre qui a déjà écrit ses plus belles lettres de noblesse au cinéma.
LA RAGE AU VENTRE s’ouvre sur une séquence de combat de boxe à l’atmosphère pesante d’entrée de jeu, tendue et nerveuse, mais qui propose également un parti-pris de mise en scène clairement affiché. Le réalisateur ne cherche pas forcément à faire du tape-à-l’œil, mais choisit plutôt de filmer au plus près de son acteur principal, Jake Gyllenhaal.
Et son comédien, il ne va finalement plus jamais le lâcher pendant un peu plus de deux heures ! Quasi omniprésent à l’écran, Jake Gyllenhaal porte LA RAGE AU VENTRE sur ses épaules très musclées, et aussi sur son visage souvent ensanglanté et tuméfié.
Vous vous en rendrez rapidement compte, le comédien s’est littéralement métamorphosé pour ce film ! Mais au-delà de la transformation physique, Jake Gyllenhaal a aussi su intégrer de nombreux petits trucs des boxeurs, dans sa manière de se mouvoir, de parler, de regarder vers les autres. Époustouflant et pièce maîtresse du film, Gyllenhaal impressionne une fois de plus, après le récent NIGHT CALL où il nous avait déjà mis au tapis par son interprétation magistrale !
Ce qui est intéressant avec LA RAGE AU VENTRE, c’est que les seconds rôles trouvent tous une vraie place dans le scénario, et ne se contentent pas d’être des faire-valoir à la prestation de Gyllenhaal. Ainsi, Rachel McAdams (certes présente dans seulement quelques scènes au début du film) s’octroie ici un rôle assez inédit pour elle, celui de la femme ultra sexy du boxeur millionnaire, mais qui derrière son allure assez superficielle, est en réalité la vraie décisionnaire de la carrière de son mari.
Mais surtout, dans la seconde moitié du long-métrage, on retrouve avec un bonheur inaltérable le toujours impeccable Forest Whitaker ! Dans un rôle un peu caricatural de l’entraîneur de quartier qui vit modestement, en proie à ses propres démons, Forest Whitaker apporte, le temps de quelques scènes, une densité supplémentaire au rôle de Jake Gyllenhaal, un supplément d’âme, et une dimension un peu plus universelle au récit.
À noter également au casting la présence du rappeur 50 Cent (de son vrai nom Curtis Jackson), qui se montre plutôt très juste dans un rôle de promoteur de boxe et manager, qui pense argent avant de penser à la santé de ses boxeurs, et qui n’est pas sans rappeler le célèbre Don King évidemment.
En plus de son casting, LA RAGE AU VENTRE bénéficie également de la direction photo soignée et particulièrement intense de l’italo-américain Mauro Fiore, oscarisé pour son travail sur AVATAR en 2009, et fidèle d’Antoine Fuqua avec qui il collabore ici pour la troisième fois.
De même, on ne peut passer outre le travail du compositeur (récemment décédé) James Horner sur la bande son du film, complété par une bande originale particulièrement marquante, pour laquelle le rappeur Eminem a signé deux titres originaux, « Phenomenal » et le touchant « Kings Never Die » en duo avec Gwen Stefani.
Cependant, cette dixième réalisation d’Antoine Fuqua ne tient pas tout à fait toutes ses promesses. En effet, son scénario un peu bancal et qui voudrait ramasser trop large, ne parvient pas totalement à trouver l’intensité et l’émotion que l’on pouvait attendre.
Ne s’assumant pas pleinement comme un film de boxe mais virant à la quête (et la reconquête) de l’enfant placé par les services sociaux, LA RAGE AU VENTRE passe finalement peu de temps sur les rings et dans les salles de boxe, mais davantage dans des scènes entre le père et la fille.
Si l’on perçoit aisément l’intention scénaristique – à savoir donner une grandeur d’âme à ce boxeur qui se bat (dans tous les sens du terme) pour récupérer sa fille placée en foyer par la justice -, le projet ne séduit cependant qu’à moitié. Car là où la saga ROCKY par exemple, réussissait merveilleusement à traiter de l’immigration, l’intégration, de l’ascension sociale tout en étant un pur film de boxe ultra captivant et attachant, LA RAGE AU VENTRE ne trouve pas exactement ce même équilibre.
La faute entre autres à des scènes de boxe qui ne trouvent pas leur véritable place dans le récit (on ne comprend pas bien dans la seconde partie du film, en quoi gagner un combat permettra à Billy Hope de récupérer le droit de garde de sa fille …), même si elles sont parfaitement maîtrisées en terme de réalisation malgré tout !
Pour autant, il ne faut pas absolument bouder son plaisir, et ne serait-ce que pour la prestation sans failles, intense et ultra investie de Jake Gyllenhaal dans ce rôle, LA RAGE AU VENTRE s’inscrit dans la liste des films indépendants à ne pas manquer cette année.
Les sites français sur Jake Gyllenhaal à suivre :
http://jakegyllenhaal.fr
http://twitter.com/GyllenhaalFR
LA RAGE AU VENTRE, sortie en France le 22 juillet 2015.
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Article rédigé par Elle.
7 réponses sur « LA RAGE AU VENTRE : sa fille, sa bataille »
[…] l’occasion de la sortie en salles le mercredi 22 juillet 2015 de LA RAGE AU VENTRE le nouveau film du réalisateur Antoine Fuqua, Go with the Blog est heureux de vous faire gagner […]
Viens de voir #LaRageAuVentre. Ce film est incroyable! Bluffée par le jeu des acteurs. Une histoire fascinante. C’est dur, émouvant, sportif… Jake Gyllenhaal et #OonaLaurence font une performance époustouflante. Ils portent admirablement bien le film. On entre dans le monde de la boxe avec finesse. Le réalisateur mène ce combat sans faux pas. Et la B.O signée Eminem est une tuerie! Sans doute le meilleur film que j’ai vu depuis longtemps!!! Allez le voir!!! PS: Merci pour les places!!!!
Bonjour Florek,
Merci beaucoup pour ton message très enthousiaste, cela fait très plaisir à lire !! 🙂
Nous sommes ravis que tu aies gagné des place sur notre Blog pour un film qui t’a autant emballé, c’est top.
À très bientôt sur Go with the Blog 😉
Film de boxe hyper classique avec un petit côté mélo pour en rajouté une couche. Le casting, Whitaker en tête, suivi par Mc Adams qui… trop vite, sauve la mise. Gyllenhall en net retrait, faute à un scripte banal ?, par rapport à ses derniers rôles.
Je pense pas que le film montre/dit que c’est de remporté un match qui lui feras regagner sa fille. Simplement d’être un homme capable de retenu, d’assumer une vie « normale ». Mais là dessus le film échoppe aussi avec sa justice (et son scénario) expéditive quand on lui retire sa fille.
Bonjour Widescreen,
Tu soulèves pas mal de points assez justes qui font vraiment que LA RAGE AU VENTRE, en dépit de son casting quasiment sans reproches, souffre de trop de faiblesses pour réussir son pari.
[…] certains longs-métrages récents qui ont voulu mettre en scène ce sport (on pense par exemple à LA RAGE AU VENTRE avec Jake Gyllenhaal), n’ont jamais su égaler le réalisme, la fluidité et l’énergie […]
[…] _ l’affiche officielle du film LOST RIVER _ l’affiche officielle géante du film LA RAGE AU VENTRE _ l’affiche officielle du film DIVERGENTE _ l’affiche officielle du film LA […]