Martin McDonagh, le réalisateur britannique à qui l’on doit déjà BONS BAISERS DE BRUGES, SEPT PSYCHOPATHES, ou encore SIX SHOUTER (Oscar du Meilleur court-métrage en 2006), nous revient avec son nouveau film 3 BILLBOARDS,LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE.
Déjà auréolé du Prix Orsella du Meilleur scénario à la Mostra de Venise en 2017, et couronné par quatre (!) Golden Globes début 2018, cette dernière création mérite – comme ses prédécesseurs – d’obtenir le succès escompté auprès du public.
3 BILLBOARDS nous plonge dans l’Amérique profonde, plus exactement dans une petite ville perdue au fin fond du Missouri, où la police préfère arrêter des noirs plutôt que se concentrer sur de vraies affaires criminelles. Ce qui ne plaît pas du tout à Mildred Hayes, dont la fille a été retrouvée morte quelques mois auparavant ; un crime pour lequel le coupable court toujours dans la nature. Pour faire bouger les choses et enfin avancer l’enquête, Mildred Hayes (Frances McDormand) fait alors afficher des messages controversés sur trois immenses panneaux, destinés au chef de police.
Plutôt accoutumé à tourner des comédies d’action fonctionnant à plein régime, 3 BILLBOARDS est un peu un ovni dans la filmographie de Martin McDonagh, mais on ne boude pas notre plaisir !
Le sujet du film, particulièrement difficile (la perte d’un enfant), ainsi que l’évocation de la douleur et l’incompréhension d’une mère, auraient pu plomber le film et le rendre très mélancolique. Mais il n’en est rien, puisque le scénario nous gratifie de répliques à l’humour noire irrésistibles, nous décrochant un sourire tout du long. Un pur moment de bonheur pour les amateurs du genre !
Une chose importante à savoir : Ne vous fiez pas au titre français !
3 BILLBOARDS,LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE ne rend absolument pas justice au film, puisqu’il n’est pas question de vengeance. Il s’agit plutôt là d’une culpabilité dévorante que doit porter Mildred Hayes, cette mère courage qui se sent en partie responsable de la tragédie dont a été victime sa fille, rejetant alors toute sa frustration et son désespoir sur le chef de la police locale.
Si l’on éprouve irrémédiablement de l’affection et de l’empathie pour ce personnage coriace, fort et sensible à la fois, un peu grossière mais sans pour autant choquer le spectateur, elle commet néanmoins des actes condamnables, poussée par son envie sans failles de bousculer les mentalités et forcer la police à retrouver le meurtrier de sa fille.
Cette peine que porte la mère comme un véritable fardeau, est ici remarquablement incarnée par l’actrice déjà multi-récompensée Frances McDormand ! Alternant sans peine sens comique et dramatique, son regard toujours froid et appuyé ne force jamais les larmes du spectateur à couler, ce qui est très appréciable dans ce genre de film. Son jeu nous emmène là où nous ne nous y attendons pas, et nous fait éprouver des émotions (beaucoup de rires aussi) qui surprennent.
Du côté des autres personnages, si l’on éprouve un sentiment presque compatissant et sympathique (de par sa maladie) à l’égard du chef de la police – interprété par le génial Woody Harrelson –, en revanche le personnage de Jason Dixon (sous les traits de Sam Rockwell), policier alcoolique et raciste, semble être le cliché même de l’image de la police américaine dépeinte dans cette histoire. Il est le type que l’on va adorer détester, du moins dans un premier temps …
Pour 3 BILLBOARDS, le réalisateur s’entoure à nouveau d’une partie de son casting qautre étoiles qu’il avait déjà dirigé dans 7 PSYCHOPATHES, à savoir Woody Harrelson, Abbie Cornish, Zeljko Ivanek, et Sam Rockwell. Et quel plaisir d’y croiser également Peter Dinklage (de la Série GAME OF THRONES) et le jeune Caleb Landry Jones (découvert dans ANTIVIRAL en 2013). Toute la distribution du film apparaît comme une évidence tant leurs personnages leur collent à la peau.
Un casting irréprochable, un scénario en béton, et une bande originale dépaysante, sont au service de ce film déroutant, capable de nous faire passer du rire aux larmes ! Avec son humour noir et corrosif, 3 BILLBOARDS dresse le sombre portrait d’une police américaine raciste, mettant alors sous les projecteurs leurs peurs et leur lâcheté.
3 BILLBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE, sortie en France le 17 janvier 2018.
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Article rédigé par Julie.
3 réponses sur « 3 BILLBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE, réalisé par Martin McDonagh »
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