LE FILS DE L’AUTRE, réalisé par Lorraine Levy

Qu’est-ce qui détermine la personne que nous sommes ?
C’est la question centrale posée par LE FILS DE L’AUTRE, le troisième film réalisé par Lorraine Levy.  Au moment où leur fils passe ses examens médicaux avant de faire son service militaire dans l’armée israélienne, les parents de Joseph découvrent que celui-ci possède un groupe sanguin absolument incompatible avec le leur. Et pour cause, il y a eu une erreur à l’hôpital où il est né, et Joseph a été échangé à la naissance avec Yacine, né le même jour que lui, enfant d’un couple palestinien installé en territoire occupé.

À la lecture de ce résumé, je vous vois déjà souffler à l’idée d’avoir affaire à un film soit politiquement et idéologiquement mièvre et manichéen, soit à une histoire ultra larmoyante sur la fatalité d’un destin injuste quand on n’est pas né du bon côté du mur (et au pire, des deux à la fois). Mais soyons bien clairs de suite, LE FILS DE L’AUTRE n’est ni l’un ni l’autre.

Tout d’abord, on ne s’attarde pas inutilement sur la question de l’inversion des enfants au moment de leur naissance. Sans crises de larmes ni débordements hystériques, les deux couples de parents qui apprennent la terrible vérité ne sont pas confinés dans des scènes dramatiques surjouées, et le scénario traite plutôt rapidement de cette situation de départ.

On aborde ensuite les questions que soulèvent véritablement le film, à savoir celles qui interrogent notre identité, notre personnalité, l’importance du déterminisme dans la construction individuelle des personnes, l’importance de l’éducation, de la religion … Qu’est-ce qui façonne réellement notre personnalité ? Est-ce que l’on est ce que nous sommes en raison de l’éducation que nous recevons, en raison de la religion dans laquelle on grandit, du pays où l’on vit ?

LE FILS DE L’AUTRE se garde bien d’apporter des réponses, laissant la liberté et la place au spectateur d’y réfléchir par lui-même. Si certains pourront reprocher au scénario d’éviter justement de se saisir à bras le corps de son sujet et de refuser de prendre parti, c’est peut-être en même temps une de ses qualités. Avec beaucoup de sobriété et de pudeur, les scènes entre les deux jeunes garçons brutalement en quête de leur identité contournent soigneusement les clichés, en particulier sur le sujet religieux et celui du conflit israélo-palestinien. Il ne s’agit absolument pas d’un film à visée politique, il faut bien s’entendre sur ce point. Le contexte géopolitique de cette histoire est un prétexte, il participe uniquement à interroger la religion et le déterminisme de notre existence.

Ce long-métrage n’est certes pas sans défauts, mais il faut vraiment souligner la pudeur dont il fait preuve. Et surtout, le casting dans son ensemble fonctionne parfaitement, Pascal Elbé en tête. Avec une économie de dialogues, il offre à son personnage de père et de colonel de l’armée israélienne une densité et une présence impressionnantes. De même Medhi Dehbi, Khalifa Natour ou encore Areen Omari sont très justes.
LE FILS DE L’AUTRE n’est pas un film politique ni un film religieux, mais une invitation à la réflexion et au questionnement individuel.

LE FILS DE L’AUTRE, sorti en France le 04 avril 2012.

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Article rédigé par Elle.

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