En plein cœur du Mexique ouvrier, la famille de Heli vit chichement, mais elle est avant tout soudée et heureuse. Heli travaille à l’usine avec son père, ce n’est pas tous les jours facile, mais il veut avant tout être honnête et travailleur. Il consacre aussi de son temps à s’occuper de sa petite sœur Estela.
Celle-ci tombe amoureuse de Beto, un ado plus âgé qu’elle et qui veut devenir soldat pour lutter contre le trafic de drogues. Malheureusement, Beto se retrouve impliqué dans des magouilles, et au Mexique les cartels ne rigolent pas et ne connaissent pas de limites ! C’est ce que va découvrir lourdement la famille de Héli. Le moindre faux-pas peut être fatal, et il faut pourtant apprendre à vivre avec cette crainte permanente. C’est cela HELI, un manuel de survie, avant et après.
HELI nous entraîne dans un paysage aride et sec, où la réalisation nous offre de superbes plans du Mexique ; mais tout ceci n’est qu’un artifice pour trancher avec le quotidien, dans les décors intérieurs des maisons beaucoup plus sombres et sinistres.
Dès les premières images de ce long-métrage, la violence fait rage, froidement, cruellement. On se la prend de plein fouet sans pouvoir encore la comprendre, les explications viendront par la suite, au moment de retracer le quotidien de cette paisible famille, jusqu’à ce déferlement de violence.
Autant le dire très clairement, nous ne sommes pas de nature à être habituellement choqués par la violence d’un film. Toutefois pour HELI, il nous paraît indispensable de prévenir que la violence ici est rude tant par sa cruauté que par sa froideur ; et comme le veut la formule la consacrée, âmes sensibles s’abstenir.
L’intérêt de ce film est de nous montrer le drame qui peut toucher une famille paisible et simple au Mexique, et surtout nous donner à voir un pan narratif souvent caché ou inexploité au cinéma, l’après : le temps du traumatisme et de l’éventuelle reconstruction. Et c’est dans cette seconde partie que le talent des acteurs est splendide, notamment celui de Andrea Vergara.
La mise en scène du réalisateur mexicain Amat Escalante y est aussi pour beaucoup : dépouillée, épurée à l’extrême, presque naturaliste. Elle nous plonge véritablement dans la vie de cette famille mexicaine rurale.
Dérangeant jusqu’à mettre mal à l’aise, difficilement supportable à voir pour certains, HELI est aussi un film intéressant grâce à sa mise en scène simple et efficace. Les comédiens très talentueux (et amateurs pour la plupart !) se sont mis au service d’un regard franc et ultra réaliste, porté sur une violence psychologique et invisible : celle de la banalisation.
HELI, sortie en France le 09 avril 2014.
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Article rédigé par Lui.