Présenté à La Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2015, L’OMBRE DES FEMMES est la 26e réalisation de Philippe Garrel.
Rejouant une partition bien connue au cinéma, celle du triangle amoureux, Philippe Garrel entraîne Stanislas Merhar, Clotilde Courau et la jeune Lena Paugam dans les tourments de la passion amoureuse, de l’adultère et des mensonges qui vont avec.
Tourné en 35 mm et en noir & blanc, L’OMBRE DES FEMMES détonne forcément dans la production cinéma des années 2000, comme si ce film était revenu du passé. Pourtant, il faut absolument dépasser les a priori et d’éventuelles réticences face au noir & blanc, pour découvrir dans ce film un traitement très juste de la relation amoureuse dans tout ce qu’elle a de complexe, de beau et aussi de tragique.
L’OMBRE DES FEMMES rappelle évidemment le cinéma de François Truffaut à bien des égards, en particulier les films autour du personnage d’Antoine Doinel (BAISERS VOLÉS, DOMICILE CONJUGAL, …), ou encore le sublime LA PEAU DOUCE par exemple.
Il y a aussi un peu de La Nouvelle Vague dans ce long-métrage : le recours au noir & blanc bien sûr, mais aussi cette manière de filmer les personnages en train de marcher avec des séquences de dialogues qui prennent leur temps, et puis dans l’usage de la voix off (ici, celle de Louis Garrel, qui prête seulement sa voix mais n’apparaît pas dans le film).
Variation sur le thème du triangle amoureux, L’OMBRE DES FEMMES se joue de son époque mais vise juste à plusieurs reprises dans ce qu’il dit de l’adultère et du mensonge au sein du couple.
Si Stanislas Merhar tient le rôle principal du film, celui de l’homme pris entre les feux de l’amour pour sa femme et sa maîtresse, c’est surtout Clotilde Courau qui retient toute notre attention. La comédienne illumine ce long-métrage par sa fraîcheur, sa justesse et sa simplicité, trouvant l’équilibre parfait entre l’épouse fragile blessée, et la femme amoureuse vaillante, qui ne renonce jamais.
On est en revanche nettement moins convaincu par Lena Paugam que l’on découvre ici, au jeu trop monotone et qui manque bien souvent de conviction et de charme.
Avec son charme à la fois suranné et intemporel, L’OMBRE DES FEMMES nous offre une peinture intéressante du vertige des sentiments et du trouble de la passion. Si ce drame amoureux pourra laisser certains un peu sur le bord de la route, il vaut la peine de se laisser porter par cette mélancolie douce amère qui transparaît en filigrane. Ce charme inaltérable d’un cinéma français qui se joue des modes et des époques, pour ne se focaliser que sur le plaisir de filmer les affres sentimentaux de la vie, portés par des acteurs au diapason que la caméra sublime à chaque instant.
L’OMBRE DES FEMMES, sortie en France le 27 mai 2015.
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Article rédigé par Elle.