GOOD KILL : l’anti TOP GUN

Good Kill - Go with the Blog - Affiche du film« Good Kill » est l’expression utilisée par les pilotes de drones lorsque la cible est touchée et détruite. Le Commandant Tommy Egan est un de ces pilotes : ancien aviateur militaire, le voici reconverti malgré lui à utiliser un joystick derrière un écran, pour diriger des frappes en Afghanistan alors qu’il se trouve bien en sécurité à Las Vegas, et qu’il rentre tous les soirs embrasser femme et enfants au chaud chez lui.
Toutefois, bien qu’éloigné physiquement du terrain de guerre, le Commandant Tommy Egan n’échappe pas au stress et à l’horreur de la guerre, même sur un écran, et à l’éventuel traumatisme qu’il en découle.

Ce sujet inédit au cinéma, la guerre à distance où les pilotes d’avion ne volent jamais, est ainsi au centre de GOOD KILL, nouvelle réalisation de Andrew Niccol (déjà réalisateur des cultes LORD OF WAR et BIENVENUE À GATTACA), qui une fois de plus enrôle Ethan Hawke pour tenir un personnage complexe et vraiment intéressant. 

GOOD KILL est un film particulièrement captivant, car il traite avec finesse d’une thématique inédite et contemporaine, celle de la nouvelle guerre via des drones où les frappes sont commandées à longue distance, tel un jeu vidéo. Le film d’Andrew Niccol nous dessine tout d’abord la situation très rapidement, et installe immédiatement le décor. On comprend vite comment fonctionne la guerre à distance, et on saisit toute son ambiguïté.
GOOD KILL - Image du film Ethan Hawke film Andrew Niccol 2015 - Go with the Blog
Le soldat en mission reste tranquillement sur le sol américain, dans une routine similaire à un métro-boulot-dodo ; mais malgré ce confort matériel, persiste la violence psychique de la guerre. Andrew Niccol renoue donc ici avec un de ses thèmes de prédilection, l’éthique et la balance entre le Bien et le Mal. 

Pour parfaitement mener cette réflexion et montrer cette guerre si singulière, Andrew Niccol fait confiance à un acteur qu’il connaît très bien, Ethan Hawke. Le comédien nous livre une très belle interprétation. Taciturne mais néanmoins expressif, il nous donne à voir avec justesse la crise que traverse son personnage, et la remise en question de tout ce qui l’entoure.

Le reste du casting est tout aussi juste, en particulier Bruce Greenwood et Zoë Kravitz (oui, la fille de). Seul le personnage incarné par January Jones (l’épouse du Commandant) est un peu en deçà et assez répétitif ; mais de manière générale, les scènes maritales sont clairement moins réussies que les autres.

Good Kill - Go with the Blog - Image

GOOD KILL s’empare de son sujet non pas avec une neutralité absolue – cela serait exagéré -, mais sans non plus tomber dans une diatribe. Le réalisateur souhaite avant tout montrer un nouveau genre de guerre encore assez mal connu, au-delà des simples images d’Épinal. 

La réalisation est bien maîtrisée, notamment les scènes de guerre virtuelles qui permet une lecture propre de la situation, et de ressentir toute la tension et les enjeux. La ville de Las Vegas est également filmée comme rarement au cinéma, bien loin des paillettes, des néons et de la grandiloquence habituelle. La photographie du film est par ailleurs superbe, visuellement c’est très beau (mais avec Andrew Niccol, on n’est pas surpris).

Good Kill - Go with the Blog - Image1

Seul bémol (mais de taille), la conclusion du film dénote avec la volonté d’ensemble d’être assez réaliste, mais surtout cette fin est très peu crédible et tombe d’un coup dans la caricature des personnages.
Ce point nous laisse un arrière de goût de déception, mais il ne faut pas oublier tout le reste car GOOD KILL s’appuie sur une mise en scène de grande qualité, et un discours passionnant et intense.

GOOD KILL, sortie en France le 22 avril 2015.

[youtube]http://youtu.be/nUJQAzI4QA0[/youtube]

Article rédigé par Lui.

2 réponses sur « GOOD KILL : l’anti TOP GUN »

La guerre n’est pas un jeu vidéo.

Moins d’ambitions niveau spectacle et scénario pour le dernier A. Niccol. Pourtant ce pourrait-être son meilleur film. Le plus virulent contre une société en dérive. Passant en revue les implications que porte son sujet, les drones comme outils de guerre économique en homme et en $. Moins de body bag à la tv, mais autant de traumatismes dans les esprits. Aiguisé par de brillants dialogues (incluant d’autres maladies de la globalisation toutes aussi violentes), avec les pour et les contre d’une politique sécuritaire et préventive, le film fait mal à une Amérique loin de ses idéaux de liberté et d’égalité mis en étendard. Ce film en colère, dans ces convictions, apporte un constat douloureux, presque viscéral, au fil de séquences et comptes à rebours répétitifs (cela peut gêner si l’on y trouve pas la clef)) où la malheureuse banalité de tuer à distance rend blême dans son fauteuil. Le grand film de l’après 11/9 et de ses folies.

D’accord pour la vision de Las Vegas ressentie pareillement. Et sa banlieue filmée comme les villages du moyen orient. Glaçant.
La fin semble un peu expédiée, oui. Mais n’est-ce pas son seul good kill possible ?
Ne se détruit-il pas lui-même, symboliquement, par rapport à sa femme ?

Merci Widescreen pour ton commentaire.

Ce long-métrage est en effet doté d’un discours fort car porté par des images à la fois simples et chargées d’émotions et de messages.
la fin laisse quelques interrogations, difficile de conclure un tel film. En tout cas, cette fin suscite le débat, et c’est déjà pas mal.

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