Début des années 90, tout est bousculé par l’arrivée du caméscope : d’un coup, chacun sans aucun moyen peut filmer ce qu’il veut.
Filmer, c’est justement le rêve de Victor, amateur de cinéma qui répète inlassablement dans sa chambre son discours pour la remise de son Cesar. Fraîchement débarqué de province, il arrive à Paris dans le 20ème arrondissement, quartier populaire et vivant où il fait la connaissance de Clara, Jean-Lou, Yasmina et toute une petite bande d’anarchistes désireux d’exprimer leurs opinions, leurs points de vue et leurs coups de gueule grâce à leur télé de quartier : Télé Gaucho.
TÉLÉ GAUCHO est une histoire romancée, née des souvenirs de jeunesse du réalisateur lui-même, Michel Leclerc. Bien qu’emprunt d’un léger discours politique, ce film est avant tout une vraie comédie. Foutraque, burlesque et dérision caractérisent l’atmosphère générale, qui entraîne le spectateur dans cette parenthèse de vie portée ici à l’écran. Tous les personnages sont ultra attachants aussi bien dans leurs qualités que dans leurs défauts, et surtout dans leur extravagance. On voit défiler une galerie de portraits hauts en couleurs, constituant une petite bande qui fonctionne parfaitement.
TÉLÉ GAUCHO est très clairement ce qu’on peut appeler un film choral : l’expression prend ici tout son sens car les comédiens jouent véritablement ensemble avec une générosité évidente, aucun ne semble tirer la couverture à soi, qu’il s’agisse des premiers rôles comme des autres. D’ailleurs, le film fonctionne le plus souvent avec des séquences de « bande » où les acteurs prennent toute leur place. Parmi eux, on découvre avec beaucoup de plaisir Félix Moati dans son premier grand rôle au cinéma, endossant parfaitement le costume de ce jeune adulte un peu perdu.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette petite troupe, parfois proche d’une troupe de cirque, est très amusante à suivre tant elle nous offre des séquences humoristiques. Les dialogues et les réparties font mouche – l’effet positif d’un film choral qui fonctionne -, et surtout une auto-dérision très forte provoque des scènes tout bonnement savoureuses. En effet, Michel Leclerc, qui ne cache pas ses opinions politiques, ne se prive pas pour titiller les mouvements d’extrême-gauche avec un regard à la fois complice et taquin. Ce sont d’ailleurs ces séquences où l’on voit toute la complexité et les contradictions des mouvements anarchistes qui sont les plus drôles, ce qui pourra inciter éventuellement un électorat de droite à aller voir ce long-métrage.
Autre attrait du film, TÉLÉ GAUCHO se dote d’une véritable ambiance festive et joyeuse, rendue notamment par une musique de fanfare ou de cirque qui, ajoutée aux qualités précédemment évoquées, participe à cette atmosphère burlesque présente tout du long.
Enfin, si le récit semble prôner l’anarchisme et le foutoir comme règle de vie, il n’en reste pas moins compréhensible et parfaitement accessible pour le spectateur. En effet, bien souvent ce type de projet devient vite très hermétique pour le public qui se sent abandonné en cours de route, et très extérieur à l’histoire qui lui est racontée.
Dans le cas présent, il peut sembler assez difficile de filmer un grand n’importe quoi comme cette Télé Gaucho, une télé de quartier sans queue ni tête, ni réelle ligne éditoriale. Pourtant, cette rocambolesque aventure reste cohérente avec une trame qui donne du rythme et évite de s’épancher trop longtemps sur des séquences interminables, bien au contraire !
Comédie colorée, vivante, et totalement sympathique, TÉLÉ GAUCHO se refuse à toute forme de prétention. Grâce à un casting qui fonctionne parfaitement, on prend part avec plaisir à cette ambiance festive et bon enfant, parsemée d’un humour espiègle et truculent.
TÉLÉ GAUCHO, sortie en France le 12 décembre 2012.
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Article rédigé par Lui.
Une réponse sur « TÉLÉ GAUCHO : ne zappez pas ! »
[…] De plus le personnage de Micha est joué avec finesse et justesse par Félix Moati, l’une des révélations de ces 3 dernières années, que l’ont a pu voir dans HIPPOCRATE, LIBRE ET ASSOUPI ou encore TÉLÉ GAUCHO. […]