Ellison Oswalt est écrivain, spécialisé dans les romans policiers inspirés de faits réels. En panne d’inspiration et avec la tenace envie de renouer avec le succès, il décide d’emménager avec sa femme et ses deux enfants dans une nouvelle maison, sans leur préciser que les précédents habitants du lieu ont été retrouvés pendus dans leur jardin. L’affaire n’a jamais été élucidée.
Dans cette grande demeure où il pense trouver matière à un prochain livre, Ellison fait l’étrange découverte dans le grenier de bobines de films en Super 8. S’imaginant tomber sur des films de vacances, il se retrouve avec les images de meurtres abominables de familles entières, horriblement mis en scène. Qui a filmé ces tueries, qui sont ces personnes assassinées, pourquoi ces films traînent-ils dans cette maison ? Toutes ces questions finissent par tourner à l’obsession pour Ellison …
On n’en peut plus de ces films d’horreur totalement dépourvus d’imagination et d’inventivité ! Justement parce qu’on aime les films d’horreur, on aimerait tellement voir des choses un peu neuves. Depuis que les distributeurs se sont aperçus qu’il y avait un (gros) public adolescent friand de ce genre de films, à condition de les édulcorer et de les simplifier au maximum, on se retrouve avec une flopée annuelle de films d’horreur tous moins inspirés les uns que les autres.
SINISTER, à notre grand dam, s’inscrit dans cette lignée. Déjà, quand on a une affiche de film qui met en avant le producteur et non le réalisateur, ça sent rarement très bon. Ici, on nous mentionne « par le producteur de PARANORMAL ACTIVITY et INSIDIOUS », soient deux films qui-font-peur qui ont plutôt bien marché au box-office (notamment américain), avec principalement une audience assez jeune. Or, on s’en fiche un peu de savoir qui produit un film, ce n’est en rien un gage de qualité, ce qui compte c’est celui qui le met en scène. Scott Derrickson est ici un illustre inconnu, mais ce n’est pas vraiment ce qui importe au fond.
Ce qui compte, c’est de proposer un projet avec un tant soit peu d’originalité, ou au minimum quelques bonnes idées. C’est vrai que ce n’est pas forcément facile de s’attaquer au genre du film d’horreur, car c’est un pan du cinéma extrêmement prolifique où tout semble avoir déjà été dit et fait. Alors souvent, les réalisateurs choisissent de retravailler autour d’un mythe déjà existant. Pourquoi pas. Mais encore faut-il être capable de prendre à bras le corps son sujet !
Ici, SINISTER part sur une idée pas franchement originale, mais on accepte ce postulat de départ et l’aspect classique du pitch. Malheureusement, ce long-métrage manque cruellement d’idées dans sa réalisation, les scènes d’angoisse sont affolantes d’ennui, rejouant sans cesse les mêmes gimmicks qui ne fonctionnent pas vraiment (portes qui claquent, vidéo projecteur qui se met en marche tout seul en pleine nuit, etc … Sérieusement, n’a-t-on rien d’autre à proposer au spectateur pour créer un climat angoissant ??!)
À cela s’ajoute un gros problème de mise en scène, en particulier pour les séquences de nuit : sur-éclairées par des lumières artificielles façon phares de voiture, elles échouent totalement dans leur projet de nous amener au plus près de l’inquiétude du personnage principal, interprété par Ethan Hawke.
D’ailleurs, puisqu’on en parle, on est contraint d’avouer que la crédibilité n’est pas non plus du côté de l’acteur, et l’on se demande un peu ce qu’il est allé faire dans ce projet. Comédien pourtant passionnant habituellement, ici son jeu est excessif, dépourvu de subtilité, et s’il transpire beaucoup et se donne du mal pour nous faire éprouver son angoisse, on reste tout de même très en marge de ce qu’il vit à l’écran, tant tout cela apparaît peu soigné.
Mais pour finir, le plus ennuyant avec SINISTER, c’est que le film rate complètement son sujet : en refusant d’exploiter la figure du boogeyman alors qu’elle est au cœur du propos, ce long-métrage passe à côté de ce qui aurait pu être intéressant et peut-être, aurait pu donner un peu d’envergure à l’ensemble. Mais le boogeyman est relégué au rang de prétexte scénaristique et de simple clin d’œil aux codes du film d’horreur, et l’on lui préfère une fin totalement délirante et peu crédible. Dommage.
SINISTER, sortie en France le 07 novembre 2012.
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Article rédigé par Elle.
Une réponse sur « SINISTER, réalisé par Scott Derrickson »
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