Pour ce film, tourné à l’automne 2014 et présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2015, il retrouve Isabelle Huppert qu’il avait déjà dirigée dans son précédent film, LA RELIGIEUSE (adaptation de l’œuvre de Diderot), et tourne pour la première fois avec Gérard Depardieu.
L’histoire de ce long-métrage ? Pour reprendre une réplique de Gérard Depardieu dans le film justement, « C’est une histoire de deuil ». Mais pas que …
Voilà donc Gérard et Isabelle (les personnages ont les même prénoms que les acteurs), couple divorcé depuis de nombreuses années, qui sont amenés à se retrouver dans la « Vallée de la Mort », grand bassin désertique situé en Californie (rappelez-vous ZABRISKIE POINT d’Antonioni). Ces retrouvailles se font sur l’invitation de leurs fils, Michael, qui s’est suicidé quelques mois auparavant et qui leur a laissé à chacun une lettre posthume.
Dans ce décor aride et majestueux (il faut voir Gérard Depardieu traîner sa carcasse, chemise grande ouverte, et maugréer contre la « putain de chaleur » !), les deux protagonistes vont devoir se confronter à eux-mêmes et affronter leur passé et les non-dits. On aborde là les questions inexpliquées sur le suicide de Michael, leur propre parcours à chacun depuis leur séparation, le temps qui passe et l’impression de ne pas en avoir la maîtrise (le personnage d’Isabelle Huppert évoque par exemple un de ses fils, et confesse ne pas l’avoir vu grandir, ne pas l’avoir vraiment suivi depuis son adolescence).
Le réalisateur Guillaume Nicloux filme ces moments où s’entrecroisent l’incompréhension face à un certain passé, la nostalgie, la mélancolie, la curiosité de l’un envers l’autre, la tendresse fugace où pendant quelques instants, les liens existants entre les deux personnages renaissent. Tout cela est bien évidemment très bien interprété par les deux acteurs, en particulier Isabelle Huppert parfaite au niveau de l’expression et de ses intonations.
Le réalisateur greffe à cette histoire une dose de mysticisme, qui s’insère parfaitement dans le cadre désertique de VALLEY OF LOVE : des signes de la présence fantomatique de Michael, présence invisible dans une chambre d’hôtel, … Si le personnage de Depardieu semble perplexe face à cela, Isabelle Huppert manifeste un penchant dans la croyance en ces phénomènes.
Ce film pourrait n’être qu’une simple réflexion, certes intéressante, sur les sujets évoqués plus haut. Mais Guillaume Nicloux a choisi en plus de cela de mettre en abyme les deux acteurs, en particulier Gérard Depardieu. Celui-ci incarne en effet un acteur « from Châteauroux » ayant une certaine notoriété, au point d’être reconnu par un couple de touristes Américains. Le voici donc questionné par ce même couple sur sa carrière (tiens tiens, le bilan de son parcours, de sa vie là encore), sur Hollywood.
Gérard Depardieu se prête au jeu avec désinvolture, et il n’hésite pas à tirer un bilan faussement dévalorisant de sa carrière (« J’aurais pu tourner dans les trois PARRAIN, BLADE RUNNER, … »). Le personnage se confond ici bien évidemment avec l’acteur, lui-même souvent adepte de ces déclarations où volontairement (?), il minimise son parcours et joue (pour notre plus grand plaisir dans le film) avec son image d’homme fantasque, ayant gâché certaines opportunités dans sa carrière de comédien à cause de cela.
Ce croisement Depardieu personnage/Depardieu acteur est renforcé d’autant plus si on met en parallèle Michael le fils dans le film, et Guillaume Depardieu, le fils disparu trop tôt.
VALLEY OF LOVE, sortie en France le 17 juin 2015.
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Article rédigé par Thibault.
3 réponses sur « VALLEY OF LOVE : Isa et Gégé partent en voyage »
J’aimerais le voir pour les paysages, je suis fan de ce coin des US… La critique donne assez envie.
Bonjour oliviacmoi,
On adore aussi cette partie des États-Unis, il y a tellement à voir ! Les paysages sont dingues, si différents … !
Le film en livre justement de belles images 😉
À bientôt sur Go with the Blog !
Je crois bien que pour la superbe vallée de la Mort que j’ai eu l’occasion de visiter, je vais aller voir ce film, même si Depardieu ….