Fabien Onteniente réalise depuis une vingtaine d’années maintenant des comédies dont l’adjectif ‘populaires’ frôle presque l’euphémisme. Ami du box-office, il est beaucoup moins celui des critiques cinéma. Porté en disgrâce par une certaine intelligencia, il poursuit envers et contre tous sur sa lancée.
Et ce n’est visiblement pas avec TURF que les choses devraient changer. Dans la droite lignée de ses prédécesseurs, ce dixième long-métrage use des mêmes codes et des mêmes ficelles. Enfin, pas tout à fait. Et si on dépasse un peu les commentaires au ras des pâquerettes, il est intéressant de noter quelques changements pas anodins dans la recette Onteniente.
TURF c’est l’histoire de quatre amis qui, depuis des années (qu’ils ont cessé de compter), usent leurs fonds de pantalons sur les chaises du bar où ils viennent enregistrer leurs paris hippiques. Éternels losers, ils ont englouti depuis tout ce temps des sommes importantes dans les courses. Un jour, Freddy (Edouard Baer, l’un des quatre amis parieurs) leur propose d’envisager une nouvelle stratégie pour devenir enfin les rois des hippodromes, et pénétrer ce milieu qui les fascine : rassembler leurs économies à chacun et acheter ensemble un cheval de course.
Le quatuor est ici formé d’Edouard Baer, Alain Chabat, Phlippe Duquesne, et Lucien Jean-Baptiste. Un casting qui surprend car aucun de ces comédiens n’avait travaillé avec Fabien Onteniente jusqu’à présent. Et l’on est aussi un peu surpris par ces choix car traditionnellement, le réalisateur et scénariste français aime à s’appuyer sur des acteurs alors en pleine vague de popularité (Bruno Solo et José Garcia dans JET SET, Franck Dubosc dans DISCO, CAMPING 1 & 2). Non pas que ces quatre là soient méconnus du grand public, mais force est de constater que l’on n’est pas forcément sur le même genre de comédiens, et encore moins sur le même genre d’humour.
Edouard Baer porte TURF à bout de bras, il faut le reconnaître, et en dépit du nombre de guests absolument considérable qui font de furtives apparitions (il est vivement conseillé d’avoir les yeux partout à chaque scène, car vous n’êtes pas à l’abri d’apercevoir un Thierry Roland dans le fond de l’écran), l’essentiel de la visée comique du film repose sur sa prestation. Ses camarades de jeu sont nettement plus en retrait. On est déçu par le personnage interprété par Alain Chabat, finalement très convenu (on en attendait davantage), et dont le couple qu’il forme avec Héléna Noguerra n’est franchement pas bien intéressant.
Seul Philippe Duquesne tire un peu son épingle du quatuor. Mais surtout, TURF apporte quelques bons moments essentiellement lorsque les quatre sont ensemble à l’écran. A contrario, les scènes de vie individuelles des personnages cassent la dynamique et n’apportent pas grand chose.
TURF est un drôle de film dans la filmographie d’Onteniente. Il commence comme une sorte de CAMPING ou de 3 ZÉROS qui se déroule au bar PMU du coin, pour ensuite dévier dans une seconde partie vers un JET SET hippique. Clairement, la deuxième moitié du long-métrage est plus agréable : le quatuor tourne à plein régime, les personnages secondaires sont plus hauts en couleurs (Valéry Zeitoun), et on gagne surtout en rythme.
TURF ne réussit pas vraiment à égaler ce qui reste à nos yeux le film le plus plaisant chez Onteniente, à savoir JET SET. Un peu trop bancal et parfois hésitant, TURF avait pourtant de la suite dans les idées, mais celles-ci auraient gagné à être peut-être un peu plus folles et à lâcher prise complètement. Reste quelques bons moments, que l’on doit principalement à Edouard Baer, toujours impeccable et capable de rendre drôle n’importe quelle ligne de texte.
TURF, sortie en France le 13 février 2013.
[youtube]http://youtu.be/cMEe_uugJwc[/youtube]
Article rédigé par Elle.
3 réponses sur « TURF : au galop ! »
[…] d’assister à l’avant-première exceptionnelle il y a quelques jours à Paris du film TURF, la nouvelle comédie de Fabien Onteniente, en présence de toute l’équipe du film, excusez […]
Gros bide en 1ere semaine pour ce film (200 000 entrées environ soit autant que Camping 2 le 1er jour de sa sortie). Est ce que le sujet touche un public moins large que le camping ou le foot ? Ou bien, lassitude du public par rapport aux comédies « faciles » d’Onteniente ? Je ne sais pas trop, mais cela me surprend un peu cette grosse contre performance au box office.
Je suis passée à côté de ton commentaire, je ne l’avais pas vu, oups …
Pour tenter une hypothèse à tes questions, j’irais plutôt chercher du côté du casting. Comme je le disais dans mon article, TURF mise sur un quatuor de comédiens intéressants et connus, mais qui n’ont pas l’aura populaire d’un Franck Dubosc ou d’un José Garcia. Je pense que ça a joué, car le public des films d’Onteniente se déplace aussi (et surtout, j’ai envie de dire) pour les acteurs et l’attachement qu’ils ont pour eux. Il semble évident que Baer ou Chabat, que j’apprécie beaucoup, paraissent moins en adéquation avec ce public, et aussi moins dans cette mouvance populaire.
Par ailleurs, le sujet me semble également moins enthousiasmant que ne pouvaient l’être ceux de CAMPING ou encore JET SET.