S’inspirant du récit autobiographique poignant de Fanny Ben Ami intitulé « Le Journal de Fanny », ce long-métrage est le troisième signé de Lola Doillon.
Durant l’Occupation, un groupe d’enfants juifs tentent de rejoindre la frontière suisse. D’abord conduit par la femme qui tenait la pension où ils étaient cachés, les enfants se retrouvent ensuite livrés à eux-mêmes. La jeune Fanny, 12 ans, n’a alors pas d’autre choix que de prendre la tête du groupe et de tout faire pour que le périple aille jusqu’à son objectif : celui de la survie.
LE VOYAGE DE FANNY aurait pu être un épouvantable mélodrame assommant … mais Lola Doillon tient sans doute en héritage cette délicatesse et cette sobriété dans sa manière de filmer les enfants. La jeune réalisatrice livre ici un film évidemment bouleversant, mais surtout fait preuve d’une extrême justesse dans sa façon de diriger de très jeunes comédiens.
Lola Doillon semble se passionner à filmer la jeunesse, puisque c’était déjà le sujet de son tout premier film tourné avec des adolescents non professionnels, ET TOI, T’ES SUR QUI ?
Néanmoins, changement total d’atmosphère ici, puisque LE VOYAGE DE FANNY se rattache à une période sombre de l’Histoire de France. Servie par un brillant casting d’enfants, dont certains sont vraiment très jeunes, cette histoire bouleverse le spectateur, mais témoigne aussi du courage presque inconscient de ce groupe de gamins qui ne mesurent pas toujours le risque insensé de leur périple.
Filmé à travers la campagne française, LE VOYAGE DE FANNY est également le récit d’une aventure à travers les villages d’une France occupée, comme une sorte de parcours initiatique vers l’âge adulte, pour des enfants à qui le destin a demandé de grandir trop vite.
On peut comprendre que certains aient des réticences – tout à fait légitimes -, à aller voir ce film, de peur d’avoir à faire à un tire-larmes. Mais vous pouvez nous faire confiance, Lola Doillon a réussi à trouver ici le ton juste et l’équilibre cinématographique pour raconter cette histoire vraie (il faut le rappeler), sans en faire plus que ce qu’il ne fallait.
Parce qu’elle n’est pas la fille de son père pour rien (le réalisateur Jacques Doillon), Lola Doillon semble avoir trouver une approche émotionnelle du cinéma avec des enfants qui fonctionne particulièrement bien, et dont le curseur émotionnel n’est jamais excessif. Avec LE VOYAGE DE FANNY, on pense notamment à un film de Jacques Doillon, le bouleversant PONETTE réalisé en 1996 : sur un sujet très différent (mais avec cette même absence des parents), ces deux longs-métrages relèvent le très difficile challenge de filmer des enfants très jeunes, et de saisir la fébrilité et la naïveté de leurs émotions.
LE VOYAGE DE FANNY se révèle comme un film à hauteur d’enfants évidemment sensible, mais surtout d’une grande justesse, qui prône l’entraide, la solidarité, et rappelle la vraie définition du courage.
Page Facebook officielle du VOYAGE DE FANNY.
LE VOYAGE DE FANNY, sortie en France le 18 mai 2016.
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Article rédigé par Elle.