Faire un film sur le milieu de la finance est tentant et terriblement d’actualité, pourtant il s’agit d’un défi très complexe, chose qui ne semble pas effrayer J.C. Chandor, auteur de sa première réalisation avec MARGIN CALL.
Le thème abordé est très peu traité dans les salles obscures et pour cause, il n’est que très peu cinématographique, très bavard, virtuel et technique. Par conséquent, il peut devenir rapidement ennuyeux. Néanmoins, ce huit clos – quasiment l’intégralité des scènes ont lieu dans le même building voire le même étage – ne perd pas le spectateur et parvient à nous immerger pleinement dans l’univers des traders.
L’histoire est assez simple : un jeune trader se rend compte au cours d’une nuit de travail avancée que l’agence pour laquelle il travaille est sur le point de faire faillite. Il remonte l’information à son supérieur, et c’est le début d’une course contre la montre : il faut trouver une solution avant l’ouverture des marchés, le lendemain matin.
MARGIN CALL réussit le pari d’être un bon film sur une thématique complexe notamment grâce à une pléiade de très bons comédiens (Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto …), un critère indispensable pour un long-métrage qui ne s’appuie que sur les dialogues. Ces derniers sont par ailleurs suffisamment simples et pertinents pour à la fois permettre de comprendre la trame scénaristique et comprendre les enjeux.
L’ennui n’est jamais au rendez-vous car malgré ce danger invisible (une faillite boursière), le réalisateur parvient à créer une tension palpable et à mettre en place des intrigues parallèles qui sont bien souvent le fruit d’égos et d’ambitions exacerbés par le pouvoir et les salaires mirobolants en jeux.
De plus, le film ne se veut pas ni caricatural ni manichéen, bien au contraire ; nous avons une vision globale et sans concession du monde de la finance, de la banque et plus généralement du travail. Le licenciement est abordé de manière très réelle et crue, permettant ainsi de créer une forme de compassion pour les personnages qui, aux premiers abords, nous paraissent bien éloignés ds préoccupations des citoyens lambdas. C’est cependant le léger bémol de ce long-métrage, certains personnages ou certaines scènes nous touchent un peu moins ou nous laissent quelque peu de marbre car il est parfois difficile d’avoir une sincère empathie.
Toutefois, c’est avec réussite et plaisir que MARGIN CALL nous fait assister à la genèse d’une crise financière mondiale, qui n’est pas sans nous rappeler celle générée par Lehman Brothers Investissements.
Anecdote : La mention de Lehman Brothers Investissements n’est pas superflue car MARGIN CALL comporte un clin d’œil à cette société désormais connue, puisque le nom du chef de direction dans le film ressemble étrangement au nom de l’ex-PDG de la véritable banque d’affaires.
MARGIN CALL, sorti en France le 02 mai 2012.
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Article rédigé par Lui.
5 réponses sur « MARGIN CALL, réalisé par J. C. Chandor »
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