LOOPER : face à son futur

LOOPER débarque en salles avec un casting alléchant (Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt entre autres), et un réalisateur plutôt méconnu, Rian Johnson. Que peut-on donc bien attendre de tout cela ?

Avant tout, une histoire qui nous emmène alternativement dans un certain futur, et un présent qui est aussi le passé (ne partez pas, ce n’est pas si compliqué !).
Dans ce futur proche, Joe est un looper, c’est-à-dire un tueur qui élimine des cibles désignées par la mafia. La particularité de ces exécutants, c’est qu’ils interviennent dans le passé qui est en fait notre époque, notre présent, grâce à une machine à remonter dans le temps interdite et seulement utilisée par les bandes organisées. Les affaires de Joe marchent très bien, jusqu’au jour où l’homme en face de lui qu’il doit abattre, n’est autre que lui-même, trente ans plus tard …

Rian Johnson est vraisemblablement un homme de défis, car ce projet n’est qu’une somme de challenges … parfaitement réussis !

Le premier consiste à réaliser un film emprunt d’influences : on pense à INCEPTION, AKIRA, ou encore TERMINATOR. Mais grâce à une mise en scène inventive et une certaine forme d’originalité, il contourne intelligemment le piège du plagiat. Et c’est plutôt réussi parce que le réalisateur s’approprie un esthétisme qui lui est propre. Certaines scènes sont superbes, soit dans un registre très épuré, soit au contraire dans quelque chose de très démonstratif (notamment une scène en pleine campagne).
Cet esthétisme se prolonge ensuite dans la vision du futur que donne à voir Rian Johnson : plutôt que de créer un énième futur ultra moderne, très avancé technologiquement, il préfère opter pour un avenir sombre et surtout profondément bouleversé du point de vue sociologique. La mafia contrôle le monde, les inégalités sociales sont aggravées, et la décadence est de rigueur.


Un autre défi de taille dans LOOPER consiste à échafauder un scénario tout à la fois complexe, compréhensible, et sans failles. Là aussi, il faut admettre que le pari est amplement relevé. À aucun moment le spectateur ne se sent exclu ou perdu : il prend du plaisir à suivre les aventures de Joe, ou plutôt « des » Joe, celui qui vient du futur interprété par Bruce Willis, et celui du présent incarné par Joseph Gordon-Levitt (autre difficulté qui fonctionne parfaitement).
Il est agréable de voir un projet qui ne prend pas le spectateur pour un idiot crédule, tout en lui proposant un pur divertissement.

Enfin, le casting finit d’apporter son lot de réjouissances. Bruce Willis retrouve ici un personnage à sa hauteur ; Joseph Gordon-Levitt s’émancipe pour montrer qu’il est un peu plus qu’une belle gueule (il faut dire que son rôle ici met sévèrement à mal son visage !). De son côté,  Emily Blunt certes dans un rôle discret, offre une composition très juste. Et puis comment ne pas mentionner Jeff Daniels qui bouffe l’écran à chacune de ses apparitions en tant que chef de la mafia.

Ambitieux, LOOPER mêle les genres (science-fiction, film d’action, thriller d’anticipation), tout en restant cohérent et humble. Ces deux mots définissent d’ailleurs très bien ce long-métrage, on a affaire ici à un cinéma sans prétention outrancière, mais avec un réel souci de divertir en donnant du sens. On ressort de la salle conquis, avec la ferme intention de suivre ce réalisateur de près !

LOOPER, sortie en France le 31 octobre 2012.

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Article rédigé par Lui.

 

8 réponses sur « LOOPER : face à son futur »

J’ai été nettement moins emballé que toi. Au rayon des déceptions : le personnage de Kid tout à fait inutile, la coïncidence bidon qui ne sert qu’à impliquer émotionnellement le spectateur (un des potentiels RM est justement le fils de la prostituée que Joe fréquente), pas mal d’astuces à la Nolan (la main dans les cheveux, Abe conseillant à Joe d’aller à Shangaï etc…) entre autres. Par contre c’est bien mis en scène et pas trop mal scénarisé

Merci pour ton commentaire.

Le personnage de Kid, en effet, n’est pas très intéressant mais il ne représente qu’un petit bout du film. On le regarde comme on l’oublie. C’est surtout comme tu le soulignes la mise en scène et le scénario qui sont la force de ce film.

Très juste tes impressions!
En tant que fille (eh oui) autant dire que les films d’action ne sont pas ma passion. C’est donc un peu en traînant des pieds que je suis allé voir celui-là et franchement bonne surprise. Pour une fois un film de bonhomme qui n’en fait pas des caisses (et qui est donc agréable à regarder!): scénario, jeu d’acteur, décor, scènes d’action, hémoglobine, gadgets… point trop n’en faut. Et puis il faut le dire: le héros est beau et Bruce Willis est bon!
Alors les filles si on vous y traîne de force vous pouvez dire oui!

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