Tout le monde n’a pas perdu de l’argent lors de la terrible crise financière des subprimes en 2007. C’est ce que nous raconte en substance THE BIG SHORT : LE CASSE DU SIÈCLE, un film tout à la fois passionnant, violemment cynique, fascinant, et terriblement flippant.
Librement adapté du bouquin de Michael Lewis « The Big Short: Inside the Doomsday Machine » (qui se focalisait plutôt sur la bulle immobilière des années 2000 aux États-Unis et la fièvre des crédits immobiliers dans le pays), THE BIG SHORT ressemble à une comédie sous amphétamines, pour mieux prendre le visage d’un monstre incontrôlable au fur et à mesure que le récit progresse. Un récit qui nous entraîne au cœur de la machine infernale de Wall Street, en 2005, soit donc deux ans à peine avant le début de la crise des subprimes.
C’est à ce moment que quelques malins visionnaires, venant d’horizons très différents mais gravitant tous dans l’antre de Wall Street, vont anticiper la crise financière à venir … et décider de parier contre les banques pour décrocher le jackpot !
Annoncer qu’un film traite d’histoires de placements financiers, de malversations boursières, et de crise des marchés financiers, sur le papier ça ne sonne pas comme particulièrement attrayant. Et pourtant, c’est le pari que fait THE BIG SHORT en décidant dès les toutes premières secondes de rendre accessible au commun des mortels ce charabia de la finance.
Et pour mieux nous accompagner dans ce qui est annoncé comme un hold-up en col blanc à Wall Street, le film opte pour un narrateur au ton impertinent et subjectif, et qui n’hésite pas à interpeller directement le spectateur (et comme ce narrateur c’est Ryan Gosling, on est plutôt partant(e) … ).
Alternant entre profond cynisme et second degré déstabilisant, THE BIG SHORT se refuse de choisir. Mais le film frappe fort et tape juste surtout. Car derrière son ton ultra sarcastique, l’audace folle de ses personnages, et leur violence morale insolente, THE BIG SHORT nous donne à voir l’envers d’un décor peu reluisant, où chacun abat ses cartes avec un profond égoïsme, sans se soucier des conséquences sur les autres, ne jaugeant les situations qu’en fonction de leurs intérêts propres.
Il n’est pas impossible que le parti-pris formel du film, ainsi que son ton et son montage singulier et brutal par moments, laissent un peu sur le bord de la route certains spectateurs. Néanmoins, THE BIG SHORT a un sérieux atout : c’est son casting irréprochable !
Avec à sa tête un Christian Bale flippant, anxiogène et vraiment épatant une fois encore, ce casting offre également un formidable rôle à Steve Carell, qui ne cesse de nous impressionner après sa prestation marquante dernièrement dans FOXCATCHER.
À leurs côtés, Ryan Gosling et Brad Pitt se montrent sous leurs meilleurs jours. À noter que Brad Pitt s’est beaucoup investi dans le projet de ce long-métrage qu’il co-produit également. Par ailleurs, il est familier de l’écrivain Michael Lewis puisque c’était déjà un autre livre de cet auteur qui avait servi de base au film LE STRATÈGE (MONEYBALL en VO) dans lequel Brad Pitt tenait le rôle principal.
THE BIG SHORT réussit à nous tenir en haleine sur un sujet complexe, bavard, et surtout très technique. Si la tentative de vulgarisation opérée par le film et son réalisateur Adam McKay passe par des idées plutôt géniales (= les interventions de Margot Robbie et Selena Gomez en guests), elle ne parvient pas forcément toujours à rendre l’ensemble des tractations financières ultra limpides et facilement compréhensibles.
Mais ce défaut n’est que peu gênant. Le rythme du film, l’ensemble des acteurs (y compris les seconds rôles), et la force du sujet traité ici font le reste, le tout servi par d’excellents dialogues ainsi qu’une une étonnante bande originale assez années 90, particulièrement plaisante.
Aussi cynique que son sujet, ce film brille par son casting impeccable et absolument réjouissant, et des dialogues aux petits oignons. Beaucoup moins académique que le brillantissime MARGIN CALL sur le même sujet, THE BIG SHORT : LE CASSE DU SIÈCLE emporte tout de même la mise sans hésitation.
Page Facebook France de THE BIG SHORT.
THE BIG SHORT : LE CASSE DU SIÈCLE, sortie en France le 23 décembre 2015.
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Article rédigé par Elle.
3 réponses sur « THE BIG SHORT : LE CASSE DU SIÈCLE : l’argent ne dort vraiment jamais »
[…] militant de la communauté gay est joué par l’excellent Steve Carell (THE BIG SHORT, FOXCATCHER), qui amène de l’humour et de la légèreté dans ce récit complexe et intense. […]
[…] – THE REVENANT Meilleur Scénario adapté : Charles Randolph et Adam McKay – THE BIG SHORT Meilleur Scénario original : Josh Singer et Tom McCarthy – SPOTLIGHT Meilleure Musique […]
[…] dans MARGIN CALL en 2012, ce séisme économique était aussi récemment au cœur du film THE BIG SHORT en 2015, dans une approche plus singulière et plus centrée sur quelques cas bien spécifiques. […]