MICHAEL KOHLHAAS : Mads Mikkelsen en français pour Arnaud Des Pallières

Un an après avoir remporté le Prix d’interprétation masculine pour LA CHASSE, Mads Mikkelsen revenait à Cannes en 2013 pour nous présenter MICHAEL KOHLHAAS du réalisateur français Arnaud Des Pallières. Adaptation d’une nouvelle allemande du XIXème siècle, MICHAEL KOHLHAAS a déjà été porté une première fois à l’écran en 1969 en Allemagne de l’Ouest, mais de manière plus discrète.
C’est l’histoire, au XVIème siècle, d’un marchand de chevaux aux valeurs profondes et sincères, qui mène une vie tranquille et assez prospère, jusqu’au jour où il est victime de l’abus de pouvoir du seigneur de sa région. Touché dans son orgueil et sa fierté, il décide de prendre les armes et de mener une fronde locale, dans l’unique but de se voir reconnaître ses bons droits.
Cette aventure peut nous faire penser à un BRAVEHEART dans une moindre mesure, mais en territoires français. En effet, bien que l’histoire originelle se déroule en Allemagne, le réalisateur a pris le parti d’adapter la trame en France et en français, malgré la nationalité danoise de son acteur principal. Bien lui en a t-il pris ?

En tout cas, du temps et de la patience il en a fallu à Arnaud Des Pallières pour réaliser son film. Cela fait vingt cinq ans qu’il a ce projet en tête. Trois années de collaboration ont également été nécessaires entre lui et son acteur principal, notamment parce que Mads Mikkelsen a souhaité apprendre un minimum le français pour comprendre son texte, et non le réciter machinalement.

Et il faut bien reconnaître que Mads Mikkelsen a effectivement dû beaucoup travailler. Si ses premières répliques sont un peu déconcertantes, très vite on s’habitue à son léger accent pour finir par l’oublier totalement. Surtout, ce long-métrage démontre – s’il l’était encore nécessaire – que l’acteur danois a un talent exceptionnel. Quasi présent dans toutes les scènes, il irradie l’écran de son charisme. Dur, impénétrable et en même temps touchant, il livre une prestation de haut niveau durant deux heures.

MICHAEL KOHLHAAS est un film qui prend le temps de se construire. Les silences valent autant que les dialogues, mais il faut dire qu’avec le brio et le regard pénétrant de son acteur principal, Arnaud Des Pallières peut se le permettre. Même si certains peuvent reprocher au film une certaine lenteur que l’on peut comprendre, celle-ci fait également partie du charme de ce long-métrage.

Autre élément de satisfaction, la mise en scène sublime très bien son héros, le mettant particulièrement en valeur, et apportant un supplément d’émotion visuellement expressif. Le réalisateur est tout bonnement amoureux de son acteur qui le lui rend bien, et cette relation privilégiée se voit à l’écran mais sans jamais alourdir la narration. Arnaud Des Pallières s’appuie également sur une nature singulière et des paysages majestueux (les Cévennes et le Vercors), eux-mêmes à l’image du film, simple et puissant.

Quant à la reconstitution historique, malgré un budget limité, le spectateur est totalement immergé dans l’ambiance médiévale. Certes, ce long-métrage n’a pas vocation à être un film d’histoire, mais les décors naturels sont habilement utilisés, participant à faire naître cette atmosphère si particulière. Tout est dans la suggestion et le minimalisme, mais c’est pleinement réussi, et à aucun moment on ne perçoit le budget serré avec lequel l’équipe du film a dû travailler. Preuve qu’avec quelques bonnes idées et du talent, on peut obtenir de bons résultats.

MICHAEL KOHLAAS n’est pas le genre de film qui plaira forcément à tout le monde en raison de son approche singulière et de sa lenteur. Mais avec une réalisation impeccable, très soignée, et l’interprétation habitée et sans failles de Mads Mikkelsen, ce long-métrage offre une histoire touchante et de belles scènes à ceux qui sauront prendre le temps d’apprécier ce travail délicat et appliqué.

MICHAEL KOHLHAAS, sortie en France le 14 août 2013.

[youtube id= »OFbTlLqrqxY » width= »600″ height= »340″ position= »center »]

Article rédigé par Lui.