LOS NADIE : Punk attitude

Ayant reçu le Prix du Public lors du Festival de Cinéma de Venise 2016 (Semaine de la Critique), LOS NADIE est le premier film du réalisateur colombien Juan Sebastián Mesa. La genèse de ce projet est issue d’une de ses expériences personnelles. Juan Sebastián Mesa s’est lancé, avec des amis, dans un voyage en auto-stop à travers cinq pays en Amérique Latine, vendant des photos pour subvenir à ses besoins. Afin de financer et donner naissance au film, Mesa a dû trimer et faire preuve de ténacité, n’hésitant pas à taper aux portes en quête d’argent. Il a su fédérer une équipe engagée autour du projet !

L’équipe technique s’est transformée en une famille complice qui a décidé de prendre part au projet sans penser à l’argent, à la renommée ou à la reconnaissance, travaillant uniquement parce qu’ils croyaient à son bien-fondé.

Film indépendant aux traits marqués par la punk attitude et la rébellion face au capitalisme, LOS NADIE nous entraîne dans les rues de Medellín, la ville natale du réalisateur.

Au cœur de Medellín, une ville hostile et aux multiples facettes, cinq jeunes de la rue unis par des envies de voyage trouvent dans l’art urbain et la musique un refuge, une échappatoire. En quête de liberté, ils décident de partir à l’aventure.

LOS NADIE illustre à coups de guitare électrique le quotidien des enfants des rues ! Les personnages du film, Pipa, Camilo, Ana, Manu et El Mechas, sont les très proches reflets des acteurs. En effet, chaque acteur a vécu personnellement ce que vivent les personnages. Ils vont tout naturellement apporter une véracité au récit.

Nous découvrons peu à peu les cinq protagonistes au fil du film. Ils ont chacun une situation personnelle différente, ce qui amène le réalisateur à critiquer certains aspects de la société (religion, travail, économie). Certaines idées et critiques sont exprimées de manière impactante (le passage de la lecture du poème en est un bon exemple).

Dans cette atmosphère punk, nous jonglons entre les graf’, le street-art, le cannabis, les tatouages, la musique punk et aussi un concert. Épris de liberté, ces cinq jeunes veulent quitter la ville afin de vivre et ne pas mourir lentement. Un tableau difforme se dresse alors devant nous, celui des punks de Medellín.

Bien que nous rencontrons les différents protagonistes de LOS NADIE, nous nous y attachons peu finalement … À défaut de ne durer que 1h20, le film aurait pu nous emmener tellement loin si les personnages avaient été un peu plus approfondis et étayés.

En revanche, le côté décomplexé de LOS NADIE est entièrement assumé par de judicieux et pertinents choix de mise en scène. La colorimétrie du film par exemple, en noir et blanc, est justifiée par la teneur des propos. Ce noir et blanc renforce l’impact de certaines séquences, et dirige notre attention sur les personnages. De plus, la totalité du film ou presque est réalisée caméra à l’épaule, ce qui accentue le réalisme et l’immersion.

Ces choix de mise en scène peuvent en surprendre certains car ils sont peu conventionnels. Mais ils sont tout simplement dans l’esprit du film ! Par ailleurs, la musique (surtout du punk) occupe une place importante. Cette musique nous entraîne dans l’univers et l’état d’esprit des personnages ; mais le choix du montage son, très cut, nous en détache par moments …

LOS NADIE est une expérience cinématographique intéressante, surprenante et percutante ! Malgré un déroulé scénaristique quelque peu poussif, le film arrive à nous plonger dans cette ambiance punk avec réalisme, en jonglant entre les cinq kids de Medellín. Si vous aimez les films d’auteurs indépendants et singuliers, nous vous conseillons d’aller voir LOS NADIE qui vous surprendra fortement !

Pour finir, voici la première strophe du poème « Il meurt lentement » de Martha Medeiros qui résume bien l’atmosphère du film :

« Meurt lentement

celui qui ne voyage pas

qui ne lit pas, qui n’écoute pas de musique,

qui ne trouve pas d’amour en soi. »

Page Facebook officielle du distributeur du film LOS NADIE.

LOS NADIE, sortie en France le 06 décembre 2017.

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Article rédigé par Théotime.

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