BIENVENUE À SUBURBICON : Quand la ville dort …

George Clooney est de retour à la réalisation, trois ans après le passionnant MONUMENTS MEN. Sur un scénario co-écrit avec les Frères Coen (Joel et Ethan Coen), BIENVENUE À SUBURBICON aura mis du temps à voir le jour. Initialement projet appartenant entièrement aux Frères Coen en 2005 – qui devaient réaliser le film -, BIENVENUE À SUBURBICON arrive aujourd’hui sur nos écrans dans une version finalement assez éloignée du projet de départ.

Gardner Lodge (Matt Damon) a installé sa famille dans la petite ville paisible de Suburbicon, ce genre de cité dortoir où s’alignent des maisons strictement identiques à la pelouse bien tondue et aux façades impeccables. On est à l’été 1959, et le calme de Suburbicon se voit perturber par l’emménagement d’une famille noir dans le voisinage. Leur arrivée va alors révéler les véritables personnalités des habitants, et faire craqueler le vernis. San compter que des mafieux rôdent aussi aux alentours, prêts à tout pour se remplir les poches …

Présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise 2017, BIENVENUE À SUBURBICON est une comédie noire amère qui passe au vitriol le rêve américain et le fameux ‘White American Way of Life’.
Dans des décors méticuleusement reconstitués et impressionnants de réalisme (qui rappellent ceux de EDWARD AUX MAINS D’ARGENT pour ces villes pavillonnaires américaines ), le récit du film se déploie dans un univers fifties d’après-Guerre coloré et en apparence radieux. Mais derrière les sourires des femmes au foyer toujours impeccablement apprêtées, les rues archi propres et les maisons bien tenues, l’envers du décor est bien moins reluisant.

BIENVENUE À SUBURBICON est emmené par un casting de potes de George Clooney, de Matt Damon à Julianne Moore en passant par Oscar Isaac. Tous plus excellent les uns que les autres, on donne une mention Très Bien à Julianne Moore qui nous régale dans son double rôle (elle incarne deux personnages, mais on vous laisse découvrir cela dans le film) mi-angélique mi-perverse ! Ces derniers temps, l’actrice semble être en totale lâcher-prise, pour notre plus grand plaisir, après notamment son rôle de chef de cartel psychopathe dans le récent KINGSMAN : LE CERCLE D’OR.

Autour de ces premiers rôles, le reste du casting est tout aussi réjouissant, avec des personnages bien écrits et parfaitement interprétés. Malheureusement, cette comédie grinçante et vraisemblablement engagée (politisée ?) peine à nous faire pleinement saisir la cohérence de son propos …

Car à l’image de ses personnages dont la plupart ont un double visage, BIENVENUE À SUBURBICON mêle un double récit en parallèle. Là où l’idée pourrait paraître intéressante sur le papier, elle fonctionne malheureusement moyennement bien à l’écran.
Le réalisateur George Clooney développe ainsi une pure histoire de comédie, fantasque voire burlesque (celle entre les personnages mafieux & Matt Damon, ainsi qu’Oscar Isaac) ; et en même temps, on suit en fil rouge l’arrivée et l’installation dans la ville de Suburbicon de cette famille noire, qui va se prendre en pleine tronche les pires humiliations d’une population américaine blanche ouvertement raciste.

S’inspirant directement de l’histoire vraie de la famille afro-américaine Meyers [qui s’installa dans la petite ville de Levittown dans les années 50], cette partie du récit fait sans nul doute écho à l’actualité des États-Unis en 2017 (on sait que George Clooney est très impliqué politiquement) ; mais le souci, c’est que le télescopage entre la partie  comédie du film et des séquences abordant frontalement le racisme dans sa forme la plus violente, crée quelque chose de bancal au final.

Au bout du compte, le spectateur a du mal à saisir pleinement le propos du film. Il est fort probable qu’avec un scénario remanié sur plus d’une dizaine d’années, passés entre les mains de Joel et Ethan Coen, puis entre celles de George Clooney et de Grant Heslov qui y ont ajouté cette histoire de racisme, BIENVENUE À SUBURBICON se retrouve avec cet aspect puzzle mal agencé …

Certes, on voit bien derrière tout cela l’idée principale de George Clooney, et la dimension politique du film. Mais force est de constater que l’enchevêtrement des récits ne trouve jamais réellement son sens aux yeux du spectateur.

En dépit d’un gros boulot de mise en scène, dans les décors, pour les costumes, pour la photographie, la lumière, et d’un casting au diapason, BIENVENUE À SUBURBICON bafouille son discours et nous laisse un peu égarés sur les trottoirs de la petite ville de Suburbicon.

BIENVENUE À SUBURBICON, sortie en France le 06 décembre 2017.

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Article rédigé par Elle.

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