Imaginez un enfant de 5 ans à peine qui, en suivant son frère aîné sur un quai de gare, se retrouve alors seul et perdu … C’est ce qui arrive à Saroo, un petit indien qui accompagne son frère Guddu partant travailler le soir pour aider sa mère à nourrir la famille.
Mais après un très long périple à pied, une fois à la gare, le petit Saroo est fatigué et s’endort sur un banc. Guddu lui demande de rester là sans bouger et d’attendre son retour. Lorsque Saroo se réveille, le temps a passé, Guddu n’est pas revenu, et Saroo est tout seul. Le petit garçon cherche alors son grand frère, monte dans un train à l’arrêt …. et qui finit par démarrer ! Ce train pas comme les autres va l’emmener alors très loin de son village, jusque Calcutta, et surtout très loin de sa famille, de ses origines …
Cette histoire incroyable et pourtant vraie, c’est celle que nous raconte LION, un film bien loin des clichés mélodramatiques que l’on aurait pu redouter. Le voyage d’une vie, la quête de son identité, et surtout des questionnements forts et passionnants sur la filiation, le déracinement, l’amour maternelle, l’héritage culturel …
LION est réalisé par l’australien Garth Davis, dont c’est le premier long-métrage après avoir essentiellement travaillé à la télévision en Australie (en réalisant par exemple des épisodes de la Série TOP OF THE LAKE en 2013). Il adapte ici le livre autobiographique de Saroo Brierley qui relate son incroyable histoire vraie : à 5 ans, Saroo se retrouve seul dans un train traversant l’Inde et qui l’emmène malgré lui à des milliers de kilomètres de sa famille.
Perdu, le petit garçon doit apprendre à survivre seul dans l’immense ville de Calcutta. Après des mois d’errance, il est recueilli dans un orphelinat et adopté ensuite par un couple d’Australiens. Mais vingt-cinq plus tard, devenu adulte, Saroo s’interroge sur ses origines et cherche à se souvenir d’où il vient exactement …
Le film se divise en deux parties suivant une chronologie simple : il met d’abord en scène l’errance du petit Saroo et les dangers auxquels il doit faire face seul dans la tentaculaire ville de Calcutta ; puis sa vie en Tasmanie et en Australie, auprès de sa famille adoptive, une fois le garçon devenu un jeune adulte (interprété à ce moment là par acteur anglo-indien Dev Patel, découvert dans SLUMDOG MILLIONAIRE).
La première partie de LION est inévitablement très touchante en suivant ce petit bonhomme haut comme trois pommes, livré à lui-même et qui doit braver seul tous les dangers. L’incroyable Sunny Pawar, âgé aujourd’hui de 8 ans, nous bouleverse par sa présence folle à l’écran, son naturel déconcertant, son visage et son regard particulièrement expressifs, et son interprétation plus vraie que nature.
Filmée à hauteur d’enfant, cette première partie évite soigneusement les écueils à la ‘Rémi sans famille’, et même si rien n’est épargné à ce malheureux gamin (le trafic d’enfants, le kidnapping, l’orphelinat violent …), le réalisateur reste à la lisière du pathos excessif, préférant systématiquement se concentrer sur son jeune acteur.
Mais là où LION devient vraiment passionnant, c’est dans sa seconde partie, lorsque l’on suit Saroo devenu un jeune adulte en quête de lui-même et d’un passé dont il n’a que des bribes de souvenirs. À partir de ces rares images qu’il lui reste en mémoire, d’un nom de village écorché, Saroo entreprend alors de retrouver ce lieu dont il est originaire en Inde et d’essayer d’y retourner. Mais le projet est presque irréalisable …
Cette partie de l’histoire (dont on peut presque regretter qu’elle n’ait pas été encore davantage développée ici) permet au film de franchir un palier, de changer de rythme et de tonalité, et de faire évoluer sa narration. Surtout, LION apporte à ce moment des questionnements forts et intéressants, et le film réussit ainsi à dépasser le simple récit émotionnel pour creuser quelques thématiques importantes sur le lien entre un enfant et ses parents (adoptifs ou non), sur ce qui fait notre identité propre, l’importance de nos origines, notre construction psychologique et culturelle en tant qu’individu, …
Dev Patel, bien entouré par Rooney Mara et Nicole Kidman (parfaite), se révèle d’une grande justesse dans ce rôle pas forcément évident : visiblement très investi et impliqué, l’acteur porte littéralement cette deuxième moitié du film, lui conférant une profondeur émotionnelle et aussi intellectuelle vraiment passionnante.
Récemment auréolé d’un BAFTA en tant que Meilleur Acteur dans un second rôle pour sa prestation ici, Dev Patel pourrait bien aller décrocher un Oscar le 26 février 2017, et autant vous dire que ce ne serait absolument pas volé ! Il est en tout cas incontestablement la force de LION et la bonne raison, s’il vous en faut une, de ne pas passer à côté de ce film. 😉
NB : On vous conseille fortement de bien rester pendant le générique de fin si vous voulez savoir pourquoi le film s’intitule LION …….
Retrouvez nos photos de l’Avant-Première de LION à Paris en présence de Dev Patel & Nicole Kidman.
LION, sortie en France le 22 février 2017.
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Article rédigé par Elle.
2 réponses sur « LION : un train pas comme les autres »
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