JOUEURS : life is a game we play …

La française Marie Monge signe son premier long-métrage avec JOUEURS, qui s’est retrouvé présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes en 2018 !

Avec un joli et inédit duo d’acteurs en tête d’affiche, en la présence de Stacy Martin et de Tahar Rahim, JOUEURS traite de l’addiction au sens très large du terme, en filant une métaphore de cette thématique qui va de l’addiction aux jeux d’argent, à l’adrénaline du pari, en passant par l’addiction à l’autre et à un amour, aussi destructeur puissent-ils être.

Ella (Stacy Martin) est une jeune parisienne sans histoire, qui travaille dans la brasserie de son père. Elle rencontre un soir Abel (Tahar Rahim), très beau garçon au bagout indéniable. Leur passion est instantanée, fougueuse, déraisonnée. En suivant ce garçon, Ella découvre alors un Paris cosmopolite et nocturne, celui des cercles de jeux et autres casinos clandestins, où Abel a ses habitudes.

Trentenaire, parisienne, et passée par La Sorbonne en études de cinéma, Marie Monge a  réalisé trois courts-métrages avant de passer au long, en travaillant déjà des histoires dans le milieu de la nuit. Avec JOUEURS, elle propose une variation intéressante sur le thème de l’addiction, en ne le limitant pas uniquement à celle du jeu et des casinos, mais en le développant à travers l’histoire d’une passion amoureuse, à la fois dévorante et toxique.

Épaulée au scénario par Julien Guetta (que l’on retrouve réalisateur du très bon ROULEZ JEUNESSE en 2018 également), Marie Monge filme son récit comme un drug movie, comme une descente aux enfers qui n’en finit plus de traîner ses protagonistes dans les abîmes d’une virée nocturne fonçant pied au plancher dans un mur inévitable.

C’est ce traitement qui rend JOUEURS particulièrement intéressant, cette idée de raconter une histoire d’amour passionnelle et dangereuse, plongée au cœur des cercles de jeu clandestins, comme s’il s’agissait de montrer les ravages d’une drogue dont il est impossible de se défaire.

Le personnage de Ella s’engouffre dans une spirale infernale (l’expression n’est ici pas galvaudée), aveuglée par les paroles et le sourire irrésistible de celui qu’elle aime et qui pourtant est en train de l’anéantir.

La frêle Stacy Martin (révélée dans LE REDOUTABLE de Michel Hazanavicius en 2017) est parfaite dans ce rôle, et elle forme avec Tahar Rahim – absolument impeccable, une fois de plus – un couple tout à la fois attachant, sensuel, incandescent, qui s’auto-dévore.

Par ailleurs, il y a des parti-pris de mise en scène assez audacieux, notamment plusieurs plans séquences offrant des moments de tension maîtrisés, ou encore le travail sur la bande-son et la bande originale extrêmement bien senti.
On reconnaît par instants des influences évidentes dans la manière avec laquelle Marie Monge filme la nuit parisienne par exemple (on peut penser à Michael Mann ou Nicolas Winding Refn pour le traitement des couleurs)

JOUEURS comporte certes quelques maladresses, ou disons plutôt des  clichés auxquels on aurait souhaité échapper (par exemple, au fur et à mesure que le personnage de Ella s’enfonce dans cette relation destructrice, ses cheveux raccourcissent, sa féminité s’efface, etc …).
Néanmoins, Tahar Rahim et Stacy Martin sont tellement parfaits chacun dans leur rôle respectif, qu’ils compensent aisément les petites défaillances narratives du film.


Parfois un peu maladroit dans son traitement des sentiments humains, et n’évitant pas quelques stéréotypes narratifs, JOUEURS n’en demeure pas moins une première réalisation ambitieuse et très addictive, à la hauteur de sa thématique principale justement.
Porté par un couple à l’écran sensuel, autodestructeur, et diablement convaincant, le film de Marie Monge entraîne le spectateur dans cette spirale venimeuse et vorace de l’addiction, qu’il s’agisse de celle au jeu d’argent ou à l’amour de l’autre, y compris quand celui-ci est toxique.

JOUEURS, sortie en France le 04 juillet 2018.

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Article rédigé par Elle.

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