Sorti en 1992 dans les salles de cinéma, SINGLES réalisé par Cameron Crowe n’était à la base qu’une banale comédie romantique un peu mélancolique. Mais le destin en aura décidé autrement, et ce film est depuis entré au Panthéon du cinéma pour des raisons qui l’ont dépassé.
Alors que l’on fête le 25ème anniversaire de la sortie de SINGLES, c’est l’occasion ou jamais de revenir sur un film devenu archi culte pour toute une génération, celle qui a grandi dans les années 90 avec des posters de Nirvana et Pearl Jam sur les murs de sa chambre d’ado. 😉
Originaire de Californie, Cameron Crowe signe son deuxième long-métrage en 1992 avec SINGLES. Avec un budget ridicule, ce film n’a pas de grandes prétentions à part peut-être celle de tenter de rendre compte de la mélancolique d’une génération pour qui les histoires d’amour finissent mal en général, et qui surtout se pose tout un tas de questions sur le couple, la vie à deux, …
Cameron Crowe réunit un casting d’étoiles montantes d’Hollywood dont les noms à l’époque sont encore très loin d’être bankable. À l’exception de Bill Pullman dans un rôle très secondaire, les autres comédiens et comédiennes de SINGLES voient surtout dans ce film l’occasion de remplir leur CV : Matt Dillon, Bridget Fonda (fille de Peter Fonda, et nièce de Jane Fonda), Campbell Scott, et Kyra Sedgwick forment le quatuor des rôles principaux.
La première bonne idée de Cameron Crowe, c’est de tourner entièrement son film à Seattle, la ville du fin fond du Northwest des États-Unis, coincée entre les montagnes & la frontière canadienne.
On est au tout début des années 90 au moment du tournage, et on peut dire que le cinéaste a eu le nez creux car en moins de deux années, Seattle va devenir le centre du monde musical et générationnel, et tous les regards vont se braquer sur la ville. La raison ? La sortie de l’album « Nevermind » de Nirvana en septembre 1991, qui ressemble à un tsunami dans l’industrie de la musique et emporte dans son sillage tout un tas de groupes de rock venus de Seattle et des alentours !
Et comme Cameron Crowe est un vrai passionné de rock, il décide sur le tournage de SINGLES de distribuer quelques petits rôles à différents musiciens de ces groupes de Seattle, fraîchement signés sur des gros labels. Une fois de plus, le réalisateur vise dans le mille presque sans le savoir, puisque ces petits gars de Seattle âgés alors d’une vingtaine d’années, vont devenir dans les mois qui suivent de véritables rockstars qui remplissent des salles de concerts immenses et jouent dans tous les plus gros festivals !
C’est ainsi que l’on découvre dans SINGLES Eddie Vedder, Jeff Ament et Stone Gossard, qui viennent à peine de former Pearl Jam. Les membres de SOUNDGARDEN sont présents quant à eux au détour d’une séquence d’un concert dans un club, tandis que Chris Cornell, le leader du groupe, se voit offrir quelques furtives scènes où il incarne un des voisins de Matt Dillon. Alice in Chains, autre groupe de Seattle et dont l’album du succès « Dirt » sort tout juste en 1992, apparaît aussi dans le film dans une autre scène de concert.
Vous comprenez alors qu’avec la présence dans le film de tous ces musiciens, devenus depuis des icônes du rock, SINGLES soit devenu peu de temps après sa sortie en salles un objet de culte qui dépassait le cadre même du cinéma.
Car en lui-même, SINGLES n’est pas un très grand film, loin de là, il devient même un peu ennuyeux sur la longueur. Mais l’essentiel est ailleurs. Le long-métrage de Cameron Crowe a réussi à synthétiser toute une époque et tous les visages d’une génération, aussi bien par la musique présente dans le film, la présence des membres de tous ces groupes de rock, mais aussi par les tenues vestimentaires des personnages, leurs idéaux également, la complexité de leurs relations sentimentales.
Du côté de la mode, SINGLES est le parfait témoignage des années 90, sans trop sombrer dans les clichés pour autant (excepté peut-être pour ce qui est de la coupe de cheveux de Matt Dillon dans le film). Toutes les filles voulaient ressembler à Bridget Fonda et être habillée comme elle ! Il est d’ailleurs assez amusant de constater que si la Bridget Fonda de SINGLES sortait dans la rue aujourd’hui en 2017, son look serait hyper tendance (qui a dit revival des années 90 ? …).
Pour être enfin tout à fait complet sur SINGLES, sa bande originale a fait l’objet d’une sortie d’un album à l’époque, réunissant évidemment les morceaux entendus dans le film, mais aussi des titres inédits de plusieurs groupes, écrits spécialement pour cette bande originale. C’est le cas par exemple de « Drown » des Smashing Pumpkins, qui n’apparaît sur aucune version originale de leurs albums mais uniquement sur la BO de SINGLES (qui se vend à plus de 2 millions d’exemplaires à sa sortie).
À l’occasion du 25ème anniversaire de la sortie de SINGLES, la bande originale du film a fait l’objet d’une superbe réédition, avec notamment une version double CD proposant plein d’inédits et de versions alternatives de certaines chansons (plus d’infos sur cette réédition ici).
Retrouvez nos articles sur la ville de Seattle :
1ère Partie
2nde Partie.
À lire : Que sont devenus les lieux cultes du film à Seattle ?
SINGLES, sortie aux États-Unis le 18 septembre 1992.
SINGLES, sortie en France le 28 avril 1993.
Article rédigé par Elle.