THÉRÈSE DESQUEYROUX, réalisé par Claude Miller

THÉRÈSE DESQUEYROUX est le dernier legs de Claude Miller, réalisateur français décédé le 4 avril 2012. On lui doit une vingtaine de films dont les plus connus L’EFFRONTÉE, LA MEILLEURE FAÇON DE MARCHER ou encore GARDE À VUE. Ce long-métrage est l’adaptation du roman éponyme de François Mauriac qui se déroule en plein cœur des forêts landaises et au centre des familles bourgeoises, où mariage et arrangements ne font qu’un. C’est dans ce contexte que Thérèse épouse Bernard Desqueyroux.

Pour les littéraires ou les lecteurs du livre dont est tirée l’histoire, il est important de noter que le film ne suit pas à la lettre le roman. En effet, Claude Miller a pris le parti de raconter l’histoire de façon linéaire, à l’inverse du procédé par flashbacks du roman. Cette originalité est finalement assez intelligente car elle évite de perturber le rythme du film ou bien de faire perdre un peu le fil au spectateur. De plus, cette figure de style n’est pas toujours bien maitrisée ou utilisée au cinéma, et pose bien plus d’inconvénients au final.

THÉRÈSE DESQUEYROUX offre une réalisation plaisante car on ne peut pas noter de fautes majeures. Ce long-métrage est évidemment très bien mené, on s’immisce dans cette atmosphère et on comprend parfaitement les enjeux de ces familles bourgeoises comme ceux des personnages, où l’apparence est une absolue priorité qui bien souvent cache une autre facette nettement moins reluisante. Les silences et les non-dits valent plus que le scandale. En cela, on peut faire un rapprochement avec les portraits souvent présents dans les films de Claude Chabrol, lui aussi grand metteur en scène qui affectionne les secrets des riches familles bordelaises.

Les acteurs participent également à la qualité de ce film. Certes sur le papier, ce couple peut laisser perplexe le grand public, notamment le choix de Gilles Lellouche moins habitué aux rôles en costumes et dramatiques. Toutefois ce duo étonnant fonctionne avec cohérence et justesse. Audrey Tautou incarne Thérèse avec une froideur glaciale. Cette femme, très peu loquace, n’exprime aucune émotion, à peine dans le regard, et semble imperturbable  à tout, même à son propre sort. Convaincante et intrigante, l’actrice parvient à retenir le spectateur.
Seul petit bémol, le fait d’avoir comme personnage central un caractère mystérieux, peut perturber ou laisser un peu en marge le spectateur. Cette froideur frôle tout de même à quelques moments l’incompréhension.

C’est d’ailleurs pour cela que l’on accorde plus de sympathie et presque d’intérêt au personnage de Bernard. Gilles Lellouche s’empare avec finesse d’un personnage qui ne l’est pas. Ce mari, bon vivant bien que hypocondriaque, est assez attachant. Surtout dans sa façon de paraître en tant que patriarche et maître de maison alors qu’on sent bien qu’il n’est pas à l’aise et ne fait qu’illusion en vain, cherchant surtout à arrondir les angles et courber l’échine.

THÉRÈSE DESQUEYROUX est un agréable film où les acteurs et la réalisation permettent de transcrire une belle adaptation du roman de Mauriac ; et c’est l’occasion aussi de savourer la dernière œuvre de son réalisateur.

THÉRÈSE DESQUEYROUX, sortie en France le 21 novembre 2012.

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Article rédigé par Lui.

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