LORE, réalisé par Cate Shortland

Lore - Affiche du film1945 : l’Allemagne s’effondre, Hitler vient de se suicider, le régime nazi est en pleine débandade. Fuir, se sauver et s’en sortir, voilà les maîtres mots à présent pour le peuple allemand.
Ce sont aussi ceux de Lore, une adolescente qui se retrouve livrée à elle-même. En charge de ses frères et sœurs, elle tente de traverser l’Allemagne et ses décombres. Dans son périple, elle rencontre un jeune garçon sorti de nulle part mais pas n’importe qui, un juif. Entre méfiance et nécessité, elle va devoir lutter pour tout simplement survivre.

LORE est l’adaptation du roman « La chambre noire » de Rachel Seiffert, plus exactement, l’adaptation de l’une des trois histoires contenues dans l’œuvre. Le sujet est très délicat car si les protagonistes sont des réfugiés, il n’en reste pas moins qu’ils sont d’anciens bénéficiaires du régime nazi ou qu’ils font parti de la jeunesse élevée sous la propagande hitlérienne, qui considère Hitler comme le guide regretté. Et c’est avec beaucoup de finesse que le film réussit cette adaptation.

Tout d’abord, la réalisation se veut simple et extrêmement épurée. Les dialogues sont peu nombreux, les silences en disent souvent beaucoup plus. C’est plutôt l’environnement qui parle : les bottes raclant le sol, l’acier des décombres, et les feux pour se réchauffer créent une atmosphère de désolation. La musique composée par Max Richter (VALSE AVEC BACHIR, PERFECT SENSE) vient ponctuellement compléter ce tableau de manière délicate et juste. Le tout servi par une lumière mi-claire mi-obscure, on ressent parfaitement la saleté à travers l’écran, la crasse, et les conditions affreuses dans lesquelles ont dû vivre tous ces réfugiés qui ont perdu bien plus qu’une guerre.

La justesse, c’est également le mot pour décrire l’interprétation des comédiens qui, si en apparence proposent une interprétation simple, il n’en demeure pas moins que tout cela est parfaitement maîtrisé par de très jeunes acteurs. Ils nous permettent d’éprouver les errements des protagonistes, leurs craintes et leurs peurs.

Lore - FilmL’apparente simplicité tant dans la réalisation que dans le jeu des acteurs, n’adoucit en rien la dureté du film. Le sort et les évènements que doivent affronter Lore et ses frères et sœurs, sont terriblement lourds et parfois cruels. De même, le long-métrage aborde des questions sensibles et complexes (la découvertes de l’holocauste, la perte du père spirituel en la personne d’Hitler, la chute et le partage de l’Allemagne) à travers le regard pragmatique et plein de véracité du personnage principal.

LORE est un film émouvant qui a pris le parti de jouer sur le terrain de la sobriété pour nous offrir une réflexion pertinente sur des thèmes profonds. Avec subtilité, intelligence, et servi par une interprétation convaincante, ce long-métrage refuse de jouer sur la corde sensible, mais se veut avant tout sincère et honnête ; il n’en est que plus réussi !

LORE, sortie en France le 20 février 2013.

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Article rédigé par Lui.

4 réponses sur « LORE, réalisé par Cate Shortland »

Le film avance avec les Enfants. De l’aridité intérieure causée par le traumatisme de la Catastrophe, jusqu’à la désolation reconnue et comprise de la Jeune Fille. Pendant cette Marche, la beauté des forêts attisent et nos sens et notre intelligence terrifiée.
Parcours et palimpseste, ce film se révèle violent et juste.

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