Lorsqu’une légende du cinéma s’attaque au biopic d’une figure emblématique de l’histoire des États-Unis, l’attente est forcément très grande et le projet ambitieux, pour quelque chose qui s’avère de toutes façons comme l’un des évènements de l’année 2013.
Voici donc LINCOLN qui arrive sur nos écrans, réalisé par ni plus ni moins que monsieur Steven Spielberg. Pour être bien précis, le film se concentre tout particulièrement sur les quatre derniers mois de sa vie. Le Président Lincoln tente conjointement de mettre fin à la Guerre de Sécession qui ronge son pays, et de faire adopter le XIIIème amendement par la Chambre des Représentants, celui qui doit abolir l’esclavage.
Ce projet ambitieux et complexe est dans l’imaginaire de Spielberg depuis des années ; dès l’âge de sept ans, il est fasciné par le personnage de Lincoln, notamment lorsqu’il se retrouve pour la première fois devant le célèbre Mémorial à Washington, immense statue qui représente le Président assis. Bien des années plus tard, à la lecture d’une biographie rédigée par Doris Kearns Goodwin intitulée « Team of Rivals », Spielberg trouve le déclic et l’inspiration pour se lancer dans le projet. Près de dix ans après sort enfin cette fresque historique, dont le premier scénario faisait au départ pas moins de 500 pages !
Le casting et les moyens mis à disposition sont à la hauteur des deux légendes. LINCOLN nous plonge dans des décors remarquables aux détails soignés et nombreux, et il en va de même pour les costumes qui participent à notre immersion dans cette époque complexe. Quant au casting, impossible de tous les nommer tant ils sont nombreux et tant il y a de personnages, point sur lequel nous reviendrons. Parmi eux, Sally Field et Joseph Gordon-Levitt, respectivement l’épouse et le fils aîné de Lincoln, sont particulièrement convaincants. Mention très spéciale également à Tommy Lee Jones, prodigieux dans le rôle de Thaddeus Stevens, farouche militant abolitionniste, et formidablement incarné dans ce long-métrage.
Évidemment dans ce biopic, un rôle constitue la clé même de sa réussite, LE rôle, c’est celui de Lincoln lui-même, interprété par Daniel Day-Lewis. Sa prestation est tout bonnement parfaite, nous permettant de comprendre les tourments du personnage, homme engagé se battant avec rage et conviction sur deux fronts, ceux de la guerre et de l’abolition de l’esclavage.
Nous nous devons aussi de signaler la superbe photographie du film, qui crée une atmosphère à la fois intime et grandiloquente ; elle est une nouvelle fois signée Janusz Kaminski, collaborateur régulier de Steven Spielberg, notamment sur LA LISTE DE SCHINDLER ou LE SOLDAT RYAN.
Malheureusement, l’ampleur du projet a quelque peu étouffé le long-métrage. Tout d’abord, pour nous public européen peu expert de l’histoire américaine, il faut être assez concentré sur la trame narrative, surtout pendant la première heure. Il y a énormément de personnages, et il n’est pas toujours évident de comprendre leur rôle et leur implication politique. Très vite, on peut faire une indigestion tant le réalisateur veut nous abreuver de connaissances.
A contrario, la récompense de ce travail ultra didactique, c’est que la seconde heure devient assez intéressante : on comprend alors mieux l’intrigue et les jeux de pouvoir et d’influence mis en place. LINCOLN essaie avant tout de nous montrer les coulisses d’un vote historique pour les États-Unis.
Par ailleurs, la mise en scène de Steven Spielberg, bien qu’exceptionnelle, souffre tout de même d’un archi classicisme assez figé, qui finit par devenir hermétique pour le spectateur. Certes, il nous gratifie d’une prodigieuse séquence clé dans son film, celle du vote du XIIIème amendement, qui nous rappelle à quel point Spielberg maîtrise son art comme personne. Mais si son académisme est certes à montrer dans toutes les écoles de cinéma, pour le spectateur l’intérêt est moins pertinent et l’ennui finit parfois par gagner.
LINCOLN est une merveille dans son gigantesque travail de reconstitution, et le casting tout comme la réalisation ne commettent aucun impair. Toutefois, à force de vouloir être fondamentalement pédagogique dan son propos, Spielberg assomme par moments le spectateur dans un film qui reste avant tout une grande fresque historique à laquelle le public américain risque d’être probablement bien plus sensible que le public européen.
LINCOLN, sortie en France le 30 janvier 2013.
[youtube id= »T_gQYxLkA6g » width= »600″ height= »340″ position= »center »]
Article rédigé par Lui.
4 réponses sur « LINCOLN, réalisé par Steven Spielberg »
Je te rejoins entièrement. Nous ne connaissons pas bien cette période, et pour nous les discours et oppositions sont difficiles à suivre pendant le début du film. De même un peu aussi la lutte entre les deux partis. Les acteurs portent le film en donnant beaucoup de profondeur aux personnages.
Oui, pas facile de suivre, c’est un film à voir bien réveiller surtout ! Rien à ajouter sur les acteurs, tu as pleinement raison.
Merci pour ton commentaire, et à bientôt sur Go with the Blog ! 🙂
[…] vingt ans que ce chef-d’œuvre du maître Steven Spielberg déboulait sur nos écrans et nous clouait à notre fauteuil ! Pour fêter cet anniversaire, […]
[…] avoir réalisé LINCOLN en 2012, Steven Spielberg fait son grand retour avec LE PONT DES ESPIONS qui raconte l’histoire […]