Il aura 45 ans à la fin de l’année 2016, et pourtant il en paraît toujours 25. En une vingtaine d’années et un Oscar, Jared Leto s’est imposé comme un acteur qui compte, qui déchaîne les passions et suscite les débats, mais qui est désormais reconnu par ses pairs. Et pourtant au départ, ce n’était franchement pas gagné.
En débutant son parcours de comédien à la télé et en particulier dans une série pour adolescents (devenue culte depuis, mais qui a essuyé les plâtres dans les années 1990), Jared Leto ne mettait pas forcément tous les atouts de son côté … Retour sur les temps forts de la filmographie de Jared Leto, de REQUIEM FOR A DREAM à SUICIDE SQUAD.
Jared Leto, on le découvre dans la série MY SO-CALLED LIFE (diffusée en France sous le titre ANGELA, 15 ANS à partir de 1995 sur la chaîne Jimmy, puis en 1996 sur France 2), aux côtés d’une jeune adolescente qui a alors le même âge que son personnage, une certaine Claire Danes.
Il y incarne Jordan Catalano, le loser beau gosse du lycée, le genre de type qui donne l’impression de débarquer sans savoir ce qui se passe, à qui l’on a envie de donner des baffes pour le secouer, mais dont le sourire assez irrésistible finit toujours par emporter la mise.
Avec ce personnage de lycéen lunaire, rock’n’roll et gentiment rebelle, Jared Leto se retrouve vite catalogué idole pour jeunes filles en fleur, et il comprend rapidement qu’il va falloir tout reprendre à zéro s’il veut être crédible à Hollywood.
Après un égarement dans URBAN LEGEND, il entame un virage à 180° et réussit à dégoter des rôles secondaires dans des films plutôt prestigieux, à commencer par LA LIGNE ROUGE de Terrence Malick en 1998. Mais c’est sa rencontre avec David Fincher sur FIGHT CLUB en 1999 qui va quasiment tout changer, et permettre à Jared Leto de s’acoquiner avec ce réalisateur en vogue et ultra respecté, qui va lui faire confiance à deux reprises.
REQUIEM FOR A DREAM
(sortie en France le 21 mars 2001)
Film choc, film coup de poing, on a tout écrit à propos de REQUIEM FOR A DREAM.
Réalisé par Darren Aronofsky (qui signe alors son deuxième long-métrage) et adapté du roman du même titre d’Hubert Selby Jr., REQUIEM FOR A DREAM raconte les pires addictions destructrices, et nous fait suivre en parallèle la descente aux enfers de trois amis et de la mère de l’un d’entre eux. Le film est sans concession, radical, brutal, mais surtout porté par des acteurs qui donnent tout, à commencer par Jared Leto (bien entouré par Jennifer Connelly et Ellen Burstyn notamment).
C’est le premier rôle principal dans un long-métrage pour Jared Leto, et pour incarner ce personnage qui perd le contrôle de tout, il n’hésite pas à perdre du poids et se teindre les cheveux en noir. Si REQUIEM FOR A DREAM est loin d’être un succès au box office aux États-Unis comme en Europe, il est très vite élevé au rang de film culte par les cinéphiles, et une référence dans ce qu’on appelle les drug movies.
PANIC ROOM
(sortie en France le 24 avril 2002)
Après une première collaboration pour un petit rôle dans FIGHT CLUB, David Fincher offre sur un plateau d’argent le projet PANIC ROOM à Jared Leto. Aux côtés de Forest Whitaker, il y incarne un malfrat sans scrupules ni remords, absolument prêt à tout pour mener son cambriolage à terme.
Jared Leto se métamorphose une nouvelle fois, adopte un look de racaille de la Côte Ouest (même si le film est censé se dérouler à NYC), et travaille un accent singulier. Surtout, il pousse la violence et le vice de son personnage à son paroxysme, et nous glace le sang à l’écran. À la sortie de PANIC ROOM, Jared n’aura de cesse de répéter l’amour qu’il porte à David Fincher, et à quel point le cinéaste l’a emmené dans ses retranchements pour obtenir le meilleur du comédien.
En prime, dans ce thriller sombre en forme de huis clos, Jared Leto côtoie la très respectée Jodie Foster, et une toute jeune fille d’à peine 12 ans, une certaine Kristen Stewart. PANIC ROOM est un beau succès au box office, et en France plus de 1,3 millions de spectateurs découvrent ce Jared Leto étonnant et flippant.
LORD OF WAR
(sortie en France le 04 janvier 2006)
Peut-être pas forcément le film le plus connu de la filmographie de Jared Leto, LORD OF WAR d’Andrew Niccol mérite pourtant toute notre attention. Signé du réalisateur de BIENVENUE À GATTACA, LORD OF WAR est un effroyable tableau sur la mondialisation du trafic d’armes et ses ramifications politiques et sociales.
Emmené par Nicolas Cage dans le rôle principal, qui incarne le frère aîné de Jared Leto, ce film dépeint des personnages cyniques, peu enclins à la compassion, et qui ne soucient guère des conséquences de leurs actes … jusqu’à ce que tout leur explose au visage.
Si le rôle de Jared Leto est ici secondaire, il n’en demeure pas moins essentiel dans le film, car il est le dernier lien affectif qui rattache le personnage de Nicolas Cage à un tant soit peu d’humanisme. Jared Leto retrouve également une thématique qui jalonne régulièrement sa filmographie, celle de la drogue et de l’addiction, mais dans un registre assez différent de REQUIEM FOR A DREAM. Par ailleurs, LORD OF WAR montre une nouvelle fois la capacité de l’acteur à se connecter avec force et émotion avec ses partenaires, puisqu’ici sa complicité avec Nicolas Cage crève l’écran.
DALLAS BUYERS CLUB
(sortie en France le 29 janvier 2014)
Leader du groupe de rock 30 Seconds to Mars depuis 2002 (accompagné dans ce projet par son frère Shannon qui joue de la batterie), Jared Leto se fait plus rare au cinéma. Il parcourt le monde pour donner des concerts avec son groupe dont le succès s’envole dès 2005, et dans ces conditions, difficile de trouver plusieurs mois libres d’affilé pour tourner.
Après deux longs-métrages dignes d’intérêt mais boudés par le public dans les salles (CHAPITRE 27 et MR NOBODY), c’est en 2013 que l’on retrouve Jared Leto au cinéma dans un nouveau rôle complexe et physiquement éprouvant. Il donne la réplique à Matthew McConaughey, acteur principal de DALLAS BUYERS CLUB, l’histoire vraie dans le milieu des années 1980 de Ron Woodroof, un cowboy texan violent, macho et homophobe, adepte du rodéo, de l’alcool, de la cocaïne et du sexe, à qui l’on diagnostique le virus du VIH. Lorsqu’il comprend la dangerosité du seul traitement prodigué aux malades du Sida à cette époque aux États-Unis, il se lance dans la contrebande de médicaments alternatifs, aidé dans cette entreprise illégale par Rayon, un transgenre séropositif lui/elle aussi. Le lien qui les unit dépasse rapidement la simple question de l’entraide.
Jared Leto incarne ce Rayon, et le mot « incarner » est ici particulièrement approprié. Pour ce rôle singulier, l’acteur perd plus de 15 kilos, s’épile le corps, et se fond totalement dans le personnage, travaillant sa féminité bien au-delà des plateaux de tournage.
La prestation de Jared Leto dans DALLAS BUYERS CLUB est unanimement saluée par la presse et le public, et il reçoit pour ce rôle une pluie de nominations et de récompenses, dont un Golden Globe du Meilleur acteur dans un second rôle, et surtout l’Oscar dans la même catégorie.
SUICIDE SQUAD
(sortie en France le 03 août 2016)
Jared Leto est-il inconscient, déraisonné, ou débordant d’ambition ? … C’est en tout cas la question que beaucoup se sont posés quand il a été annoncé qu’il reprendrait le rôle culte du Joker au cinéma, après les prestations unanimement saluées de Jack Nicholson en 1989 et Heath Ledger en 2008.
Dans SUICIDE SQUAD réalisé par David Ayer et produit par la Warner, une bande de déglingués du cerveau est censée constituer un escadron commando, envoyé en dernier recours face à la pire des menaces. Parmi ces crapules de la pire espèce, il y a Harley Quinn, la petite amie du Joker lui-même ennemi de Batman.
Avec SUICIDE SQUAD, Jared Leto se lance tous les défis les plus risqués en même temps : il signe pour la première fois pour une franchise avec un gros Studio hollywoodien, et s’engouffre dans la machine infernale des blockbusters. Par ailleurs, il revêt le costume d’un personnage archi emblématique de l’univers DC Comics et surtout déjà très marqué au cinéma, en sachant pertinemment qu’il est attendu au tournant et que rien ne lui sera pardonné s’il se loupe sur ce projet.
Une nouvelle fois, Jared Leto s’implique sans limites pour incarner ce personnage : il se teint les cheveux en vert fluo, se rase le corps entier jusqu’aux sourcils, affine les traits de son visage tout en prenant de la masse musculaire pour le reste du corps.
Finalement, SUICIDE SQUAD déçoit davantage en raison du manque de présence à l’écran du Joker que réellement par la prestation de Jared Leto, dont il est difficile de se faire une opinion définitive avec si peu d’ancrage de son personnage.
Oscarisé, respecté par le plus grand nombre (même si quelques irréductibles détracteurs subsistent, et c’est de bonne guerre), Jared Leto l’acteur rend en tout cas une copie quasi parfaite en ce qui concerne les choix cinématographiques qu’il a faits depuis une vingtaine d’années. Passé par le cinéma indépendant à micro budget, les films d’auteur, des rôles marquants et parfois radicaux, jusqu’au blockbuster aujourd’hui, il n’a jamais cherché la facilité, et ça tout le monde sera au moins d’accord pour le lui reconnaître.
Plus que jamais investi dans son groupe 30 Seconds to Mars, Jared Leto semble désormais sélectionner au compte-gouttes ses projets au cinéma, et après tout c’est assez logique puisque ce n’est pas sa seule activité ni sa seule source de revenus.
En tout cas, quand on regarde d’un peu plus près les différents projets qu’il développe autour de 30 Seconds to Mars, il y a fort à parier que Jared Leto devrait se lancer un nouveau défi d’envergure dans un futur relativement proche : celui de devenir réalisateur. On n’est pas devin, mais on a quand même une sérieuse intuition sur cette possibilité. 😉
Article rédigé par Elle.
Sélection des films par Elle.
4 réponses sur « Portrait : Jared Leto, acteur caméléon »
Je n’ai vu que 3 films avec Jared Leto. Panic Room que j’avais bien aimé, et Mister Nobody qui pour moi est loin d’avoir eu le succès qu’il mérite tant ce film est un petit bijou d’inventivité et Chapter 27 qui est passé relativement inaperçu en France mais qui aurait mérité qu’on s’y attarde un peu plus..
Je connais bien sur 30 Seconds to Mars. Les albums sont sympas tout au moins les 2 premiers, mais en concert, c’est une catastrophe. Trop de fans énamourées pour rester polie et Jared qui en fait des tonnes pendant tout le show. C’est dommage car il est plutôt doué.
Bonjour Anne,
Si tu dois rattraper un seul de ses films, il faut absolument que tu voies REQUIEM FOR A DREAM !
Pour 30 Seconds to Mars (c’est pas l’objet de l’article, mais pas grave :p ), je les ai vus aussi plusieurs fois en concerts, et je te rejoins totalement. C’est vraiment pas terrible sur scène.
Merci beaucoup pour ton commentaire. 🙂
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