GIBRALTAR : Gilles Lellouche dans les eaux toubles du détroit

gibraltar - affiche du film Marc Duval (Gilles Lellouche) est français, et il s’est installé à Gibraltar pour tenter de se refaire une santé financière après quelques déboires bancaires en France. Avec son épouse, il tient un modeste bar restaurant où il y a beaucoup de passage.
Un jour, il est contacté par un agent des douanes françaises (Tahar Rahim) qui lui propose de collaborer avec eux en fournissant des informations sur des livraisons de drogues dans le port de Gibraltar, plaque tournante de quasiment tout le trafic mondial de stupéfiants. Marc accepte, et rapidement il gagne la confiance de gros narcotrafiquants. Entre argent facile et promesse de s’en sortir financièrement, il accepte de participer à des livraisons tout en collaborant à des missions toujours plus risquées au service des douanes.


Avec GIBRALTAR, le réalisateur français Julien Leclercq signe son quatrième long-métrage, après le remarqué L’ASSAUT qui revenait sur la tristement célèbre prise d’otages par des terroristes islamistes, du vol d’Air France sur l’aéroport de Marseille en 1994. Ici, le metteur en scène plonge dans les années 80, à une époque où le trafic de drogues mondial connaît une croissance folle et incontrôlable. S’inspirant d’une histoire vraie méconnue d’un français installé dans la ville de Gibraltar, qui devient un indic pour les douanes françaises, le metteur en scène s’empare d’un sujet passionnant et fort, pour lequel le choix de l’acteur principal est crucial.

GIBRALTAR - photo du film Go with the Blog
Gilles Lellouche
porte clairement le film sur ses larges épaules car l’on suit le parcours de Marc Duval au plus près de ce personnage. Omniprésent à l’écran, le comédien se montre très investi. Et si l’on pouvait avoir quelques réticences sur ce choix de casting avant de voir le film, on est très vite rassuré et même comblé car l’acteur livre une prestation de grande qualité, appliquée et sincère.
Face à lui, Tahar Rahim interprète Redjani Belimane, agent des douanes françaises qui dirige des opérations d’infiltration avec pour objectif de réaliser des saisies de drogues dans le port de Gibraltar, voire au-delà. Le comédien endosse le costume de ce bureaucrate étriqué, finalement peu libre de ses choix et décisions, là où il se rêverait davantage homme de terrain. Comme son acolyte, Tahar Rahim nous surprend dans ce rôle plus introverti et réservé, et tient son personnage avec beaucoup de justesse.

GIBRALTAR - photo du film Go with the Blog
Le duo de comédiens fonctionne ainsi parfaitement, et à leurs côtés le reste du casting mêlant des nationalités différentes (et notamment l’excellent et angoissant Riccardo Scamarcio), apporte ce supplément d’envergure au film et à son propos. Scénarisé par Abdel Raouf Dafri (déjà auteur des scénarios d’UN PROHÈTE et du diptyque MESRINE), GIBRALTAR s’appuie sur une tension dramatique qui ne cesse de croître au fur et à mesure que Marc Duval se retrouve entraîné dans un engrenage infernal et de plus en plus dangereux. Entre trahisons, mensonges et double-jeu, le piège se referme inexorablement sur le personnage principal qui sombre petit à petit dans une spirale incontrôlable. Son destin lui échappe, et le long-métrage retranscrit avec intensité cette chute qui semble inévitable.

Cependant, le projet de Julien Leclercq souffre aussi de l’excès d’ambition de son réalisateur : la reconstitution des années 80 apparaît par moments un peu forcée et trop balisée. Cette manie de truffer chaque scène d’objets nous rappelant l’époque dans laquelle nous sommes, vire au systématisme un peu grossier. De même, ce choix de vieillir volontairement le grain de l’image du film – en référence aux polars de gangsters des années 70 -, donne certes une atmosphère bien particulière à l’ensemble, mais frôle en même temps un peu la parodie. De même certains ralentis inutiles et trop appuyés, jouent plutôt en la défaveur de la tension qu’ils sont censés servir, là où la sobriété aurait été la bienvenue.

GIBRALTAR - photo du film Go with the Blog

Thriller haletant, GIBRALTAR bénéficie d’une écriture scénaristique soignée et habile, et le film nous embarque dans sa narration passionnante et stressante à la fois, grâce à une histoire vraiment accrocheuse et des comédiens très impliqués. Même si le réalisateur Julien Leclercq pêche par moments dans sa mise en scène en voulant en faire de trop, il parvient néanmoins à tenir son sujet jusqu’au bout, et à capter toute la tension de son récit jusqu’à la dernière minute.

GIBRALTAR, sortie en France le 11 septembre 2013.

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Article rédigé par Elle.

2 réponses sur « GIBRALTAR : Gilles Lellouche dans les eaux toubles du détroit »

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