LA ISLA MINIMA est la jolie surprise cinéma venue d’Espagne, récompensée chez nos voisins ibériques par 10 Goya (l’équivalent de nos César) dont celui du Meilleur Film 2015, mais aussi en France avec le Prix de la Critique au Festival du Film Policier de Beaune !
LA ISLA MINIMA est un vrai film policier dans la plus pure tradition. Nous sommes dans les années 80, dans la campagne andalouse, et là deux flics au tempérament assez opposé doivent enquêter sur le meurtre violent de deux adolescentes. Terres arides, marécages, poids de la religion et des traditions, ainsi que les relents du franquisme, c’est dans ce décor que les deux policiers vont être confrontés à un tueur pervers. Et si tout cela vous fait un peu penser à la série télévisée TRUE DETECTIVE, vous êtes plutôt dans le vrai, on y retrouve quelques points communs … mais pas seulement !
LA ISLA MINIMA est un bon polar car il réunit tous les éléments indispensables au genre. Tout d’abord, une enquête prenante et intrigante. On veut à tout prix connaître la fin de cette histoire et ce qui s’est réellement passé, avec ce scénario riche et qui, jusqu’au bout, vous surprendra !
La cruauté du crime ajoute à la compassion que l’on a pour les victimes. De plus, ce long-métrage dégage une atmosphère tout à fait singulière, et c’est ce qui en fait sa force et son identité. Le réalisateur Alberto Rodriguez réussit à nous plonger au cœur de l’Andalousie et ses décors à la fois superbes et hostiles, que cela soit des terres arides, des marécages, ou des villages poussiéreux et austères.
Pour mettre en valeur ces paysages, le cinéaste nous gratifie de plans aériens contemplatifs où les immenses étendues peuvent facilement faire s’égarer les personnages principaux, à l’image de l’enquête menée qui se révèle très complexe. Néanmoins malgré ces plans sur les paysages, le film reste assez nerveux et parfaitement rythmé.
Pour compléter cet univers inquiétant, glauque et dangereux, qui n’est pas sans nous rappeler celui du film MUD aussi par exemple, LA ISLA MINIMA nous offre une collection de personnages tous inquiétants, recelant chacun une part d’ombre, faisant alors d’eux des coupables potentiels. Personne n’est blanc ou noir, et tous sont liés aussi à leur époque, la fin du franquisme, où corruption et méfiance des uns envers les autres sont de mise.
C’est aussi une réussite du film, d’avoir dessiné en arrière-plan un portrait de la société espagnole sous le franquisme.
Dans cette galerie de personnages, nous retrouvons les deux enquêteurs qui, comme bien souvent, sont diamétralement opposés. Le duo Pedro et Juan, respectivement interprétés par Raúl Arévalo et Javier Gutiérrez, est assez bon, jouant sur l’ambiguïté de leurs personnages respectifs : tout les oppose, mais sans jamais tomber dans la caricature.
L’un représente la nouvelle Espagne post-franquiste, l’autre est plus attaché aux méthodes un brin conservatrices et éprouvées, bien que douteuses. On comprend alors aisément le Goya du Meilleur Acteur 2015 décerné à Javier Gutiérrez en Espagne !
Une mise en scène maîtrisée, une atmosphère singulière et très bien exploitée, un scénario de qualité et d’excellents comédiens, voilà beaucoup d’éléments qui font de LA ISLA MINIMA un polar estival que l’on vous recommande chaleureusement, pour les amateurs d’univers glauque, de suspense et d’enquêtes inquiétantes.
LA ISLA MINIMA, sortie en France le 15 juillet 2015.
[youtube]https://youtu.be/lAMGfTbORaM[/youtube]
Article rédigé par Lui.
2 réponses sur « LA ISLA MINIMA : l’enquête andalouse »
Belle critique.
Très solide policier, beau film noir sobrement réalisé. Seul un manque d’émotion (sans en être dénué) l’empêche de décoller vraiment.
Bonjour Widescreen,
Merci pour le compliment.
Ce film est une agréable surprise qui nous tient en haleine tout du long, avec une localisation originale et bien exploitée en plus !
À bientôt sur Go with the Blog !