Prenez un acteur avec une vraie gueule et un regard qui en impose (Tom Hardy), embarquez-le seul à bord d’une voiture, et faites-le conduire pendant toute une nuit sur une autoroute pour rejoindre Londres, tout en lui demandant de jongler au téléphone entre sa femme, sa maîtresse d’un soir, son patron, et son collègue de chantier avec qui il doit gérer une extrême urgence.
Voilà le projet étonnant et particulièrement original de LOCKE, la seconde réalisation du britannique Steven Knight. Il entraîne Tom Hardy dans ce road trip nocturne où la tension ne cesse d’aller crescendo, et surtout où tous les enjeux de l’intrigue se jouent à travers des coups de téléphone. Ambitieux, LOCKE l’est indéniablement. Mais alors, idée de génie ou délire de réalisateur en mal de reconnaissance ?
LOCKE, réalisé par le britannique Steven Knight, est un film très atypique : pendant une heure et trente minutes, le spectateur est aux côtés de l’acteur Tom Hardy, seul à l’écran 100% du temps. Incarnant le personnage d’ Ivan Locke, un chef de chantier qui a tout pour être heureux, Tom Hardy est au volant de sa voiture ; et à l’occasion d’appels téléphoniques avec son épouse et ses collègues de travail, il doit faire face à plusieurs problèmes qui ne peuvent attendre. Il a le temps de son trajet en voiture, la nuit sur cette autoroute qui l’emmène vers Londres, pour trouver des solutions à tous ses problèmes qui ne cessent de se complexifier au fur et à mesure que les kilomètres passent.
C’est peu de le dire que ce long-métrage repose inévitablement et irrémédiablement sur les larges épaules de l’acteur Tom Hardy. Présent dans chaque plan, il a la lourde responsabilité de capter l’attention du spectateur en permanence, ne jamais le lâcher, et surtout réussir à nous faire cerner son personnage et sa personnalité en ne s’appuyant que sur son seul jeu d’acteur dont les mouvements sont ici limités.
Néanmoins, le personnage qu’il interprète, interagit avec d’autres personnages à travers des conversations téléphoniques, la plupart de courte durée, et qui s’enchaînent les unes après les autres. Sans trop en révéler sur l’intrigue, Ivan Locke doit utiliser ce temps qu’il passe sur la route dans sa voiture pour rassurer son épouse et ses enfants, mais également solutionner un grave problème sur un chantier dont il est responsable, et prendre aussi une décision cruciale vis-à-vis d’une femme avec qui il a une aventure d’une nuit.
Il faut savoir que ces conversations téléphoniques ont été enregistrées en temps réel pendant le tournage du film, et que Tom Hardy dialogue réellement avec des acteurs qui incarnent ainsi par la voix ces autres personnages que l’on ne verra jamais : par exemple, Ruth Wilson (découverte dans LONE RANGER) est la femme d’Ivan Locke, Ben Daniels interprète Gareth le patron d’Ivan.
De ce projet plutôt casse-gueule sur le papier – il faut bien l’admettre -, le réalisateur Steven Knight nous épate en réussissant le tour de force d’en tirer un film absolument captivant, un drame à la fois familial et professionnel pour le personnage principal, autour duquel tout s’effondre.
L’intrigue scénaristique, basée pourtant sur des éléments tout simples (la tromperie conjugale, l’accident de chantier à venir qu’Ivan Locke doit impérativement anticiper avant le petit matin), se dévoile au fur et à mesure des coups de fil du personnage, seul face à la route – et métaphoriquement seul face aux décisions qu’il a à prendre -. Plus il avance sur cette autoroute dans la nuit, plus Ivan Locke se retrouve au pied du mur, avec comme seule alternative : dire la vérité à son épouse et aussi à son patron.
On aime énormément la mise en scène de Steven Knight qui a apporté un soin tout particulier à la photo de son long-métrage, ainsi qu’au traitement des couleurs et des reflets des lumières. L’ensemble n’est pas sans rappeler d’ailleurs COLLATÉRAL de Michael Mann sur cette question précise de l’esthétique de la nuit en voiture, et aussi les scènes de conduite nocturnes dans DRIVE de Nicolas Winding Refn. De bien belles références, on en conviendra !
Audacieux, déconcertant sur les premières minutes mais réellement fascinant pour le spectateur, LOCKE fait partie de ces films indépendants tournés avec une économie de moyens (un micro budget et seulement sept nuits de tournage) mais une grande richesse d’idées, et qui prouvent que l’on peut faire du cinéma de façon originale et créative tout en captant totalement l’attention du spectateur.
Surtout, LOCKE nous montre une nouvelle fois l’étendue du talent de Tom Hardy qui relève ici haut la main le défi. Un tête-à-tête nocturne avec un acteur au charme indéniable.
LOCKE, sortie en France le 23 juillet 2014.
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Article rédigé par Elle.
Une réponse sur « LOCKE : Tom Hardy, la nuit lui appartient »
[…] l’occasion de la sortie en salles le mercredi 23 juillet 2014 du très surprenant et captivant LOCKE, où l’on retrouve l’incroyable Tom Hardy dans un huit clos singulier, Go with the […]