AMERICAN NIGHTMARE : un cauchemar avorté

AMERICAN NIGHTMARE - affiche FrVoilà une nouvelle fois un film dont sa réputation et son succès commercial aux États-Unis le précèdent. Réalisé avec un micro budget de 3 millions de dollars, AMERICAN NIGHTMARE (THE PURGE en VO) a déjà remporté plus de dix fois sa mise avant même d’arriver sur notre vieux continent !
Dans une Amérique rongée par la violence et où les prisons sont surpeuplées, un nouveau gouvernement a opté pour une loi radicale afin de permettre à ses citoyens de vivre en paix : une nuit par an, pendant 12 heures, le crime devient légal. Tout est permis, y compris le meurtre, sans aucune intervention de la police ou des services de secours. Cette nuit de « la purge » est le remède qui a permis au pays de voir sa criminalité radicalement baisser en quelques années, et son taux de chômage atteindre le niveau de 1%.
Comme chaque année, James Sandin et sa famille se prépare donc à cette nuit de la purge dans leur maison ultra sécurisée ; ils se barricadent et attendent paisiblement que les 12 heures passent. Paisiblement vous avez dit ? Pas tant que cela …

À la lecture de ce pitch, on se dit que AMERICAN NIGHTMARE s’empare d’une idée drôlement maligne et passionnante, bousculant le politiquement correct, et osant affirmer que la seule solution pour mettre fin à la criminalité et la violence, c’est d’accepter pendant une nuit de livrer les hommes à leurs plus bas instincts.
Pourtant, de ce point de départ fort intéressant, le long-métrage réalisé par James DeMonaco (essentiellement réputé pour être le scénariste de ASSAUT SUR LE CENTRAL 13 du français Jean-François Richet) ne va en tirer qu’un prétexte à un énième film de « home invasion », c’est-à-dire d’un affrontement entre une famille recluse dans sa maison devenue un bunker, et une bande de sauvageons ultra violents à l’extérieur, prêts à en découdre coûte que coûte.

AMERICAN NIGHTMARE - photo 2

Le film met d’abord beaucoup trop de temps à démarrer. Il faut quasiment attendre une heure pour entrer dans le vif du sujet, sachant que AMERICAN NIGHTMARE ne dure pas plus d’1h30. Pendant cette première heure, il ne se passe pas grand chose il faut bien l’avouer, et les tentatives du réalisateur pour créer un climat de tension demeurent assez anecdotiques.

Une fois immergé dans le cœur de l’action du film, l’autre gros souci c’est d’avoir choisi de tourner les principales scènes de tension dans le noir (pour les détails scénaristiques, il faut préciser que le courant électrique est coupé à l’intérieur de la maison de la famille Sandin). On ne distingue pas grand chose de ce qui se passe au sein de cette grande demeure américaine, et les déplacements des personnages en deviennent bien compliqués à suivre et à décrypter.
Plonger l’action de son film dans le noir est toujours une bonne solution de facilité pour ne pas s’encombrer de trop de précisions dans la mise en scène, autorisant même quelques approximations que le spectateur ne remarque pas trop finalement. Sauf que trop d’obscurité tue l’obscurité, et finit surtout par agacer ! …

AMERICAN NIGHTMARE - photo 1

Côté casting, Ethan Hawke qui interprète le personnage principal James Sandin, reste à la hauteur de sa réputation : c’est aussi très intéressant de noter que le physique de quarantenaire du comédien, très mince et le visage de plus en plus marqué avec les années, participe également à donner à son personnage une dimension double et facilement enclin aux dérives jusqu’au-boutistes. À ses côtés malheureusement, les autres protagonistes restent assez caricaturaux, excepté peut-être Lena Headey qui tient le rôle de l’épouse de James Sandin, et qui dévoile un caractère de plus en plus badass au film de l’histoire, et tout particulièrement dans les dix dernières minutes.

AMERICAN NIGHTMARE propose tout de même quelques interrogations pertinentes et jalonne son récit dénué de relief, de petites amorces de réflexion sur nos sociétés modernes, leurs disparités sociales et le perpétuel grand écart entre les riches et les pauvres. De même, à certains moments, le long-métrage tente de mettre le spectateur dans une position inconfortable : le principal fil rouge de la narration est de se demander jusqu’où nous serions tous prêts à aller pour protéger notre famille, nos proches et ceux que nous aimons ? Peut-on tout autoriser pour sauver les siens ?

AMERICAN NIGHTMARE avait tout pour plaire avec un point de départ pertinent et séduisant, sur un sujet à la fois politique et sociétal. Malheureusement, James DeMonaco ne semble pas à la hauteur de l’ambition de son projet, et surtout perd de vue son sujet initial en focalisant son récit sur le sort d’une famille, excluant ainsi la dimension nationale de son pitch.
Le réalisateur a beau multiplier les références cinématographiques à tout va pour nous témoigner de son érudition et de son amour du cinéma (de V FOR VENDETTA à ORANGE MÉCANIQUE et PANIC ROOM, en passant par un clin d’œil à TERMINATOR 2), cela reste insuffisant pour éviter à son film de tomber dans un classicisme quelque peu décevant, où le manque de tension et de violence tranche paradoxalement avec l’idée de départ.

AMERICAN NIGHTMARE, sortie en France le 07 août 2013.

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Article rédigé par Elle.

5 réponses sur « AMERICAN NIGHTMARE : un cauchemar avorté »

Merci pour ton commentaire.
En effet, on était vraiment emballé par l’idée de départ de ce film dont on attendait pas mal, et la déception en a été + grande du coup.
À voir quand même pour se faire sa propre idée 😉

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