C’est un soir, un soir pourri sous une pluie battante. Julie croise Guillaume. Ils se parlent, surtout lui. Ils s’observent, surtout elle. Ils ne savent pas trop ce qui se passe, tout en sachant très bien ce qu’il se passe. Ils sont hésitants, moqueurs, sincères. Ils sont plein de choses à la fois et ils sont très vrais. Ils nous ressemblent.
AFTER est une romance mais pas de celles qui véhiculent des clichés ou des histoires de princesses. Ici le carrosse est une moto, et le bal un restaurant japonais ; et malgré cela, la magie opère.
Premier long-métrage de la romancière Géraldine Maillet, AFTER c’est l’histoire d’une rencontre loin d’être improbable, loin d’être magique, bien au contraire. L’intérêt de AFTER est justement de jouer la carte de la véracité pure. Bien souvent dans les films de romance, on crée une rencontre quasi impossible entre un prince ou équivalent, et la fameuse girl next door.
Dans ce projet au contraire, c’est justement le réalisme qui rend l’histoire touchante. Les deux protagonistes hésitent, se cherchent, se posent des questions sur eux et sur l’autre, un peu comme chacun de nous lors d’une première rencontre. La réussite du projet tient aussi aux dialogues et à certains silences. Ceux-ci sont drôles, délicats, et tout à fait crédibles.
Le spectateur est rendu complice de cette rencontre et l’on est touché par cette histoire car on pourrait être à leur place ; parfois même on se surprend à revivre certains sentiments que l’on a connus. De plus, AFTER évite avec intelligence tous les clichés du genre, et refuse de s’engourdir dans une histoire mièvre à l’eau de rose.
Dans ce type de films, le jeu des comédiens est essentiel. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ici le duo formé de Julie Gayet dans le rôle de Julie, et Raphaël Personnaz dans celui de Guillaume, fonctionne merveilleusement bien. La première est mariée, plutôt froide et méfiante vis-à-vis du second, bavard, direct et plus fantasque. Leur jeu simple et épuré colle parfaitement à cette ambiance nocturne, et ils apparaissent très complices à l’écran.
Quant à la réalisation, elle reste cohérente avec l’idée conductrice du film. Géraldine Maillet nous offre une vision de Paris très loin de la carte postale. Au contraire, c’est un Paris plus banal (la scène de rencontre se déroule dans un quelconque restaurant japonais), et festif, dans des lieux simples de tous les samedis soirs. Néanmoins, la photo est superbe et le travail sur la lumière nous procure des images singulières de la capitale, véritable ‘personnage’ de ce film.
Enfin, de la même manière, la musique est très présente dans AFTER, et surtout très variée, navigant du jazz à l’electro. Elle accompagne parfaitement l’histoire qu’elle habille avec une touche d’originalité.
Le seul bémol de ce film, qui a la faiblesse de bien des premiers long-métrages, c’est qu’il connaît un petit essoufflement sur la fin en tirant de manière répétée sur le même principe scénaristique. Mais il s’agit là d’un défaut mineur, qui ne gâche pas le plaisir et la réussite de AFTER ; l’ensemble reste très agréable et le défi du premier long-métrage est amplement relevé !
AFTER, sortie en France le 30 janvier 2013.
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Article rédigé par Lui.
4 réponses sur « AFTER, réalisé par Géraldine Maillet »
J’ai trouvé ce film d’une élégance rare, tout y est subltilement bien mené : rencontre entre les deux personnages, naissance des sentiments, dialogues… Le jeu des acteurs est tellement juste que l’on se demande parfois s’ils sont dans la compostition ou s’ils vivent vraiment la scène au moment de la tourner… Les regards échangés entre eux deux sont assez troublants. Je pense que la volonté de Géraldine Maillet de ne pas avoir fait se rencontrer Julie Gayet et Raphaël Personnaz avant le début du tounage a beaucoup joué sur cette ambiguité dans le film. Et la musique, indispensable aux films selon moi, tient une grande place dans ce long métrage et accompagne merveilleusement bien la naissance de cette relation. Bref, j’ai beaucoup aimé ! 🙂
Merci beaucoup pour ce commentaire.
Le côté très vrai dans ce film lui donne toute sa beauté. Les regards, les silences même les maladresses, on se retrouve pleinement dans ce film.
Malheureusement dans trop peu de salles…
[…] éponyme, séduisant mais jamais séducteur (comme nous avions pu le découvrir dans le délicat AFTER un peu plus tôt cette année), rêveur et fier. Ce premier volet de la trilogie nous permet de […]
[…] réjouissant ! Tout d’abord, le duo Raphaël Personnaz (déjà croisé cette année dans AFTER) et Bérénice Béjo (qu’on ne présente plus) fonctionne à merveille. Ce duo et couple dans […]