Créé en 1902 par l’auteur écossais J.M. Barrie, Peter Pan est un personnage devenu icône, l’incarnation de l’enfance et de la magie de nos rêves. Après avoir eu le droit à un dessin animé culte de Disney, puis un film réalisé par Steven Spielberg en 1991 (le formidable HOOK OU LA REVANCHE DU CAPITAINE CROCHET), ainsi qu’un long-métrage très touchant qui s’inspirait indirectement de l’histoire du Pays Imaginaire (NEVERLAND en 2004 avec Johnny Depp et Kate Winslet), Peter Pan est de retour sur grand écran en 2015, dans une sorte de préquel à l’histoire originelle de J.M. Barrie.
En effet, ce PAN réalisé par l’anglais Joe Wright nous raconte ce que nous ne savions pas encore, c’est-à-dire comment Peter a découvert le Pays Imaginaire alors qu’il vivait dans un orphelinat à Londres pendant la Seconde Guerre Mondiale, comment il a dû affronter le terrible Barbe Noire avec l’aide d’un certain James Crochet, qui avait encore ses deux mains et qui était jusque lors un fidèle allié pour Peter.
Une approche originale sur le papier du mythe Peter Pan, où l’on se dit que l’on va retourner aux origines de cette histoire poétique. Enfin, c’est ce qu’on avait cru …
PAN fait partie des grosses productions hollywoodiennes plutôt attendues en cette année 2015, notamment en raison de son casting très classe qui réunit Hugh Jackman, Garrett Hedlund et Rooney Mara. Mais on ne va tourner en rond pendant des lignes et des lignes, le film est une très grosse déception !
Ce blockbuster à l’ambition clairement affichée, se révèle être particulièrement poussif, laborieux, rarement drôle, et se dote d’une esthétique ultra boursoufflée ! Le scénario est d’une affolante langueur, on s’ennuie ferme pendant ces presque deux heures de bagarres ininterrompues et interminables.
Très long à démarrer, PAN s’ouvre dans une ambiance très sombre et déjà caricaturale quand il s’agit de raconter le quotidien terrible de Peter dans cet orphelinat qui ressemble au vidéo-clip de « Désenchantée » de Mylène Farmer. Déjà là, les personnages qui entourent Peter sont caricaturaux au possible, en particulier la méchante matriarche de l’orphelinat. Mais à la rigueur, passons.
Une fois arrivé (enfin) au Pays Imaginaire, là on reste pantois dans notre siège, la mâchoire qui se décroche, quand on assiste à cette séquence chorale surréaliste où des centaines d’enfants, kidnappés par Barbe Noire et qui travaillent pour lui, entonnent une reprise a capella abominable du « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana ! Oui, oui, vous avez bien lu. Plusieurs jours après avoir vu le film, on n’a toujours pas compris le projet de ce délire …
PAN cherche désespérément à avoir l’air cool et moderne, alors que son plus gros défaut c’est justement d’être tout le contraire ! Le film de Joe Wright sombre peu à peu dans les écueils du divertissement cinéma d’un autre temps, qui vont jusqu’à nous faire penser que le HOOK de Steven Spielberg sorti il y a plus de vingt ans, est sans nul doute le plus moderne des deux. Un comble quand même.
Dans ce naufrage (désolés, on n’a pas d’autres mots), le pire est quand même que PAN gomme toute la magie et la poésie de Neverland, le Pays Imaginaire. Et ce n’est pas une séquence (une nouvelle fois interminable) dans le Territoire des Fées, où visuellement le metteur en scène n’a pas eu d’autres idées que de saturer l’écran de lumières, qui va sauver l’affaire.
Sans émotion, sans humour, mais uniquement sur-gonflé à l’action sans aucune mesure, PAN n’émeut jamais. Et malheureusement, ce ne sont pas les personnages qui vont nous y aider. Hugh Jackman en Barbe Noire n’a jamais été aussi ridicule, ce qui est problématique pour un personnage censé être le Méchant de l’histoire.
Mais le pire, c’est peut-être James Crochet incarné par un Garret Hedlund totalement en déperdition (pourtant, on aime beaucoup le comédien qu’on avait adoré dans SUR LA ROUTE par exemple, ou récemment INVINCIBLE). Le personnage de Crochet se retrouve vidé de tout son sens et de toute sa mythologie, ressemblant ici davantage à une sorte d’Indiana Jones qu’à un futur pirate. Et si vous espériez découvrir grâce au film comment il a perdu sa main … et bien même là, c’est manqué, on n’en saura rien.
On aurait aimé vous recommander ce film pour vos enfants, vos neveux, vos petits cousins, et vous dire qu’ils feront un joli voyage au Pays Imaginaire … Mais PAN n’offre guère l’occasion de rêver et de s’émerveiller, ni pour les enfants et encore moins pour les adultes.
PAN, sortie en France le 21 octobre 2015.
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Article rédigé par Elle.
Une réponse sur « PAN : l’enfance d’un (futur) chef »
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