Hélène Fillières est une comédienne française discrète mais à la carrière ben établie. Elle réalise avec UNE HISTOIRE D’AMOUR son premier long-métrage pour le cinéma.
Le film puise son inspiration dans le fait divers lié au banquier Edouard Stern, retrouvé mort à son domicile vêtu d’une combinaison en latex, et qui cultivait une relation sadomasochiste avec sa maîtresse. De cette histoire, l’écrivain Régis Jauffret en a tiré un roman, Sévère, à partir duquel Hélène Fillières a construit son projet cinématographique. Elle réunit à l’écran un couple inédit et étonnant avec Benoît Poelvoorde dans le rôle du banquier, et Laetitia Casta dans celui de sa maîtresse.
UNE HISTOIRE D’AMOUR est un film dont le parti-pris esthétique est très fort et singulier. Hélène Fillières a délibérément choisi de ne pas donner de noms à ses personnages, et elle les fait évoluer dans des lieux et des décors d’une grande neutralité, vides et isolés. On ne sait pas dans quelle ville ni dans quel pays on est.
Mais surtout, l’atmosphère générale y est glaciale, austère, tout en gardant une certaine élégance. Chaque scène s’apparente quasiment à un tableau où les lignes horizontales et verticales des murs et des rares éléments du décor, en déterminent les contours. Ce parti-pris est vraiment dérangeant pour le spectateur à qui on donne finalement peu d’éléments auxquels se rattacher.
Cette singularité formelle, adoubée à une réalisation elle aussi très rigide et où la semi obscurité domine, se révèle à la fois comme une des forces de ce film mais aussi sa grande limite. UNE HISTOIRE D’AMOUR a quelque chose d’excluant pour le spectateur qui n’est jamais invité à pénétrer cet univers hermétique, sans identité, et si viscéralement formalisé. À trop maîtriser chaque détail, Hélène Fillières nous donne à voir une succession de séquences dont on reste totalement étrangers.
De plus, sa mise en scène finit même par en devenir maniérée à force de répéter à l’excès les mêmes schémas : travelling avant, puis caméra qui tourne autour des personnages, puis plan serré, etc …
En revanche, on se doit de souligner que dans cet exercice de style excessif, Benoît Poelvoorde et Laetitia Casta parviennent tout de même à nous offrir quelques moments intéressants : les deux acteurs s’en sortent plutôt bien dans ce projet casse-gueule, notamment Poelvoorde aminci dans un rôle flippant comme on ne l’avait pas vu depuis très longtemps. Quant à l’élégante Laetitia Casta, elle insuffle beaucoup de mystère à son personnage, entre sensualité presque involontaire et fragilité à fleur de peau. On regrette par contre que sa réalisatrice se soit refusée à lui donner davantage de texte et donc de profondeur, laissant parfois sa comédienne livrée à elle-même.
UNE HISTOIRE D’AMOUR n’est pas un film que l’on peut rejeter en bloc car il y a dans ce projet de cinéma de l’audace, et l’envie de faire quelque chose avec une identité forte et marquée. Mais ce long-métrage est bien trop formel, et finit par virer à la caricature du film d’auteur exigeant. Il y avait pourtant beaucoup à faire avec cette histoire folle et le thème du sadomasochisme amoureux. Notre regret est d’autant plus grand que le casting fonctionne à merveille.
NB : La bande originale du film est signée Etienne Daho.
UNE HISTOIRE D’AMOUR, sortie en France le 09 janvier 2013.
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Article rédigé par Elle.