À la fin des années 80 et pendant deux années, sous le pseudonyme de « Starbuck », David Wosniak a fait don à de très nombreuses reprises de son sperme pour le bien de familles en mal d’enfants, et surtout pour arrondir ses fins de mois difficiles ! Vingt ans plus tard, on vient l’informer qu’il est le père biologique de 533 enfants (sic), dont 142 d’entre eux se sont réunis et demandent à connaître l’identité de leur vrai père.
STARBUCK est une comédie qui nous vient tout droit du Québec, réalisée par Ken Scott dont c’est ici le premier film après avoir été auparavant scénariste sur divers projets. Mais tout en passant par le rire et les situations improbables, le metteur en scène en profite pour questionner la famille, la construction individuelle, la transmission, l’héritage, la succession.
Le postulat de départ de STARBUCK est tellement farfelu que le potentiel comique du film apparaît comme une évidence. Le personnage de David Wosniak présente toutes les caractéristiques de l’éternel adolescent : il travaille à la boucherie familiale mais son père dit de lui qu’il est le pire livreur de viande qui puisse exister ; il vit en célibataire endurci dans un appartement chaotique ; il est incapable de se stabiliser dans une relation amoureuse durable ; et par-dessus tout, il est gentiment tête en l’air et se retrouve toujours dans des situations invraisemblables !
Patrick Huard (inconnu chez nous) porte sur ses larges épaules ce personnage et impose sa carrure à l’écran. Son visage attachant sert complètement le rôle, et le comédien nous emballe dès les premières minutes du film.
D’ailleurs, le premier quart d’heure s’engage sur un rythme très enjoué, et embarque le spectateur très rapidement. Les scènes s’enchaînent avec aisance, servies par un montage soigné et intelligent. À cela s’ajoutent des dialogues en québecois qui, vus d’ici, nous font forcément beaucoup rire car certaines expressions de langage sont pour nous absolument hilarantes !
Lorsque le personnage de David Wosniak commence à faire la découverte petit à petit du profil et de la personnalité des enfants qui sont les siens biologiquement, le long-métrage entame alors une tentative d’équilibre entre situations comiques et émouvantes. Ainsi rapidement, la comédie au départ fantasque, acquiert au fur et à mesure une dimension supplémentaire. On ne dresse évidemment pas le portrait des 142 enfants qui demandent à connaître leur géniteur, mais quelques uns d’entre eux permettent de dessiner différentes typologies d’individus, aux origines sociales variées (de celui en passe de devenir un grand footballeur à la jeune fille paumée, du rebelle en quête d’identité à l’apprenti comédien, etc …). Malheureusement, on n’échappe pas à certains stéréotypes et à certains propos un peu convenus sur la prise de conscience de soi, la seconde chance, l’aide à son prochain, et des questionnements un peu raccourcis sur le sens à donner à sa propre existence.
Certes, on peut saluer le mérite du réalisateur et de son scénariste Martin Petit, d’avoir cherché à donner de la profondeur et de la densité à leur comédie. Mais cela se fait en passant inévitablement par des lieux communs sur la vie et la famille, et surtout par le biais de séquences qui tirent volontairement sur la corde sensible (les passages avec le fils handicapé sont assez limites tout de même, et tendent vraiment vers la sensiblerie facile), le tout appuyé dans ces moments là par une musique à violons pénible.
STARBUCK reste malgré tout une très agréable comédie, bien sentie et vraiment hilarante par moments. Les canadiens nous confirment une fois de plus leur talent dans ce domaine, s’il l’était encore à prouver ! En dépit de quelques longueurs et de cet échec dans l’équilibre entre humour et réflexions plus sérieuses, STARBUCK fait du bien et nous donne quand même un bon bol d’air au pays du sirop d’érable.
STARBUCK, sortie en France le 27 juin 2012.
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Article rédigé par Elle.