LES INFIDÈLES se présente comme une curiosité cinématographique puisqu’il s’agit d’un film à sketchs, ou si vous préférez une succession de mini films avec des histoires et des personnages différents, mais liés par un fil conducteur (en l’occurence ici, le thème de l’infidélité). Ainsi, plusieurs réalisateurs ont participé à ce projet (parmi les plus connus, Michel Hazanavicius, Eric Lartigau, ou encore Emmanuelle Bercot, co-scénariste de POLISSE sorti en 2011), et pour la première fois Jean Dujardin et Gilles Lellouche sont passés derrière la caméra.
Porté par une distribution de haute volée et qui sent bon la franche camaraderie, le projet réunit sur le papier tous les ingrédients pour une bonne comédie roublarde. Et pourtant, on se surprend à y trouver bien davantage …
LES INFIDÈLES maîtrise brillament son sujet. On a affaire ici à un travail d’écriture dans les scénaris et les dialogues extrêmement affûté. Un grand soin est apporté aux détails (décors, mise en situation, costumes) permettant ainsi de modéliser les personnages socialement et émotionellement en quelques fractions de secondes à peine. Dès l’apparition à l’écran d’un nouveau personnage, on sait rapidement qui il est, où et comment il vit, dans quel cadre social et marital il se trouve. Ceci est d’autant plus un exercice difficile dans le cadre d’un film à sketchs où les personnages sont nombreux et se doivent de séduire le spectateur très rapidement.
Les dialogues sont riches et croustillants, un vrai régal (certaines répliques ont tout pour devenir cultes !), et les acteurs livrent tous des compositions intelligentes et justes. Dans les seconds rôles, on retient entre autres Sandrine Kiberlain et son aplomb inébranlable face à la meute des Infidèles Anonymes, Manu Payet qui pour une fois n’est pas agaçant (il porte à merveille le masque de cochon en latex).
Mais surtout, ce film est le fruit de la complicité entre Jean Dujardin et Gilles Lellouche, potes à la ville comme à l’écran, qui ont décidé ici de tout se permettre sans se poser de limites. Les deux comédiens rayonnent ensemble à l’écran et s’affranchissent de bon nombre de tabous sur les relations hommes-femmes, le mariage, le couple, la sexualité (y compris celle entre hommes), l’adultère, le mensonge.
Pour finir, LES INFIDÈLES est un pari réussi par sa très grande justesse de ton et la qualité évidente du travail d’écriture qui a été apporté à l’ensemble des situations. Chaque sketch a son identité propre, et les différents metteurs en scène ont également eu la possibilité d’y apporter leur personnalité (ainsi, toute la séquence du Séminaire BioMap, réalisée par Michel Hazanavicius, porte la signature et l’identité de son réalisateur). Surtout, LES INFIDÈLES n’oublie pas l’équilibre esssentiel à toute comédie, contenu dans un savant dosage d’humour et d’émotion. On est finalement touché par ces maris infidèles, menteurs incorrigibles, coureurs infatigables de jeunes filles aux gros seins ; et ça, c’est signe de réussite qui ne trompe pas (si on peut dire …).
LES INFIDÈLES, sortie en France le 29 février 2012.
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Article rédigé par Elle.