L’ÎLE DE GIOVANNI, c’est un minuscule bout de terre qui appartient au Japon, éloigné de tout, paisible et tranquille, où chacun vit en parfaite harmonie avec la nature. Malheureusement, en 1945 les choses basculent. Après la crainte des bombardements américains, cette île est finalement annexée par les troupes russes qui viennent coloniser ce territoire.
Plusieurs familles russes emménagent alors dans le village du jeune Jumpei, et notamment la famille de la jolie Tanya. Très vite, les deux enfants se lient d’amitié (ou peut-être un peu plus), et partagent la gaieté et l’innocence de leur jeune âge. Mais rien ne leur sera épargné, et la confrontation avec le monde des adultes, plus violent et impitoyable, les obligent à affronter des situations douloureuses et très compliquées.
Ce film d’animation poétique et réaliste à la fois, signé Mizuho Nishikubo, se base sur la véritable histoire de l’île japonaise de Shikotan, qui fut rattachée à l’Union Soviétique en 1945. La mise en animation de L’ÎLE DE GIOVANNI est réalisée par Nobutaka Ito, qui a notamment travaillé sur GHOST IN THE SHELL 2.
L’ÎLE DE GIOVANNI reprend les codes traditionnels des films d’animation japonais de haute qualité, qui s’exportent de plus en plus en Occident. Tout d’abord, l’animation nous rappelle irrésistiblement celle de nos dessins animés que nous regardions lorsque nous étions nous-mêmes enfants : une animation simple, épurée, toute en rondeur, qui conserve un certain charme désuet et très tendre.
Ce long-métrage nous plonge dans un univers enfantin (de nombreuses scènes de jeux, de rêveries d’enfants, de petites bêtises amusantes, constituent l’atmosphère du tout début du film) ; mais cette histoire à hauteur d’enfants aborde des sujets d’adultes comme la guerre et l’Occupation, les camps de prisonniers et la déportation des populations, ainsi que des thématiques profondes et graves telles le pardon et la réconciliation.
De ces thèmes découle une histoire touchante et triste par instants, mais avec toujours ce savoir-faire japonais en matière d’animation qui parvient à ajouter une touche de poésie lunaire et de douce candeur, qui rend alors L’ÎLE DE GIOVANNI accessible également au jeune public.
Les personnages sont terriblement attachants, et l’on suit leur périple et la trajectoire de leur destin en s’inquiétant véritablement pour eux. Le spectateur est ainsi connecté de bout en bout avec cette histoire chargée en émotions. Tous les personnages, mêmes les plus secondaires, se révèlent intéressants, avec leur tendresse et leur humanité.
L’ÎLE DE GIOVANNI parvient à trouver un subtil mélange entre poésie, conte pour enfants, et dramaturgie et violence du monde. Ce film nous transmet ainsi un message de paix et également de pardon, en somme un message universel.
Ce film d’animation japonais est dans la lignée de ses prédécesseurs, intelligent, plein de poésie et d’humanité. Aussi bien destiné aux enfants (même si attention, certains passages très réalistes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes) qu’aux adultes, L’ÎLE DE GIOVANNI est un joli moment de cinéma, bouleversant par plusieurs aspects, au service de la mémoire d’un épisode de l’Histoire et d’une population parfois oubliés.
L’ÎLE DE GIOVANNI, sortie en France le 28 mai 2014.
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Découvrez le très beau site français sur le film : L’ÎLE DE GIOVANNI – le site
Article rédigé par Lui.
2 réponses sur « L’ÎLE DE GIOVANNI : la poésie de l’innocence perdue »
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Bonjour,
En effet, le film mélange intelligemment la gravité de la guerre avec la légèreté de la poésie et le monde de l’enfance. Un message assez fort pour dire que malgré ce contexte dramatique, l’innocence et la poésie doivent subsister.
Pour ma part, j’ai été très ému par la scène où les écoliers(russes et japonais) reprennent en chœur la chanson de l’autre classe à travers le mur. Un beau message d’espoir et de paix.
Très beau film qui fait beaucoup penser au « Tombeau des Lucioles ». Hâte de voir Le conte de la Princesse Kaguya.