FOXFIRE ou la revanche des filles, tel est l’autre baseline que l’on aurait pu choisir pour ce film. Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom de Joyce Carol Oates. Il y avait déjà eu une précédente adaptation au cinéma, mais qui avait replacé l’histoire dans un contexte contemporain.
Cette fois-ci, nous sommes en plein cœur des États-Unis en 1955 : une bande de filles en proie aux moqueries et aux vices des garçons, décident du jour au lendemain de se serrer les coudes et de ne plus se laisser faire, ni même de se laisser commander.
De la brute en passant par la starlette et la timide, toutes ces filles ne vivent désormais que pour une chose : leur gang de sœurs, le gang Foxfire.
Laurent Cantet signe ici son septième film et pour la quatrième fois, adapte un roman au cinéma avec une histoire assez intéressante. Une fois de plus, il met en avant l’adolescence dans sa fougue, son énergie et ses désillusions.
FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES c’est la naissance de ce groupe féminin mené par la charismatique Legs, qui ne recherche que la liberté. Au début, il s’agit surtout de se venger des brimades du quotidien, par le biais de tags, bris de vitres entre autres. Toutefois, ces jeunes filles vont très vite aller de plus en plus loin pour s’affirmer, tout simplement parce que l’union fait la force et que toutes sont très unies, du moins au début. Cette escalade va les conduire du simple outrage à des actes bien plus graves.
Elles ne sont que dans la vengeance et la contre-réaction ; et même si peu à peu une idéologie se forme, on ne peut pas leur attribuer une étiquette politique, ni même utiliser le mot de féminisme. Elles ne sont pas en quête de gloire ou de richesse. Elles veulent simplement vivre entres elles, et l’argent n’est qu’un moyen de survivre, pas un but en soi.
Une part importante du film, c’est ce désir très fort de liberté et de respect, bien difficiles à conquérir à l’époque. Ce long-métrage bénéficie d’un superbe travail de reconstitution tant dans les décors (filmés la plupart du temps à 360° et non dans un classique champ/contre-champ) que dans les mœurs et la manière de vivre à cette période. Il faut souligner la qualité de la photo de Pierre Milon, directeur de la photographie, et de son équipe.
Cette histoire est véritablement passionnante car ces filles n’hésitent pas aussi, d’une certaine façon, à contester la société de consommation dont les femmes sont également les cibles et les victimes.
L’autre belle qualité de FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES c’est de réunir un casting très convaincant. Et cela l’est encore plus lorsqu’on découvre que seule une des comédiennes, Tamara Hope qui incarne Marianne, est professionnelle, toutes les autres jouant ici pour la première fois de leur vie dans un film. Elles sont toutes remarquables dans leur registre et donnent vraiment l’impression d’être une bande, la complicité semble réelle. On retient en particulier la formidable prestation de Raven Adamson qui endosse le rôle de Legs, la chef du gang ; la jeune fille crève véritablement l’écran ! Une flamboyante révélation, capable d’être joyeuse et charmeuse puis d’être dure et intransigeante. C’est à travers elle que l’histoire se projette et il était primordial que l’actrice soit à la hauteur, c’est ici parfaitement le cas. Le spectateur est captivé par cette meneuse qui sert d’exemple et presque d’icône aux autres filles. Reste maintenant à souhaiter de la retrouver très vite sur d’autres projets !
Le seul regret que l’on peut exprimer sur ce film, c’est d’être sans doute un peu trop long. Même si l’histoire est captivante, on perd en intensité sur les derniers moments du récit, et des lenteurs se font sentir, nous mettant alors dans une situation embarrassante où l’on désire autant poursuivre la narration que la voir s’achever. La toute fin tombe d’ailleurs un peu à plat, dans une forme d’inachevé qui laisse un goût de déception lorsque les lumières se rallument. À vouloir trop bien faire, le réalisateur étire inutilement son récit, au détriment de la tension narrative.
Reste que cette adaptation de FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES est particulièrement bien interprétée, donnant vie et âme à l’histoire à laquelle on adhère facilement et avec un vrai plaisir.
FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES, sortie en France le 2 janvier 2013.
[youtube]http://youtu.be/UuSKsMW5ODo[/youtube]
Article rédigé par Lui.
2 réponses sur « FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES, réalisé par Laurent Cantet »
Critique juste particulièrement sur ce que tu dis à propos de la dernière partie du film.
Merci beaucoup pour ton commentaire.