THE WITCH : la petite maison dans la folie

THE WITCH - Affiche FRANCE officielle Film 2016 Universal Pictures - Go with the BlogCeci n’est pas un film d’horreur.
Il vaut mieux le dire immédiatement, car THE WITCH est pourtant présenté ainsi pour sa sortie en France, et c’est une grossière erreur qui risque de dérouter de nombreux spectateurs …
Tout premier long-métrage de l’américain Robert Eggers, 33 ans tout juste, THE WITCH est basé sur la première chasse aux sorcières de l’Amérique dans la Nouvelle-Angleterre coloniale, soixante-deux ans avant les condamnations et mises à mort des tristement célèbres sorcières de Salem, en 1692 dans le Massachusetts.

William, Katherine et leurs cinq jeunes enfants, sont chassés du village où ils s’étaient installés, en raison de leur dévotion religieuse et leurs croyances extrêmes. La famille s’installe alors seule sur un lopin de terre, à la lisière d’une sombre forêt. Mais la disparition inexpliquée de Samuel, leur nouveau-né, provoque de vives tensions dans cette famille livrée à elle-même, et se réfugiant fiévreusement dans leurs croyances religieuses.


Présenté au Festival du cinéma indépendant de Sundance en 2015, THE WITCH y a reçu un accueil particulièrement enthousiaste, notamment de la part des critiques. Précédé donc de cette réputation auprès des spectateurs amateurs du genre, le film suscite alors pas mal d’attentes du côté du public européen.

Mais THE WITCH déroute et laisse perplexe. Si le réalisateur Robert Eggers a su mettre en place une atmosphère très singulière, notamment grâce à un travail attentif sur les décors, les couleurs et la direction photo de son long-métrage, il a également choisi de traiter son sujet avec un peu de confusion et beaucoup de trop-plein.
THE WITCH - Image 2 Anya Taylor Joy Film 2016 Universal Pictures - Go with the Blog
Passionné par les contes anciens, les histoires de sorcières aux États-Unis au XVIIème siècle et les mythes autour de la sorcellerie, le réalisateur a longuement étudié son sujet avant de mettre en scène THE WITCH. Son film n’est d’ailleurs pas inspiré d’une histoire en particulière, mais puise la source de son récit dans de très divers contes et mythes de cette époque, ainsi que des comptes-rendus de procès.

Ainsi, THE WITCH bénéficie d’une crédibilité plutôt forte dans ce qu’il nous raconte, et immerge le spectateur dans cette Nouvelle-Angleterre profondément puritaine, croyante, et dont la vie est entièrement guidée par la religion et la force divine.
Cependant, le film y trouve également ses limites, car l’histoire de cette famille aux prises à la folie de sa croyance jusqu’au-boutiste, accumule beaucoup trop de références religieuses et pieuses, et englobe clairement trop de mythes liés à la sorcellerie et au diable.
THE WITCH - Image 5 Anya Taylor Joy Film 2016 Universal Pictures - Go with the Blog
Malgré le fait que l’atmosphère étrange et intense du récit confère une réelle emprise du film sur le spectateur, on est tout de même assez dérouté par la tournure des évènements, leur accumulation, et surtout leur manque de cohérence entre eux.

Cette famille isolée sur ce bout de terre vide et dépeuplé, cède peu à peu à la démence religieuse dans ses pires excès, au fur et à mesure que les catastrophes les plus violentes s’abattent sur elle. Mais cela manque de liant, desservi en plus par un montage haché à la serpe et pas toujours bien senti.
THE WITCH - Image 4 Anya Taylor Joy Film 2016 Universal Pictures - Go with the Blog
Néanmoins, THE WITCH peut compter sur son casting de ‘vraies gueules’ assez exceptionnel, aussi bien le mystique Ralph Ineson (connu notamment pour son rôle dans la saison 2 de GAME OF THRONES, ainsi que son personnage dans HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT), que l’angoissante et diaphane Kate Dickie.
Mais la révélation du film, c’est la jeune Anya Taylor-Joy, actrice britannique d’origine argentine, 20 ans à peine, qui interprète ici Thomasin, la fille aînée de la famille. La comédienne porte une large partie du récit sur ses épaules, et donne beaucoup d’elle-même dans ce rôle complexe et violent. Ses silences et son regard nous glacent le sang à plus d’une reprise.
THE WITCH - Image 6 Anya Taylor Joy Film 2016 Universal Pictures - Go with the Blog

THE WITCH a de toutes évidences de nombreux mérites, notamment celui d’aller travailler la thématique de la sorcière au cinéma avec une approche très étudiée, stylisée, et surtout totalement à contre-pied de ce que l’on voit dans le cinéma de nos jours.

Si l’on reconnaît volontiers des qualités certaines au premier film de Robert Eggers, on ne peut pas nier pour autant son manque de cohérence. Le film part franchement trop vite dans tous les sens, et jette certains indices ou amorces de sujets dont il ne fait pas grand chose (par exemple : l’attirance sexuelle du jeune frère pour sa sœur ; la figure symbolique du lapin à plusieurs reprises dans le film qui ne trouve jamais de raison d’être ; etc …).

Davantage drame psychologique, religieux et ésotérique, que véritable film d’horreur, THE WITCH nous permet au moins de découvrir un réalisateur qui a bien l’intention de tracer sa propre voie, et rien que pour ça, on peut au moins se réjouir.

THE WITCH, sortie en France le 15 juin 2016.

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Article rédigé par Elle.

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