THE BABY, où comment le cinéma d’horreur s’accapare de la grossesse, mais en version Satan.
Le jeune couple que forme Sam et Zach, a tout pour être heureux : ils sont beaux, jeunes, amoureux, et viennent tout juste de se marier. Pour fêter cela, ils partent en lune de miel en République Dominicaine. Mais au cours de leur dernière soirée (un peu trop arrosée) sur l’île, ils vont sans le vouloir – et surtout sans s’en rendre compte -, être victimes d’une secte satanique.
De retour chez eux après cette lune de miel, Sam découvre qu’elle est enceinte, ce que n’avait pas vraiment prévu le couple. Ils préparent alors ensemble la future venue du bébé, mais cette grossesse inopinée devient de plus en plus compliquée à gérer pour Zach ; et surtout, le jeune marié est de plus en plus perturbé par le comportement étrange de Sam.
Les deux réalisateurs du film, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, ont décidé d’avoir recours ici à un procédé déjà présent dans leur précédent projet V/H/S, un film d’horreur collaboratif sorti en VOD en 2012 : le found footage, qui consiste à nous présenter le film que l’on voit comme issu d’images trouvées et filmées par un des protagonistes. Le principal attrait du found footage c’est de jouer sur la véracité de l’histoire racontée (même si elle est bien sûr une fiction), et de donner un point de vue totalement subjectif au récit.
Si l’idée de THE BABY de désacraliser la grossesse (et tout ce qui l’entoure) est intéressante et gentiment politiquement incorrecte, reste le délicat passage à l’acte. Et en cela, THE BABY déçoit énormément. Pour qu’un tel film fonctionne, il faut jouer sur les peurs, l’incertitude, montrer des signes prophétiques et annonciateurs d’évènements terribles, pour sentir l’imminence d’un drame, d’un choc. Or, l’ambiance de THE BABY est plus proche de l’ennui et du calme plat que de l’angoisse. Pourtant, le film n’est pas très long (1h30), mais on se surprend à trouver le temps long assez rapidement.
Ici, il se passe bien trop peu d’événements pour créer un contexte anxiogène : les quelques scènes censées nous donner des frissons, sont si insignifiantes qu’il n’y a pas de raison pour le spectateur de s’inquiéter ou d’être effrayé. On attend désespérément la montée d’une tension dans le récit, mais en vain.
De plus, la réalisation a la fâcheuse tendance à se prendre les pieds dans le tapis. D’abord parce qu’elle manque de finesse : dès qu’un élément menaçant semble arriver, la surprise est gâchée par une caméra qui souligne bien trop l’imminence de ce fait.
Quant à l’apport de la caméra subjective, il est finalement presque accessoire, mal exploité, et surtout ce vrai-faux found footage n’est plus une surprise en 2014, par conséquent THE BABY ne peut pas se reposer sur ce seul élément de mise en scène pour effrayer le spectateur, qui n’attend pourtant que cela !
Et quand vient enfin le climax du film, il est terriblement court et décevant, et on finit par se dire tout ça – et en fait pas grand chose – pour ça … L’accouchement et le dénouement dans la douleur de THE BABY manque cruellement d’intensité, d’horreur, et finalement se révèle être assez dénué de toute peur, et tout simplement d’intérêt.
THE BABY est donc une grosse déception, un film d’horreur qui ne surprend pas, manquant de tension et qui laisse le spectateur sur sa faim.
THE BABY, sortie en France le 07 mai 2014.
[youtube]http://youtu.be/1Ujqr6wM_5o[/youtube]
Page Facebook officielle pour THE BABY.
Article rédigé par Lui.